Abstract
Le hadith dit des thaqalayn (les deux choses lourdes) est l’une des traditions du Prophรจte les plus rapportรฉes par les sources islamiques. Il figure dans les premiรจres compilations effectuรฉes par les auteurs sunnites, et ses chaรฎnes de transmetteurs sont parmi les plus crรฉdibles et les plus dignes de foi. En voici le texte:
ยซย L’Envoyรฉ de Dieu a dit: ยซย Je vous laisse (aprรจs ma mort) les deux choses les plus lourdes: le Livre de Dieu, et ma descendance, les Gens de ma Maison. Ils ne se sรฉpareront jamais jusqu’ร ce qu’ils me rejoignent au Paradis. Tant que vous les suivrez, vous ne vous รฉgarerez jamais.ย ยป43
Certains ulemas sunnites rapportent que la parole prophรฉtique se terminait ainsi:
ยซย Ali est avec le Coran, et le Coran est avec Ali, ils ne se sรฉpareront jamais.ย ยป44
Et trente compagnons du Prophรจte, au moins, ont rapportรฉ avoir entendu le Prophรจte faire cette dรฉclaration.45
Les sources chiites et sunnites soulignent que jusqu’ร la fin de sa vie, le Prophรจte n’a jamais cessรฉ d’insister sur la relation profonde entre ces deux bases de l’Islam que sont le Coran et sa Famille.
Cette tradition est par consรฉquent un rรฉsumรฉ du programme tracรฉ aux musulmans. Mรชme si elle se prรฉsente diffรฉremment dans sa forme, d’une source ร l’autre, cette tradition ne perd jamais son contenu essentiel: souligner la relation indรฉfectible qui existe entre le Coran et la Famille Prophรฉtique.
Ibn Hadjar, cรฉlรจbre docteur sunnite, examinant les circonstances de ce hadith รฉcrit:
ยซย Selon certains, le Prophรจte aurait prononcรฉ cette phrase lors du pรจlerinage d’adieu ร Arafรขt, selon d’autres ร Ghadir Khomm, et selon d’autres ร Mรฉdine, lors de sa maladie, et en prรฉsence de nombreux compagnons qui se trouvaient ร son chevet. D’autres enfin disent qu’il prononรงa ces paroles ร son retour de Taรฏf.ย ยป
Ibn Hadjar ajoute: ยซย Il n’y a pas de contradiction entre ces sources; rien n’empรชche qu’il n’ait rรฉpรฉtรฉ cette vรฉritรฉ dans toutes ces circonstances et en d’autres; et cela en raison de l’importance que possรจdent le Coran et la Famille du Prophรจte.ย ยป46 Dans une autre tradition, le Prophรจte dit:
ยซย Ali est avec le Vrai (al-Haqq), et le Vrai est avec Ali. Le Vrai est avec lui, partout oรน il se trouve.ย ยป47
Les versets du Coran, chacun le sait, sont un ensemble de recommandations et d’enseignements qui sont ร mรชme d’assurer le bonheur et le salut des hommes qui s’y conforment.
Cependant, le Coran requiert, pour รชtre interprรฉtรฉ et compris justement, une autoritรฉ compรฉtente, remplissant les conditions de perfection danS tous les domaines. C’est la raison pour laquelle le chiisme considรจre qu’il est nรฉcessaire que ceux qui ont la charge d’interprรฉter le Coran, en toute compรฉtence, soient dรฉsignรฉs par l’Envoyรฉ de Dieu, qu’il les ait prรฉparรฉs lui-mรชme ร leur mission future. Seules ces personnes pourront comprendre le langage de la rรฉvรฉlation et interprรฉter les versets du coran de la faรงon la plus juste qui soit. La conjonction du Livre et de la Famille s’explique par le besoin qu’impose toujours le Livre d’รชtre interprรฉtรฉ de faรงon complรจte et juste.
Les diviser et les sรฉparer, pour se contenter de suivre les avis de personnes incompรฉtentes, n’aura pour rรฉsultat que l’รฉgarement et la perdition. Sinon,que signifierait la parole: ยซย Tant que vous les suivrez, vous ne vous รฉgarerez jamais, aprรจs moiย ยป?
