Abstract
Pour connaรฎtre et รฉvaluer la personnalitรฉ scientifique et l’รฉtendue des connaissances d’un savant donnรฉ, nous recourons ร ses oeuvres, dont l’รฉtude minutieuse nous les rรฉvรฉlera. Il en ira de mรชme s’il s’agit d’un artiste dont la valeur et le gรฉnie ne peuvent รชtre attestรฉs que par l’examen de l’oeuvre.
ย Les attributs et les caractรจres spรฉcifiques du Crรฉateur aussi ne se laissent apprรฉcier que par l’ordonnancement minutieux et impeccable des phรฉnomรจnes, et la subtilitรฉ de Son oeuvre. Le chercheur pourra le connaรฎtre suivant que sa capacitรฉ intellectuelle (le degrรฉ de sa comprรฉhension) est plus ou moins grande.
ย Si le but est la connaissance totale et pluridimensionnelle, il nous faut accepter d’emblรฉe que la capacitรฉ de connaissance de l’homme n’est pas au niveau requis pour une telle connaissance. Ses attributs ne se laissent pas apprรฉhender dans un cadre รฉtroit. Et toute analogie ou comparaison ร ce propos est erreur. Parce que tout ce qui fait l’objet de notre intรฉrรชt scientifique dans la nature est entiรจrement l’oeuvre de Dieu, le produit de Sa volontรฉ et de Son impรฉratif, alors que Son essence n’est pas une partie de la nature, et ne relรจve pas de la mรชme catรฉgorie que celle de Ses crรฉatures, pour qu’il soit possible aux hommes de connaรฎtre un tel รชtre par la voie de l’รฉtude et de l’analogie.
Il est un รชtre dont nous ne disposons d’aucun critรจre pour la connaissance de l’Essence, ni d’aucun moyen pour รฉvaluer et mesurer l’รฉtendue de la puissance, de la science et de l’omniprรฉsence.
L’homme n ‘est – il pas insignifiant en regard d’un tel รชtre?
Mais l’incapacitรฉ d’accรฉder ร une connaissance totale et sรปre ne signifie pas que nous devrions renoncer ร toute connaissance, mรชme relative, parce que c’est dans l’ordre rรฉgnant dans l’existence que se manifestent les attributs divins, et c’est par l’intermรฉdiaire de la beautรฉ naturelle que nous percevons le pouvoir de crรฉation de Dieu, tout comme Son Essence sans pareille se rรฉvรจle par la voie des phรฉnomรจnes et des aspects de l’existence.
L’observation de la volontรฉ, de la conscience, du savoir et de l’harmonie dans l’existence et dans les divers phรฉnomรจnes de la vie nous offre la possibilitรฉ de comprendre que tous les concepts prรฉcitรฉs et tous les รฉlรฉments qui tรฉmoignent de l’existence d’un but et d’une finalitรฉ, procรจdent nรฉcessairement de la volontรฉ d’un crรฉateur possรฉdant les attributs que la nature reflรจte.
ย Et c’est l’intelligence qui connaรฎtra enfin Dieu, c’est pour elle que Son existence sera rendue tangible. Car l’intelligence et la pensรฉe humaine sont un rayon de cette lumiรจre รฉternelle qui se reflรจte dans la matiรจre, et qui lui donne la facultรฉ de connaรฎtre et de suivre les รฉtapes conduisant ร la rรฉalitรฉ primordiale. C’est dans le contenu de ce don divin immense que se manifeste la connaissance de la Vรฉritรฉ.
ย Le problรจme de la connaissance de Dieu se pose en Islam en termes spรฉcifiques et nouveaux. Le Coran qui sert de rรฉfรฉrence ร la conception islamique procรจde par la mรฉthode du rejet, de la nรฉgation des fausses divinitรฉs pour affirmer avec force la conception unitariste.
ย Le rejet des fausses idรดles qui sont les formes du polythรฉisme et de l’obscurantisme est en effet le premier pas ร franchir pour la connaissance du dieu unique.
ยซย Prendront-ils des dieux en dehors de Lui?
