Abstract
CONTENU DE LA SOURATE :
Il est connu que cette sourate a été révélée à Makka, même si quelques commentateurs ont également affirmé qu’elle pourrait probablement être médinoise. Ces petits versets ainsi que son ton et son style attestent la première idée.
En tous cas, la complétude de cette Sourate est telle que selon certains commentateurs, tout le Savoir et les objectifs du Saint-Qour’an sont brièvement rassemblés dans cette seule Sourah. En d’autres mots, cette petite Sourate guide l’Homme vers un programme global et complet pour son bonheur.
Elle commence par un serment significatif au “Temps” pour se référer à la perdition existante dans la nature tout au long de l’écoulement de la vie des êtres humains à l’exception de ceux qui ont la foi, font de bonnes actions et qui s’enjoignent la vérité et encouragent à la patience. Ces quatre principes impliquent, en fait, la doctrine théologique, pratique, personnelle et sociale de l’Islam.
LES AVANTAGES À ÉTUDIER LA SOURATE AL ASR :
Imam Sadiq A.S. a dit : « Celui qui récite (la Sourate) Asr dans ses prières facultatives , Allah swt le fera lever avec un visage brillant et éclatant, des traits joyeux et des yeux enchantés (regardant vers les bénédictions d’Allah) jusqu’à ce qu’il entre au Paradis le Jour du Jugement. » (Majma’-al-Bayan, vol. 10, p. 545)
Il est évident que cet honneur et ces jouissances sont pour ceux qui pratiquent ces quatre principes dans leur vie et non pas ceux qui se contentent de réciter cette Sourate.
TEXTE ARABE ET TRADUCTION EN FRANÇAIS :
بسم الله الرحمن الرحيم
وَالْعَصْرِ (1) إِنَّ الْإِنسَانَ لَفِي خُسْرٍ (2) إِلَّا الَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ وَتَوَاصَوْا بِالْحَقِّ وَتَوَاصَوْا بِالصَّبْرِ (3)
1. Par le Temps !
2. L’homme est certes, en perdition,
3. sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, s’enjoignent mutuellement la vérité et s’enjoignent mutuellement l’endurance.
COMMENTAIRE :
Au début de cette Sourate, nous découvrons un nouveau serment :
1. Par le temps!
Tariq Ramadan nous explique qu’Allah SWT veut réveiller notre conscience, qu’Il veut orienter notre attention vers des éléments de la nature qui sont présents (le soleil – va shams ; la lune – val qamar ; les montagnes ; le désert) mais que nous observons sans observer, que nous voyons sans voir, que nous regardons sans considérer ni apprécier. En effet, en oubliant ces choses, nous oublions leur Créateur . Nous sommes entourés d’une sœur, d’un frère, d’une maman, d’un papa mais ils font partie de notre quotidien (à force de les voir tous les jours, nous ne les voyons plus) et il faut parfois des événements tragiques (accident, disparition) pour que nous nous réveillions, pour que nous nous rendions compte combien ils étaient importants, nous nous apercevons que nous ne voyions pas celui qui était présent le jour où il n’est plus là.
Le terme « Asr » signifie littéralement « presser, serrer » et, ensuite, il a été employé, dans le sens figuré, pour « soirée » voulant dire « les affaires du jour sont enroulées et débouchent sur la soirée ». Après cela, le mot a été utilisé dans le sens de temps absolu, en général ; le cours de l’Histoire des Hommes ou une partie de cette Histoire, comme l’apparition de l’Islam et l’appel du Saint-Prophète SAW par exemple. C’est pour cela que les commentateurs ont fourni différents sens possibles.