Qui peut rapporter aux ยซย versets solidesย ยป (muhkam), les ยซย versets ambigusย ยป (mutachรขbih)?
En les plaรงant cรดte ร cรดte, le Prophรจte a voulu signifier que leur fonction est la mรชme et complรฉmentaire; d’une part le Coran, le commandement cรฉleste, d’autre part son rรฉpondant terrestre, son porte-parole et son protecteur. Il est normal alors qu’abandonner la Famille du Prophรจte soit synonyme de perdition et de mort.
La dรฉviation des musulmans,-et par suite leur dรฉchรฉancea commencรฉ avec la sรฉparation entre ces ยซย deux choses lourdesย ยป, depuis que la thรจse ยซย Le Livre de Dieu nous suffitย ยป a dominรฉ les esprits et la vision religieuse des gens, depuis que les รฉcoles des Ach’arites et des Mu’tazilites se sont รฉtablis comme si elles รฉtaient plus versรฉes dans la connaissance du Livre de Dieu que le Prophรจte!
La comprรฉhension juste du Coran est rendue plus facile par les commentaires de ces hommes dont la science procรจde directement de la faveur divine, sans intermรฉdiaire ni apprentissage. De tels hommes ne sont autres que les Imams prรฉservรฉs de l’erreur et de l’รฉgarement.
Ibn Hadjar, le cรฉlรจbre auteur sunnite a rapportรฉ une parole du Prophรจte disant:
ยซย Ne les prรฉcรฉdez pas (les imams) car vous pรฉrirez ร cause de cela; et ne soyez pas en retard sur eux, car vous pรฉrirez aussi; et ne leur enseignez pas, car ils sont plus savants que vous.ย ยป48
L’imam Ali a pour sa part dit:
ยซย C’est par eux que vit la science, et meurt l’ignorance. Leur magnanimitรฉ (Hukm) vous informe de leur savoir; leur extรฉrieur de leur intรฉrieur; leur silence des sagesses de leur parole. Ils ne s’opposent pas ร la Vรฉritรฉ et ne divergent pas ร son propos. Ils sont les piliers de l’Islam, et les refuges de ceux qui cherchent protection. C’est par eux que la Vรฉritรฉ est revenue ร sa place et que le Mensonge (bรขtil) a รฉtรฉ chassรฉ de son rang, et que la langue du mensonge a รฉtรฉ arrachรฉe. Ils ont attachรฉ la religion de faรงon qu’ils la comprennent en toute conscience et de faรงon qu’ils la prรฉservent de l’erreur, non comme la fixerait celui qui l’entendrait par ouรฏ – dire ou la transmettrait par sa langue. Ceux qui rapportent (par la langue) la science sont nombreux, mais ceux qui la gardent sont trรจs peu.ย ยป49
Le hadith prรฉcรฉdent signifie que les gens de la Famille du Prophรจte sont prรฉservรฉs de la dรฉsobรฉissance ร Dieu, des pรฉchรฉs, et des erreurs. Un homme qui serait ยซย avecย ยป le Coran, de faรงon que les hommes soient religieusement contraints de suivre ses recommandations jusqu’ร la Rรฉsurrection et ร la rencontre avec l’Envoyรฉ de Dieu, un tel homme doit รชtre ร l’exemple du Coran, dรฉnuรฉ de toute erreur. Comment Dieu ordonnerait-II aux gens d’obรฉir ร un homme souillรฉ par les pรฉchรฉs?
L’Envoyรฉ de Dieu a mรชme prรฉcisรฉ le nombre des califes qui lui succรฉderont dans sa charge d’Imam, disant:
ยซย Mes califes seront au nombre de douze comme les lieutenants des Enfants d’Israel. Ils seront tous de Qoraych -et selon une autre tradition -des Banou Hachem.ย ยป50
Les califes ยซย bien guidรฉsย ยป des sunnites ne sont pas au nombre de douze. On ne peut pas non plus envisager ce nombre pour les califes Omeyyades ou Abbassides, car non seulement il ne s’applique pas ร eux, mais aussi parce qu’ils ont commis des pรฉchรฉs tels qu’ils ont causรฉ ร la religion des prรฉjudices irrรฉparables. Par contre ce nombre correspond bien ร celui des Imams de la Famille du Prophรจte.
