Abstract
Le système moral islamique traite les réactions aux actions de l’homme en liaison avec certaines questions qui pourraient l’émouvoir et exciter sa colère. Il peut s’agir d’une parole dure, d’une attitude opposée ou d’un état psychologique incompatible avec ses sentiments et ses dispositions intérieures. Et tout cela peut intervenir à l’intérieur de la maison familiale, lorsque, l’époux, l’épouse ou les enfants laissent échapper des paroles dures, ou dans la société comme lorsqu’on se trouve aux prises avec une situation négative qui irrite l’homme et l’incite à se décharger en insultant, en injuriant, en répudiant sa femme ou en l’accusant de trahison. La poussée de colère peut être plus grande en incitant l’homme à tuer lorsqu’il perd tout contrôle, surtout lorsqu’il est armé et lorsqu’il utilise son arme pour se défouler.
Il s’agit là d’un phénomène qu’on retrouve chez beaucoup de personnes parmi celles qui se laissent guider par l’émotion et qui rompent avec la rationalité en se mettant en colère dès qu’on les irrite ou les provoque. Ils peuvent même considérer la colère consécutive à la provocation comme une qualité morale. Ils peuvent faire leur l’adage qui dit : « Celui dont on provoque la colère sans qu’il se mettent en colère est un âne ». Et c’est ainsi qu’ils se laissent prendre par la colère et se déchargent en insultant, en frappant ou même en tuant.
Ce phénomène peut arriver à détruire la maison et la famille, lorsque le mari ou la femme sont du genre qui s’irrite facilement. La colère peut conduire à la guerre dans certaines sociétés comme lorsque, dans la société tribale ou clanique, une guerre éclate rien que parce qu’un individu de ce clan adresse des paroles portant atteinte à un individu appartenant à un autre clan, ou au chef de ce clan.
Cela est présent aussi dans notre réalité contemporaine. On le constate dans les relations internationales lorsque ces relations se détériorent entre un Etat et un autre Etat, rien que parce qu’un responsable de celui-ci a adressé un mot peu conforme à un responsable de l’autre. Les deux parties peuvent ainsi en arriver à la rupture des relations sur le plan politique, économique et sécuritaire, bien que les questions personnelles ne devraient point avoir des échos au niveau des relations entre les peuples.
La patience pour contrer la colère
A ceux qui lui demandaient conseil, le Prophète (P) leur demandait de ne pas s’irriter. Le Noble Coran a loué le fait de maîtriser sa colère et l’a considéré comme une qualité de ceux qui font le bien en disant : ((Pour ceux qui maîtrisent leur colère ; pour ceux qui pardonnent aux hommes, Dieu aime ceux qui font le bien)) (Coran III, 134). Cela veut dire que l’homme qui maîtrise sa colère et qui s’en remet à la longanimité et à la patience au lieu de se mettre en colère est considéré par Dieu comme quelqu’un de pieux qui mérite l’entrée au Paradis. Mais il y a des gens qui tiennent à faire éclater leur colère au prix même de tuer, de détruire et de ruiner.
La patience est l’un des piliers du système moral en Islam. Dieu, le Très-Haut, a dit : ((Mais ce n’est qu’aux patients que sera soldée leur rétribution au-delà de tout compte)) (Coran XXXIX, 10). Cela veut dire que l’immense miséricorde de Dieu, Sa satisfaction, Son pardon et Son amour sont destinés à ceux qui se patientent. Le Coran l’affirme en disant : ((Sur ceux-là (veillent) les prières de leur Seigneur et Sa miséricorde ; ce sont eux qui bien se guident)) (Coran II, 155-157).
Nous devons donc, chers frères, nous attacher à la morale de l’Islam et ce en n’accourant pas à faire éclater notre colère, mais plutôt en la maîtrisant. Nous devons nous pencher à étudier nos réactions avec raison, surtout que certains, et certains services de renseignement peuvent t’inciter à t’irriter afin que tu t’emportes et te conduises comme ils le veulent, c’est-à-dire avec irritation. En revanche tu dois toujours te rappeler du fait que Dieu, à Lui la Grandeur et la Gloire, t’a doté de la raison et t’a demandé de la consulter avant chaque action, car la valeur de la vie est, pour l’homme, d’utiliser sa raison, de maîtriser ses sentiments et de maintenir son équilibre et sa droiture.
Pour le faire, nous devons avoir recours aux enseignements du Prophète (P) et des Gens de la Maison (p) pour savoir comment nous débarrasser de la colère.