1. Certains pensent qu’il s’agit ici du temps de la “soirée” étant donné que d’autres versets du Saint-Coran jurent sur le début du jour comme dans la Sourate Douha, n° 93, verset 1 : « Par le jour montant ! » ou dans la Sourate Mouddaththir, n° 74, verset 34 : « Et par l’aurore quand elle se découvre ! »
Ce serment s’explique par l’importance de ce moment de la journée dans la mesure où il s’agit du moment auquel la régularité dans la vie de l’Homme varie ; les activités journalières prennent fin, les gens rentrent chez eux, les oiseaux et le bétail retournent dans leurs abris, le soleil se couche à l’horizon et la nuit tombe progressivement. Cette variation attire l’attention de l’Homme vers le Pouvoir sans fin d’Allah swt dominant sur cette régularité. C’est, en effet, un signe parmi les signes de l’Unité Divine qui mérite qu’un serment en soit prêté.
2. D’autres pensent qu’il s’agit du “Temps” à travers les âges de l’histoire de l’Homme qui est emplie de leçons et d’enseignements des événements saisissants ayant eu lieu. Pour la même raison, il a tellement de dignité qu’il justifie le Serment Divin.
3. Quelques-uns ont insisté sur une période définie telle que l’époque du St-Prophète SAW (asr-e-Rissalah) ou le Soulèvement du 12ème Imam, le Mahdi, qui a des particularités spécifiques et une gloire définie dans l’histoire de l’Homme, à laquelle le serment ferait référence, selon eux (Nour-outh-Thaqalayn, vol. 5, p. 666, tradition 5). Agha Mahdi Pouya explique que le Prophète Mouhammad SAW a mis fin à l’âge lugubre de l’ignorance et a ouvert une nouvelle ère éclairée par la guidance divine.
4. Des commentateurs se sont également référés au sens originel du terme et disent que le serment fait allusion aux différentes sortes d’efforts et de difficultés qui se produisent dans la vie des gens qui les réveillent de leur sommeil négligeant, leur rappelle Allah et développe en eux l’esprit de patience et de persévérance.
5. D’autres commentateurs l’ont pris dans le sens d’ »élus » qui sont les meilleurs parmi le monde de la création.
6. Et enfin, des commentateurs considèrent que “Asr” désigne la prière cérémonielle de l’après-midi en raison de son importance spéciale parmi les prières obligatoires parce qu’ils interprètent « salat-i-wousta » sur lequel le Saint-Qouran insiste particulièrement comme la prière de l’après-midi.
Les idées mentionnées ci-dessus ne sont pas contradictoires les unes des autres et sont toutes des interprétations possibles. Il est vrai que toutes ces choses sont tellement importantes qu’un serment peut porter sur chacune d’elles. Cependant, parmi toutes ces choses, la meilleure signification que l’on pourrait donner à « Asr » est « le Temps » et l’histoire de l’Homme car, comme il a été répété avant, les serments du Saint-Qouran sont en relation avec le sujet pour lequel le serment est fait, et il est certain que la perdition que les êtres humains encourent dans leurs vies est la conséquence du passage du temps de la vie ou le passage de l’Âge de l’Appel du St-Prophète SAW parce que l’ordre des « quatre principes » mentionnés dans la dernière partie de la Sourate était révélée à cette époque-là.
En référence aux explications ci-dessus, nous nous rendons compte de la grandeur du Qouran et de l’étendue de sa signification en voyant qu’un seul de ses mots est si expressif et mérite des interprétations diverses et profondes.