Certains auteurs mal-intentionnรฉs, refusant d’รฉcouter les paroles du Prophรจte, et se dรฉtournant des Imams, ont รฉtรฉ contraints d’interprรฉter le hadith en question -qu’ils ne pouvaient mettre en doute ร cause de son authenticitรฉ indiscutable- conformรฉment ร son contenu.
Le Cheykh Suleyman al-Qandรปzi, sunnite hanafite, a รฉcrit loin de tout parti-pris, ce qui suit:
Certains auteurs spรฉcialisรฉs (mmuhaqqiqรปm) disent que les traditions selon lesquelles le nombre des califes aprรจs le Prophรจte est au nombre de douze, sont des traditions largement connues, transmises par diffรฉrentes voies. Grรขce ร un examen du dรฉroulement du temps รฉcoulรฉ (depuis sa disparition) et des circonstances successives qui ont prรฉvalu, je sais que l’intention du Prophรจte dans sa parole est la suivante: les douze imรขms de sa Famille et de sa descendance.
On ne peut interprรฉter cette tradition en la rapportant aux califes qui lui ont succรฉdรฉ, parmi ses compagnons car ils รฉtaient infรฉrieurs ร douze.
On ne peut non plus l’appliquer pour rois Omeyyades, car ils รฉtaient plus de douze et furent d’une iniquitรฉ odieuse, ร l’exception de Omar ibn Abdel-Aziz. En outre, ils ne faisaient pas partie des Banou Hรขchem. Car le Prophรจte a dit ยซย Ils sont tous de Banou Hรขchemย ยป, suivant la tradition rapportรฉe par Jรขber ibn Sumra; qui ajoute que le Prophรจte avait baissรฉ la voix ร ce moment de son discours; car il savait que les Omeyyades n’aimaient pas que les Banou Hรขchem soient califes.
De mรชme, ce nombre ne peut pas concerner les Abbassides, qui sont plus de douze, et qui n’ont pas respectรฉ le verset coranique enjoignant l’amour des Gens de la Maison du Prophรจte51, ni le hadith du Manteau (al-Kissรข).
Il est indispensable par consรฉquent d’interprรฉter ce nombre comme s’appliquant uniquement aux imams de la Famille du Prophรจte, car ils furent les plus savants parmi leurs contemporains, les plus รฉminents, les plus scrupuleux en matiรจre religieuse, les pieux, ceux qui sont les plus proches du Prophรจte par les liens du sang, les plus vertueux, et par consรฉquent les plus nobles auprรจs de Dieu. Leur science remontait directement au Prophรจte, par hรฉritage et par grรขce divine.
C’est ainsi que les ont fait connaรฎtre ceux qui ont un savoir sรปr et รฉprouvรฉ.
Ceci corrobore le sens suivant lequel l’intention du Prophรจte concernait bien les douze imams de sa Famille.Le hadith des ยซย deux choses lourdesย ยป le confirme et en tรฉmoigne, ainsi que les autres traditions rรฉitรฉrรฉes dans ce livre. Quant ร la parole du Prophรจte: ยซย La communautรฉ musulmane se rassemblera autour d’euxย ยป qui figure dans la tradition de Jรขber ibn Sumra, elle signifie que la communautรฉ musulmane sera unanime dans la reconnaissance de tous les imams aprรจs l’apparition du douziรจme imam, le Mahdi.ย ยป52
L’Infaillibilitรฉ selon le Coran et la Tradition
Le verset de la purification confirme l’impeccabilitรฉ des Gens de la Maison du Prophรจte. Il les sacralise, et les dรฉclare purs de tout dรฉfaut. Ce verset est le suivant:
ยซย Dieu, certes, veut รฉcarter de vous la souillure, ร Gens de la Maison, et vous purifier complรจtementย ยป
Coran, sourate Les factions (Al-Ahzรขb), verset 33
Le mot Rijs, que nous traduisons ici par souillure, s’applique en arabe ร tout ce qui peut altรฉrer et souiller une chose, que ce soit dans sa forme extรฉrieure, ou dans son essence et sa substance. Nous retrouvons l’un et l’autre sens dans le Coran:
ยซย … rien d’illicite pour qui se nourrit d’une nourriture, ร moins que cette nourriture soit une bรชte morte, ou un sang rรฉpandu, ou de la viande de porc, car elle est souillure…ย ยป
Sourate Les Troupeaux (Al-An’รขm), verset 145
ยซย tandis que ceux au coeur desquels est un mal ajoutent souillure ร leur souillure, et meurent infidรจles.ย ยป
Sourate L’Immunitรฉ (Al-Tawba ou Barรข’a), verset 125
Dans le verset de la purification qui affirme l’รฉlimination de la souillure vis-ร -vis des Gens de la Maison du Prophรจte de l’islam, il ne s’agit manifestement pas de l’impuretรฉ matรฉrielle, extรฉrieure, puisque la religion prescrit ร tout musulman, quel qu’il soit, d’รฉliminer la souillure par les ablutions, mineure ou majeure.