-Dis: ยซย Apportez votre preuve! Ceci est un
Rappel pour ceux qui sont avec moi, un Rappel
aussi pour ceux d’avant moi.ย ยป Mais la plupart
d’entre eux ne savent pas la vรฉritรฉ, et restent indiffรฉrents.ย ยป
Coran, sourate 21, verset 24
ยซย Dis: ย ยป Allez-vous adorer, au lieu de Dieu,
quelqu’un qui n’est maรฎtre pour vous ni de mal
ni de bien?ย ยป Or c’est Dieu qui entend, qui sait.ย ยป
Coran, sourate 5, verset 76
ย Rompre avec le monothรฉisme, c’est perdre de vue ses rapports avec le monde et l’existence, et c’est devenir รฉtranger ร soi – mรชme; car on ne peut รชtre plus รฉtranger ร soi – mรชme que lorsqu’on a rompu avec sa nature primordiale. Cet รฉtat qui se crรฉe sous l’effet de facteurs internes et externes entraine la rupture avec Dieu, et la chute dans l’abรฎme de l’asservissement aux idoles, c’est – ร dire un retour ร la divinisation des phรฉnomรจnes naturels. Que l’on s’agenouille devant des idรดles en pierre, ou que l’on s’imagine que la matiรจre est le principe de toute chose, tous deux signifient recul et chute, et sont un obstacle ร l’รฉpanouissement de l’essence humaine.
ย En pareilles circonstances, le culte du Dieu unique est la seule voie de retour ร soi et aux valeurs humaines. Il permet ร l’homme non seulement de reprend re conscience de sa position dans l’univers, mais aussi de promouvoir son essence en conformitรฉ avec sa nature primordiale.
Toutes les prรฉdications et tous les mouvements religieux de l’histoire, ont commencรฉ par la proclamation de l’unicitรฉ de Dieu. Aucun concept n’a รฉtรฉ porteur de significations aussi lourdes et aussi รฉdificatrices et n’a eu une portรฉe aussi durable, et n’a รฉtรฉ un frem aussi tenace et ferme aux dรฉviations.
Le Coran indique ensuite en termes clairs, la voie de la connaissance de l’Essence Sacrรฉe. Il dit:
ยซย Est-ce eux, les crรฉรฉs de rien, ou eux, les crรฉateurs?
Ou ont-ils crรฉรฉ les cieux et la terre?
Non, mais ils ne veulent pas de la certitude.ย ยป
Coran, sourate 52, verset 35 et 36
ย Le Coran propose aux hommes de mรฉditer et d’analyser les deux hypothรจses, ร Savoir que l’homme est venu spontanรฉment ร l’existence sans cause premiรจre, ou que l’homme a pu se crรฉer lui – mรชme. Il leur propose de connaรฎtre avec certitude la source de l’existence, en rรฉflรฉchissant sur les signes de Dieu, et de rรฉaliser que l’on ne peut pas apprรฉcier l’univers de l’existence sans admettre que derriรจre lui il y a une intelligence ordonnatrice et organisatrice.
Dans d’autres versets, l’attention de l’homme est attirรฉe sur la faรงon dont il a รฉtรฉ crรฉรฉ et formรฉ progressivement. Puis le Coran considรจre cette crรฉation, avec tous ses aspects merveilleux, comme un signe, une manifestation de la volontรฉ et de la puissance infinie de Dieu qui pourvoit par sa bontรฉ aux besoins des รชtres. Il dit:
ยซย Et trรจs certainement, N ous avons crรฉรฉ l’homme
d’un choix d’argile, puis Nous l’avons consignรฉ,
goutte de sperme, dans un reposoir sรปr, puis
Nous avons fait du sperme un caillot, puis du
caillot Nous avons crรฉรฉ un morceau de chair.
puis Nous avons revรชtu de chair les os.
Ensuite, Nous en avons produit une toute autre
crรฉature. Bรฉni soit Dieu. donc, le meilleur des crรฉateurs!ย ยป
Coran, sourate 23, versets 12, 13, 14
Quand le foetus atteint un certain dรฉveloppement, les cellules se rรฉpartissent la tรขche de former les yeux, les oreilles, le cerveau et les autres organes du corps. Le Coran demande alors aux hommes si un tel miracle est compatible avec la thรจse de l’athรฉisme. Ou bien si un tel phรฉnomรจne ne confirme pas au contraire, la nรฉcessitรฉ de l’existence d’un esprit minutieux et infaillible, d’une volontรฉ savante et d’un plan prรฉconรงu? Est – il possible que ces cellules accomplissent leur tรขche avec prรฉcision sans รชtre dirigรฉes par la volontรฉ divine?