Le verset suivant décrit l’objet de ce grand serment. Il dit :
2. L’Homme est certes en perdition
Tariq Ramadan précise qu’il s’agit ici de l’Humanité en général. Ce verset insiste sur la certitude de l’information. La traduction en français « certes » est faible par rapport à l’arabe. L’Homme qui va à sa perte est celui qui se laisse aller à ses instincts. Ramadan explique qu’il y a des choses à l’intérieur de nous qui sont tellement naturelles que si nous les laissions aller à leur nature, ils feraient de nous des êtres d’une indignité totale. Il parle de quatre de nos instincts naturels et de ce qui advient si ces instincts sont poussés à l’extrême. En premier lieu, l’Homme a en général une relation avec lui-même qui est positive. Il est naturel que nous nous aimions bien. Si quelqu’un se déteste, vous pouvez en déduire qu’il a un problème pathétique. Cet instinct naturel peut se transformer en maladie quand l’Homme devient egocentrique, quand il se considère être le centre du monde, quand il devient égoïste. Deuxièmement, il est normal que nous soyons attachés à ce que nous possédons. Nous voyons bien cet instinct chez l’enfant qui n’arrête pas de préciser : « Ce jouet est à moi ». Il n’y a rien d’anormal là-dedans. Par contre, quand l’enfant s’accapare l’objet de l’autre et déclare que les jouets de son camarade lui appartiennent, il y a quelque chose qui ne va pas. Le danger ici est l’avidité : plus on en a et plus on en veut. En outre, il est normal que l’Homme ait envie de paraître important. Selon le philosophe John Dewey, le mobile le plus puissant de la nature humaine, c’est le « désir d’être important ». Dale Carnegie insiste sur cet aspect dans son livre renommé Comment se faire des amis. Il explique que si nous voulons avoir de bons rapports avec les autres, nous devons apprendre à les considérer comme des personnes importantes et à les complimenter . La perdition apparaît quand ce désir d’être important devient maladif c’est-à-dire quand l’Homme se met en scène comme dans une pièce de théâtre. Enfin, un autre instinct naturel est le désir du pouvoir. L’Homme aime commander, cela fait partie de sa nature. Il souhaite être libre de gérer ses affaires, avoir un pouvoir sur lui-même. Quand ce désir du pouvoir devient sa seule préoccupation, il devient tellement autoritaire et désireux de commander tout à tout prix qu’il devient tel une bête et qu’il devient cruel. Il y a en nous des tentations telles que si nous nous y laissons aller, nous allons à notre perte. Parfois les sentiments intérieurs que nous avons sont tellement mauvais et violents qu’ils nous amèneraient à la méchanceté et à la bestialité.
Les Hommes perdront fatalement le capital de leur existence. Les heures, les jours, les mois et les années de la vie passent rapidement, les potentialités spirituelles et matérielles diminuent et les capacités baissent.
En effet, l’Homme est comme une personne qui possède un grand capital et, chaque jour, une partie de ce capital lui est retiré (sans sa permission, ni sa volonté).
Les termes “khousr” ainsi que “khousran” comme Raqib le précise dans son œuvre, Moufradat, signifie « baisser le capital ». Parfois cela concerne les humains et on dit que telle ou telle personne a enduré la perte et quelque fois c’est à propos d’une action en elle-même et on dit que l’affaire d’une personne a révélé une perte .
Ce mot est souvent utilisé pour le capital apparent comme la richesse et le rang mais il est également parfois employé pour le capital personnel tel que la santé, la sagesse, la foi et le prix .
C’est la même chose qu’Allah SWT mentionne comme « la Perte évidente » dans la Sourate Zoumar, n° 39, verset 15 (« Certes, les perdants sont ceux qui, au Jour de la Résurrection, auront causé la perte de leurs propres âmes et celles de leurs familles. C’est bien cela la perte (réelle et) évidente ! »
En guise de commentaire sur ce verset, Fakhr-i-Razi cite :
L’un des anciens érudits raconta qu’il avait appris la signification de ce verset par un vendeur de glaces qui criait sans cesse : « Ayez pitié de celui dont le capital est en train de fondre ». Il se dit au fond de lui que c’était là le sens de « Certes, l’Homme est en perdition ». Le temps passe et la vie d’une personne prend fin mais il n’obtient aucune récompense. Il est alors en perte dans ce cas-là (Tafssir-i-Fakhr-i-Razi, vol. 32, p. 85).
Toutefois, selon l’approche islamique globale, ce monde est un marché de négociations, comme le souligne un hadith d’Imam Ali-ibn-Mohammad Naqi (notre 10ème Imam) : « Ce monde est un marché dans lequel certaines personnes gagnent et d’autres perdent. » (Touhaf-ouI-‘Ouqoul, p. 361) Vous vous souvenez de la ruée vers l’or en Californie en 1848 qui avait attiré énormément de nouveaux immigrants aux Etats-Unis. Certaines personnes étaient parties de rien et étaient devenues milliardaires en très peu de temps. En voyant le succès de ces personnes, les gens de différents pays se sont installés en Californie pour tenter eux aussi leur chance. C’était le rêve américain ou l’Eldorado. Mais, seuls quelques-uns ont gagné !