Le péché qu’est la colère
L’Imâm as-Sâdiq (p) a dit : « J’ai entendu mon père dire : ‘un bédouin est venu voir le Messager de Dieu (P) et lui a dit : ‘J’habite dans le désert ; apprend-moi donc les paroles qui réunissent tout le bien’. Le Messager de Dieu lui a répondu : ‘je t’ordonne de ne pas te mettre en colère’. L’homme a répété sa question par trois fois et, se rendant compte du fait que la réponse lui ait été déjà donnée, il a fini par dire : ‘Par Dieu, je ne poserai plus de questions car le Messager de Dieu m’a ordonné tout le bien’ ».
L’Imâm as-Sâdiq (p) disait : « Mon père disait : ‘Rien n’est plus grave que la colère ; il arrive à l’homme de se mettre en colère et alors il tue l’âme que Dieu a interdit de tuer, et il traite mensongèrement la femme chaste de dégradation’ ».
L’Imâm al-Bâqir (p) a dit : « Il est écrit dans la Torah parmi les confidences faites par Dieu, à Lui la Grandeur et la Gloire, à Moïse : ‘O Moïse ! Ne t’emporte pas contre ceux que J’ai placés sous ton pouvoir, et alors Je ne m’emporterai pas contre toi ».
L’Imâm as-Sâdiq (p) a dit : « Dieu a révélé à l’un de Ses prophètes : ‘O fils d’Adam ! Pense à Moi lorsque tu t’emportes et Je penserai à toi lorsque Je m’emporte. Alors je ne t’écraserai pas avec ceux que J’écraserai. Accepte que Je sois Celui qui t’assiste à triompher car l’assistance que Je te fournis te vaut mieux que l’assistance que tu fournis à toi-même ».
L’Imâm as-Sâdiq (p) a dit : « Un homme a dit au Prophète (P) : ‘O Messager de Dieu, instruis-moi’. Il lui a répondu : ‘Va et ne t’emporte pas’. L’homme a dit : ‘Cela m’est suffisant’. Rentrant chez lui, il a trouvé sa tribu et une autre tribu sur le point de se battre. Ils s’étaient mis en rangs et avaient préparé leurs armes. Il a donc pris ses armes et rejoint les siens, mais il s’est rappelé soudain des paroles du Messager de Dieu (P). Alors il a jeté ses armes et s’est adressé aux ennemis de sa tribu en disant : ‘Je suis prêt à vous payer de mes propres biens le prix de tout ce dont vous étiez victimes en matière de blessures, de morts et de coups n’ayant pas eu de traces’. Ils lui ont répondu : ‘Nous vous cédons tout cela car nous sommes plus dignes de le faire que vous’. Alors les deux tribus ont fait la paix et la colère a disparu ». Il en était ainsi car, reprenant ses esprits, cet homme a pensé à la guerre et ses conséquences, il a arbitré sa raison et a trouvé que le problème doit être résolue pacifiquement.
Les suites de la colère
L’Imâm al-Bâqir (p) a dit : « La colère anéantit le cœur du sage ». Il a dit aussi : « Celui qui ne dompte pas sa colère ne maîtrise pas sa raison ». La raison est que celui qui s’irrite se laisse dominer par un état instinctif et émotionnel qui éclipse sa raison et met sa pensée en déséquilibre, ce qui l’expose à des suites douloureuses.
L’Imâm al-Bâqir (p) a dit : « Celui qui épargne les gens de sa colère sera épargné de la colère de Dieu au Jour du Jugement ».
Voyant quelques-uns de ses compagnons se mesurer les uns avec les autres à soulever un roc et s’informant sur ce qu’ils faisaient, Le Prophète (p) a appris qu’ils voulaient savoir lequel parmi eux est le plus vigoureux. Il leur a dit : « Le plus vigoureux n’est pas le plus robuste, mais celui qui se contrôle pour ne pas être en colère. Il est celui qui, dont le cœur est touché par le Diable, s’irrite intensément puis se rappelle Dieu et alors sa longanimité l’emporte sur sa colère ».
Un poète a dit à ce propos :
« Fais que ton ami se mette en colère pour que tu connaisses ses secrets, car le secret a deux fenêtres : l’ébriété et la colère.
« Le bassin ne laisse voir ce qui est en son fond que lorsqu’il est agité ».
En fait, tant que l’eau du bassin est calme, il n’est pas possible de voir la boue qui est au fond de l’eau. Il en est de même pour la colère qui, se déclarant, laisse paraître ce qui est caché au fond de ton âme.
Cela doit être bien compris par l’homme de foi et c’est ainsi que l’homme de foi doit s’éduquer et éduquer ses enfants. L’Imâm as-Sâdiq (p) a dit : « La colère et la clé de tous les maux ».