Puis il rรฉpond:
ยซย C’est Dieu, le crรฉateur, le producteur, le formateur.ย ยป
Coran, sourate 59, verset 24
Dans son cรฉlรฉbre ouvrage ยซย L’homme, cet inconnuย ยป, le Docteur Carrel รฉcrivait:
ย ยปEn somme, un organe se dรฉveloppe par les procรฉdรฉs attribuรฉs aux fรฉes dans les contes qu’on racontait jadis aux enfants. Il est produit par des cellules qui semblent connaรฎtre l’รฉdifice futur, et qui synthรฉtisent. aux dรฉpens du milieu intรฉrieur, le plan de construction. les matรฉriaux, et les ouvriers.ย ยป31
Le Coran appelle les hommes ร rรฉflรฉchir sรฉrieusement sur tous les phรฉnomรจnes perceptibles survenant autour d’eux. Il dit:
ยซย Et votre Dieu est Dieu unique. pas de Dieu,
que Lui, le Tout Misรฉricordieux, le trรจs Misรฉricordieux.
Oui, dans la crรฉation des cieux et de la terre,
et dans l’alternance de la nuit et du jour, et
dans le navire qui vogue en mer chargรฉ de
profits pour les gens, et dans l’eau que dieu
fait descendre du ciel, par quoi Il rend vie ร la
terre une fois morte et y rรฉpand des bรชtes de
toute espรจce, et dans la variation des vents, et
dans le nuage contraint de rester entre ciel et
terre, il y a des signes, certes, pour un peuple d’intelligents.ย ยป
Coran, sourate 2, versets 163 et 164
ยซย Dis: ย ยป Regardez ce qui est dans les cieux et la terre.ย ยป
Mais ni les signes ni les menaces ne suffisent ร un peuple qui ne croit pas.ย ยป
Coran, sourate 10, verset 101
Le Coran mentionne aussi l’histoire et le passรฉ des peuples comme une autre source de connaissance, et pour dรฉvoiler la vรฉritรฉ, il attire l’attention sur les victoires et les dรฉfaites, les grandeurs et les servitudes, les joies et les malheurs des diffรฉrentes nations; une fois familiarisรฉ avec les lois et les comptes inรฉvitables de l’histoire, il en tirera les leรงons pour lui et pour sa sociรฉtรฉ et essaiera de maรฎtriser les รฉvรจnements de son รฉpoque.
ยซย Avant vous, certe s, bien des choses รฉtablies ont passรฉ.
Or, parcourez la terre, et voyez ce qu’il est advenu de ceux qui criaient au mensonge.ย ยป
Coran, sourate 3, verset 137
ยซย Et que de citรฉs, qui prรฉvariquรจrent,
avons-Nous brisรฉes, aprรจs lesquelles Nous avons crรฉรฉ un autre peuple!ย ยป
Coran, sourate 21, verset 11
Le Coran prรฉsente aussi l’univers intime et intรฉrieur, qu’il appelle ยซย anfousย ยป (les รขmes) comme une source profitable pour le dรฉvoilement de la vรฉritรฉ. Il en souligne l’importance en ces termes:
ยซย Bientรดt Nous leur ferons voir Nos signes ร
tous les horizons, tout comme dans leurs
propres personnes, jusqu’ร ce qu’il leur
devienne รฉvident que, oui, c’est cela la vรฉritรฉ.ย ยป
Coran, sourate 41, verset 53
ยซย Il y a sur terre des signes pour ceux qui croient avec certitude.
En vous-mรชmes aussi. N’observez-vous donc pas?ย ยป
Coran, sourate 51, versets 20 et 21
ย Le Coran entend ce mรชme corps dont la forme et les organes sont adรฉquats, avec toutes ses activitรฉs (les actions et rรฉactions, les mรฉcanismes subtils et prรฉcis), et avec toutes les formes d’รฉnergies et d’instincts dont il est dotรฉ (les perceptions et les sentiments divers parfois animaux parfois purement humains), en particulier l’รฉnergie รฉtonnante de la pensรฉe et de la conscience dรฉposรฉe en lui. Et jusqu’ร ce jour, l’humanitรฉ a fait ร peine quelques pas dans la connaissance des forces spirituelles et invisibles et de leurs liens avec le corps matรฉriel. Il restera toujours une source intarissable pour la connaissance.