Le verset que nous sommes en train d’analyser annonce que tout le monde perd dans ce marché sauf ceux dont on parle dans le verset suivant. En effet, il n’y a qu’une manière d’éviter cette grande perte…ce qui est l’objet du verset 3.
Selon Agha Mahdi Pouya, ceux qui ne croient pas en un Dieu Unique, en Son Prophète Mouhammad et aux Ahloul Bayt, sont les perdants.
3. sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, s’enjoignent mutuellement la vérité et s’enjoignent mutuellement l’endurance.
En d’autres mots, la chose qui peut transformer cette grande perte en un profit, en un superbe bénéfice est qu’au lieu de perdre ce capital, nous essayons d’obtenir un meilleur capital ayant plus de valeur afin de pouvoir non seulement remplir cette pièce vide mais aussi de gagner quelque chose qui soit des milliers de fois meilleurs et de plus grande valeur.
Imaginons que j’ai une boutique dans laquelle je vends des cassettes audio de majaliss, de marassias, de douas etc. Mon commerce est en cours de perdition car les cassettes audio n’existent presque plus. En effet, toutes les nouvelles voitures sont équipées de cds et les nouvelles chaines hi-fi fonctionnent aussi avec des cds. Je me rends donc compte que mon commerce ne marchera plus car les cassettes audio ne sont plus d’actualité. Pour compenser cette perte fatale à laquelle je ne peux pas échapper, je peux trouver des solutions pour éviter que je perde beaucoup d’argent. Par exemple, je peux rechercher des endroits dans le monde (en Inde, au Pakistan ou en Afrique) où les cassettes audio que j’ai en stock pourraient être vendues, ne serait-ce qu’à mon prix de revient. Je peux aussi compenser la perte fatale en essayant de développer mon commerce en recherchant des cds de toutes sortes qui pourraient être vendus. Finalement, grâce à mes stratégies, l’argent que je perdrai sera minime par rapport aux bénéfices que j’obtiendrai grâce aux nouvelles idées que je vais mettre en pratique.
Chacune de nos inspirations est un pas vers la mort, comme le dit Hazrat Ali A.S. : « Les inspirations de l’Homme sont ses pas (qui le conduisent) vers la mort » (Nahj-ouI-Balagha, hadith 74).
L’Homme ne peut pas échapper au passage du temps ; aussi, il doit chercher la proximité d’Allah SWT et Son plaisir.
En effet, comme l’a dit Imam Ali A.S., « Certes, il n’y a aucun salut pour vous excepté le Paradis. Faites attention à ne pas le vendre ; économisez pour lui. » (Nahj-ouI-Balagha, hadith 456).
C’est pour cela qu’un des noms de l’au-delà est « yaum-at-tagaboun », « un jour de perte commune » (comme mentionné dans la Sourate Tagaboun, n° 64, verset 9), un jour où l’on saura clairement qui a perdu.
D’un côté, l’acheteur du capital des âmes des fidèles est Allah SWT. De l’autre, Il achète également le petit matériel comme précisé dans la Sourate Zilzal, n° 99, verset 7 : « Quiconque fait un bien fût-ce du poids d’un atome, le verra ».
En outre, Il paie beaucoup pour peu ; parfois dix fois plus et quelques fois plus de sept cent fois plus, ou encore davantage. Par exemple, dans la Sourate Baqarah, n° 2, verset 261, il est dit : « Ceux qui dépensent leur biens dans le sentier de Dieu ressemblent à un grain d’où naissent sept épis, à cent grains l’épi. Car Dieu multiplie la récompense à qui Il veut… »
Nous ayant donné tous les capitaux, Il est Lui-Même si Bienveillant qu’Il les rachète à un prix élevé.