En outre, cette prescription ne concerne pas seulement le Prophรจte et sa Famille. Or le verset comporte une faveur spรฉciale qui leur est exclusivement accordรฉe. Le fait de se dรฉbarrasser des impuretรฉs matรฉrielles ne leur est pas une vertu spรฉcifique, pour que le Coran en fasse une obligation pour certaines personnes dรฉterminรฉes.
Par consรฉquent le verset prend obligatoirement une signification dans laquelle le mot ยซย souillureย ยป ou ยซย impuretรฉย ยป dรฉsignera une impuretรฉ d’ordre subtile, intรฉrieure, touchant ร l’รขme et ร l’esprit Dans l’ordre universel, Dieu a voulu que les gens de cette Maison soient un espace de puretรฉ spirituelle totale, sans aucune tรขche ou souillure.
Interprรฉter autrement le verset, reviendrait ร dire que les Gens de la Maison doivent respecter les rรจgles de puretรฉ rituelle, qui sont de toute faรงon, celles que doivent respecter tous les musulmans en tant que tels. Ce qui serait absurde.
Lorsque le verset en question fut rรฉvรฉlรฉ, la nouvelle se rรฉpandit parmi les compagnons du Prophรจte. Peu aprรจs, on prit l’habitude de dรฉsigner les membres de la F amille du Prophรจte par l’expression: ยซย les gens du manteauย ยป (Ashรขb al-Kissรข) parce que le verset de la purification a รฉtรฉ rรฉvรฉlรฉ au Prophรจte alors qu’il se trouvait sous un large manteau du Yรฉmen, en compagnie des membres de sa Famille, c’est-ร -dire Fรขtima et son รฉpoux Ali, et leurs deux garรงons Hassan et Hossein-que la paix soit sur eux-.
Lors de la rรฉunion du Collรจge de six membres dรฉsignรฉs par le deuxiรจme calife, Ali a rappelรฉ ร ses collรจgues sa qualitรฉ de membre de la Famille du Prophรจte:
ยซย Je vous prie de me dire, s’il y a parmi nous, quelqu’un d’autre que moi que Dieu ait lavรฉ de toute souillure, et purifiรฉ complรจtement Ils rรฉpondirent: ยซย Nonย ยป.
Al-Suyรปti rapporte dans son commentaire du Coran, intitulรฉ al-Durr al-Manthรปr la parole de Tarofa qui dit qu’Ibn Abbas a dit:
ยซย Nous avons vu l’Envoyรฉ de Dieu venir pendant neuf mois consรฉcutifs devant la maison de Ali Ibn Abi Tรขleb, au moment des priรจres et dire: ยซย Que la paix, la bรฉnรฉdiction et la clรฉmence de Dieu soient avec vous, ร gens de la Maisonย ยป et puis rรฉciter le verset de la purification.
Cette mรชme tradition a รฉtรฉ rapportรฉe aussi suivant la chaรฎne de transmission de T abarรขni selon Abou al-Hamrรข, dans les termes suivants:
ยซย J’ai vu l’Envoyรฉ de Dieu venir devant la porte de la maison, de Ali et de Fatima, pendant six mois de suite, et rรฉciter le verset de la Purification.
Cette tradition est aussi rapportรฉe par Ibn Jarir et Ibn Mardawayh, toujours selon Abou al-Hamrรข qui nous informe que huit mois durant le Prophรจte se prรฉsentait tous les matins ร la porte de Ali et de Fรขtima, et rรฉcitait le verset de la Purification.