ย Le Coran proclame que la mรฉditation sur soi mรชme suffit pour รชtre guidรฉ vers la source infinie et illimitรฉe, vers la science et la puissance sans borne, dont une faible รฉtincelle se manifeste dans l’existence humaine, et pour savoir que c’est la Rรฉalitรฉ illimitรฉe qui a dรฉposรฉ en l’homme ces facultรฉs et ces vertus, et qui lui a insufflรฉ corps et esprit.
Avec toutes ces preuves vivantes, et ces arguments dรฉcisifs pour l’acceptation et la connaissance du crรฉateur qui lui ont รฉtรฉ administrรฉs, quelle excuse peut avoir l’homme pour nier son Dieu.
ย Le noble Coran dรฉcrit Dieu avec des attributs qu’il confirme et d’autres qu’il infirme et rejette comme รฉtant indignes de Lui; les attributs positifs de Dieu comme la science, la puissance, la volontรฉ, une existence non procรฉdรฉe par une non – existence, sans commencement, et le fait que l’univers n’existe et ne se meut que par Sa volontรฉ.
ยซย C’est un Dieu tel qu’il n’y a de Dieu que Lui,
Le connaisseur de l’invisible tout comme du visible.
C’est Lui le Trรจs Misรฉricordieux le Tout Misรฉricordieux.
C’est un Dieu tel qu’il n’y a de dieu que Lui, le souverain, le saint, le salut, le pacifique, le protecteur, le puissant, le tyran, l’orgueilleux. Puretรฉ ร Dieu des Associรฉs qu’ils donnent!ย ยป
Coran, sourate 59, versets 22 et 23
Les qualitรฉs nรฉgatives sont celles qui dรฉfinissent le crรฉateur par ce qu’Il n’est pas, comme par exemple Sa non – corporรฉitรฉ, le fait qu’Il ne se situe pas dans l’espace, qu’Il n’a pas d’associรฉ ni d’รฉgal, qu’Il est immatรฉriel, qu’Il n’est pas limitรฉ par les barriรจres des sens, qu’Il n’enfante pas et qu’Il n’a pas รฉtรฉ enfantรฉ, qu’Il n’est affectรฉ par aucun mouvement ni changement dans l’Essence, parce qu’Il est la perfection pure.
ยซย Dis: ยซย Lui, Dieu, est unique, Dieu, l’Absolu. Il n’a jamais enfantรฉ, n’a pas รฉtรฉ enfantรฉ non plus. Et nul n’est รฉgal ร Lui.ย ยป
Coran, sourate 112, versets 1 ร 4
ยซย Puretรฉ ร ton Seigneur, Seigneur de puissance, de ce qu’ils dรฉcrivent!ย ยป
Coran, sourate 37, verset 180
L’intelligence humaine, limitรฉe, est impuissante ร รฉmettre un jugement sur le rang sublime de l’Essence du Dieu absolu. Nous reconnaissons notre incapacitรฉ ร apprรฉhender l’existence de cet รชtre sans รฉgal, et sans modรจle dans notre perception et dans notre pensรฉe. Il est d’un rang et d’une sublimitรฉ dรฉfiant toutes les doctrines intellectuelles et toutes les mรฉthodes d’investigation humaine.
Une essence unique et intรฉgrale possรจde en elle -mรชme toutes les perfections sans exception, parce qu’aucune perfection ne peut se situer hors d’un รชtre qui est infini. Autrement, l’รชtre en question est un รชtre limitรฉ.
Comme les crรฉatures existantes procรจdent toutes d’un รชtre dont l’existence se confond avec l’essence, en ce sens que leur existence dรฉpend de cette Existence absolue et autonome, de mรชme toute qualitรฉ de perfection comme la vie, la puissance, le savoir, que l’on rencontre chez les crรฉatures procรจdent elles aussi d’une vie, d’une puissance, d’un savoir absolu et nรฉcessaire.