Imaginons que j’ai une boulangerie dans laquelle je vends mes baguettes à 1 euro chacune. Chaque client vient, achète une baguette et paie un euro. Tout à coup, un client arrive, achète 10 baguettes et paie 100 € au lieu de 10 ! J’aimerais bien avoir un client comme celui-ci chaque jour ! Un client qui paie plus que la valeur ! Et bien, Allah SWT est un acheteur comme ça ! Il paie plus que la valeur réelle de la marchandise !
Tariq Ramadan nous explique qu’on nous demande de nous encourager car c’est difficile. Nous n’obtiendrons notre humanité qu’au prix d’un effort. Ça va être difficile : nous devons nous entraider, nous devons faire preuve de fraternité et de solidarité.
EXPLICATION :
1 – Le Salut à travers quatre principes :
Il est intéressant de souligner que le Saint-Qouran offre un programme complet avec quatre principes qui peuvent nous libérer de cette grande perdition.
Le premier principe est la Foi qui constitue la base de toutes les activités de l’Homme car tous les mouvements pratiques qu’il a proviennent de ses doctrines théologiques, contrairement à l’espèce animale dont les mouvements dépendent de leurs instincts.
En d’autres mots, les actions de l’Homme reflètent ses croyances et ses pensées. Pour la même raison, tous les Prophètes s’efforçaient à améliorer la base de la Foi de leur peuple avant tout et œuvraient spécialement contre le blasphème qui est la source de nombreuses sortes de corruptions et de souffrances.
Il est intéressant de noter que la Foi est, ici, mentionnée sous une forme abstraite afin d’inclure la Foi dans toutes les choses sacrées tel que la croyance en Allah et en Ses Attributs, la croyance en l’Au-delà et au Jour du Jugement, la récompense et la punition, les Livres Divins et les Prophètes.
Dans le second principe, il est fait référence au noble produit de l’arbre fructueux de la Foi, les bonnes actions.
Comme la signification de « bonnes actions » est vaste et expressive ! En effet, les « bonnes actions » ne comprennent pas seulement les « actions nobles », les adorations, la charité au nom d’Allah, la guerre sainte sur la voie d’Allah et le fait d’acquérir le Savoir Religieux mais elles incluent aussi chaque action digne d’estime qui peut mener à la perfection de l’âme, l’amélioration morale, la proximité d’Allah SWT et la progression de la société humaine dans tous les domaines.
Cette signification recouvre toutes les bonnes actions, même les plus minimes telles que retirer une roche encombrante de la voie afin de sauver des millions et des millions d’hommes de l’aberration, de la perdition et de la déviation.
Selon Imam Sadiq (A.S.), les “bonnes actions” correspondent à « l’équivalence et l’aide généreuse aux frères ».
Parfois, certaines “bonnes œuvres” sont accomplies par des personnes mécréantes mais ce comportement n’est pas nécessairement si intense et démesuré car il n’est pas basé profondément sur des motifs divins ; aussi, ces actions sont vaines.
Le Saint-Qouran a employé le mot “salihat” particulièrement à la forme plurielle et spécialement avec « al » (??) au début dans le sens de “généralité” et indique le fait que l’arme pour lutter contre cette perte automatique et naturelle est, en plus de la Foi, l’accomplissement des bonnes actions et que juste une ou quelques-unes ne suffit pas. Et, certainement, si la Foi s’installe dans l’âme d’une personne, cet effet-là se produira en lui.
La Foi n’est pas une simple pensée libre ou croyance de l’esprit ; elle change toute l’entité de l’Homme dans son essence.
La Foi est comme une lampe à l’intérieur d’une pièce qui ne fournit pas seulement de la luminosité à la chambre mais les faisceaux pénètrent à travers toutes les fenêtres et les espaces qui donnent sur l’extérieur de sorte que tous ceux qui passent par là, se rendent compte, de l’extérieur, de l’existence de cette lumière étincelante à l’intérieur de la pièce.
De la même façon, quand une personne possède la lumière de la Foi qui éclaire son âme, sa langue, ses yeux, ses oreilles, ses mains et ses pieds reflètent cette luminosité aux autres et les mouvements de chaque membre montrent de l’extérieur qu’il y a de la lumière à l’intérieur.
C’est pour cela que dans les versets du Saint-Qouran les mots « bonne action » et « Foi » apparaissent souvent ensemble comme interdépendants comme par exemple dans la Sourate Nahl, n° 16, verset 97 : « Quiconque, homme ou femme, fait une bonne œuvre tout en étant croyant, Nous lui ferons vivre une bonne vie… » Et aussi, dans la Sourate Mo’minoune, n° 23, versets 99 et 100, on nous explique que ceux qui accomplissent de mauvaises actions regretteront, après avoir quitté ce monde, de n’avoir pas fait de bonnes œuvres ; aussi, ils insistent en disant : « Puis, lorsque la mort vient à l’un deux, il dit : « Mon Seigneur ! Fais-moi revenir (sur terre), afin que je fasse du bien dans ce que je délaissais. » » De même, dans le verset 51 de la même Sourate, Allah annonce à Ses messagers : « Ô Messagers ! Mangez de ce qui est permis et agréable et faites du bien… »
La « Foi » et les « bonnes œuvres » ne peuvent pas durer dans une société sans une invitation au Bien et à la Vérité (et une reconnaissance de ces concepts) d’une part et une invitation à la patience et à la persévérance d’autre part.
Le troisième principe, l’invitation générale à la “Vérité” est mentionnée afin que tous les membres du genre humain reconnaissent pleinement le Bien du Mal et s’en rappellent tout au long de leurs vies.
Le terme “tawasau” est tiré de “tawasi” et, comme le dit Raqib dans Moufradat, il veut dire « enjoindre ou conseiller les uns aux autres ».
Le terme “haqq” signifie “Vérité” ou « adhérer à la Vérité”. Il existe douze significations pour ce mot employées ou appliquées dans le Saint-Qouran, comme mentionnées dans « Woujouh-i-Qouran » tels que : Allah, Qouran, Islam, Croyance en Dieu , Justice, Sincérité, Clarté, Obligation etc.
En toutes circonstances, l’expression “tawasau-bil-haqq” a une signification tellement vaste qu’elle inclut à la fois « s’enjoindre mutuellement le Bien et s’interdire le Mal » et « guider en enseignant à l’ignorant » ou alors « réprimander vivement le négligent » et « encourager et prêcher la Foi ainsi que les bonnes œuvres ».
Ce n’est pas la peine d’examiner en détail ceux qui invitent les autres à la Vérité, car il est entendu qu’ils doivent l’appliquer eux-mêmes dans leurs propres vies.
Le quatrième principe est basé sur la patience, la persévérance et le fait d’encourager les autres à ceux-ci. Au cours de sa vie, chacun fait face à quelques difficultés qui nécessitent de la patience et de la persévérance.
Le mot “patience” ici a un sens très large qui inclut aussi bien la patience de l’obéissance, la patience envers les désirs de commettre un péché et la patience en cas de difficultés et d’événements tragiques comme la perte de membres chers, de la force, de la santé etc.
Par rapport à ce qui a été dit ici concernant les quatre principes qui mènent au salut qui sont en réalité les qualités les plus importantes que les Hommes doivent essayer d’adopter dans leurs vies, nous comprenons pourquoi certains récits précisent que les partisans et compagnons du Saint-Prophète SAW récitaient la Sourate Asr quand ils se retrouvaient ou avant de se séparer : ils se rappelaient mutuellement le contenu magnifique de cette petite Sourate.
Certes, si les croyants musulmans d’aujourd’hui mettent en œuvre ces quatre principes dans leurs vies personnelles et sociales, leurs problèmes et difficultés seront résolus, leur déficience sera modifiée, leurs défaites se transformeront en victoires et le vice de leur cruauté disparaîtra .
2 – La dimension du temps :
Nous vivons dans le temps ; nous vivons avec le temps quotidiennement ; nous le vivons ; nous y sommes inscrits ; nous le gérons.
Le temps, quand nous prenons conscience de sa réalité, est un éducateur. En effet, quand nous prenons conscience du temps, nous prenons conscience du fait qu’il s’arrêtera un jour, nous prenons conscience de la mort. Le premier enseignement que nous en tirons est que nous sommes fragiles. Le temps est la seule chose que nous possédons mais que nous ne pouvons pas contrôler, que nous ne pouvons pas retenir. Si nous avons un parent, un ami, un frère, une sœur, nous pouvons les empêcher de partir quelque part, nous pouvons les retenir mais nous ne pouvons pas retenir le temps. Jamais deux fois nous ne vivons la même seconde, la même minute, la même heure. Donc, le deuxième enseignement que nous en tirons est notre impuissance phénoménale, une impuissance qui nous dépasse. Nous nous rendons compte que nous vieillissons, que le temps passe. Notre relation au temps traduit notre relation à son créateur. « Jamais vous ne rencontrerez un être proche de Dieu qui néglige le temps » nous dit Tariq Ramadan. Le troisième enseignement important que nous tirons est le devoir d’exigence, l’éloignement de la négligence, la discipline avec le temps. Cette discipline, cette ponctualité se reflète dans les prières quotidiennes que nous devons accomplir aux heures prescrites. Nous sommes déterminés par ce temps. Nous sommes les seuls, dans une société qui oublie Dieu, de savoir à quelle heure le soleil se lève car nous nous levons avant lui. Le namaz nous enseigne comment être rigoureux vis-à-vis du temps.
Si vous voulez savoir ce qu’est la ponctualité, étudiez la biographie d’Imam Khomeini. Il respectait l’heure à la minute près. Quand il donnait rendez-vous à 11h, il était là à 11h pile, jamais à 11h01 ou 11h02. Farida Moustafavi, la fille d’Imam Khomeini raconte à quel point son père donnait de l’importance aux prières effectuées aux heures prescrites . Il disait toujours de laisser toutes les choses de côté quand c’était l’heure du namaz. Dr Eeraj Fadhil explique que quand Imam Khomeini était hospitalisé et qu’on lui avait mis des tubes de respiration dans la trachée-artère, un tube tel qu’il empêche de parler, Imam accomplit ses prières avec autant de rigueur que d’habitude .
Pour conclure, parlons d’Internet. Nous expérimentons toutes et tous les avantages de l’internet. Le Savoir est dans nos maisons, les encyclopédies, les dictionnaires, un grand nombre de livres sont à notre disposition en ligne. Le tabligh avance beaucoup grâce aux nouvelles technologies. Les frontières n’existent plus, nous communiquons plus facilement malgré les distances qui nous séparent. L’Internet fait de nouveaux convertis à l’Islam chaque jour. Toutefois, il est également devenu une véritable drogue pour nous. Il bouscule parfois notre programme. Par exemple, je décide de faire mes exercices de Mathématiques de 10h à 11h et de me consacrer à ma dissertation de Français de 11h à 12h. Quand je m’installe devant mon ordinateur et que je me mets à travailler mes Mathématiques, je me rends compte que mon amie me cherche pour me demander une question sur le cours. Je lui réponds, puis la conversation passe d’un sujet à l’autre, les minutes passent, les heures aussi…Mon devoir de Maths n’est toujours pas fait, ma dissertation attend toujours…Il est déjà 12h…Comme nous l’avons dit dans le tafssir de la Sourate Houmazah, nous ne devons pas être esclave d’Internet mais nous devons agir en Maître.
SUPPLICATION (DOUA) :
Ô Seigneur ! Accorde-nous la patience et la persévérance nécessaires à l’acceptation et à l’adhésion à la Vérité !
Ô Allah ! Nous sommes tous en perdition et il nous est impossible d’y remédier sans Ta Grâce .
Ô Seigneur ! Nous désirons suivre les quatre principes mentionnés dans cette Sourate ; aide-nous à réussir à le faire !
Adapté et traduit de l’anglais par une Kaniz-e-Fatéma
Sources : Tafssir-e-Isfahani (Imam Ali Islamic Research Center), Tafssir de Agha Mahdi Pouya (al-islam.org), Tafssir de Tariq Ramadan (youtube)