Ainsi, le Prophรจte a explicitรฉ, de faรงon on ne peut plus frappante, que le verset concerne bien la Famille de Fรขtima.
Quant aux circonstances de la rรฉvรฉlation du verset, elles nous sont รฉclaircies par Umm Salama, รฉpouse du Prophรจte et Mรจre des Croyants, renommรฉe pour sa piรฉtรฉ et ses vertus, et chez qui se trouvait le Prophรจte de Dieu, au moment de la Rรฉvรฉlation.
Umm Salama dit:
ยซย C’est chez moi que fut descendu le verset de la purification.
Un jour, Fรขtima รฉtait venue avec une marmite contenant une soupe de viande. Le Prophรจte lui dit: ยซย Appelle ton mari, ainsi que (tes enfants) Hassan et Hossein.ย ยป Elle les fit venir. Ils รฉtaient en train de manger quand fut rรฉvรฉlรฉ le verset. Puis le Prophรจte les recouvrit avec un manteau de Khaybar qu’il portait sur lui, et dit:
ยซย Mon Dieu, ceux-lร sont les Gens de ma Maison, et mes protรฉgรฉs; รฉloigne d’eux la souillure et purifie-les complรจtement!ย ยป148
Beaucoup de savants sunnites approuvent que ce verset a รฉtรฉ rรฉvรฉlรฉ au sujet de cinq personnes: le Prophรจte, Ali, Fรขtima, Hassan et Hossein.149
Omar ibn Abi Salama qui fut le beau-fils du Prophรจte complรจte notre information. Il rapporte ce qui suit:
ยซย le verset de la purification fut rรฉvรฉlรฉ dans la maison d’Umm Salama (sa mรจre). Le Prophรจte appela Ali, Fรขtima, Hassan et Hossein; il les recouvrit d’un manteau, et dit: ยซย Mon Dieu, ceux-lร sont les Gens de ma Maison; รฉloigne d’eux la souillure, et purifie-les complรจtement!ย ยป Umm Salama dit: ยซย Suis-je avec eux, รด Prophรจte de Dieu?ย ยป Il rรฉpondit: ยซย Tu as ton rang, et tu es pour le mieux.ย ยป Al-Qandouzi commente en disant ยซย Cette tradition est bonne, et sa chaรฎne de transmetteurs est authentique, de sorte qu’elle est la meilleure tradition, dans ce sujetย ยป150
Aรฏcha, la mรจre des croyants, dit:
ยซย Le Prophรจte portant un manteau de poils de chameau, allait sortir trรจs tรดt le matin,quand Hassan arriva. Il le fit entrer sous le manteau. Hossein arriva ร son tour, il le fit entrer aussi; puis Fรขtima, puis Ali. Le Prophรจte rรฉcita alors le verset de la purification.ย ยป151
Anas ibn Malek rapporte aussi que le Prophรจte est passรฉ six mois durant devant la maison de Ali et de Fรขtima, au moment de la priรจre de l’aube, en disant:
ยซย Venez ร la priรจre, ร Gens de ma Maison, que Dieu soit Clรฉment avec vous!ย ยป152
Certains ont tentรฉ de soutenir que le verset de la purification faisait partie d’un ensemble de versets concernant les รฉpouses du Prophรจte. Le contexte implique en effet qu’il se rapporte ร elles รฉgalement, ou du moins qu’elles n’en doivent pas รชtre exclues.
Si le verset concernait l’infaillibilitรฉ, alors il devrait concerner aussi toutes les รฉpouses du Prophรจte. Or personne n’a professรฉ qu’elles รฉtaient infaillibles. Par consรฉquent, disent-ils, nous devons considรฉrer que ce verset traite des femmes du Prophรจte, mais sans aucune preuve affirmant leur infaillibilitรฉ ou celle des Gens de la Maison.
Cette interprรฉtation n’est pas compatible avec la structure du verset. Car le verset emploie un pluriel masculin et non un pluriel fรฉminin.
D’autre part, les traditions que nous avons vues montrent clairement les ยซย raisonsย ยป et les circonstances de la rรฉvรฉlation du verset de la purification, et nous voyons bien que le Prophรจte a exclu ses รฉpouses des ยซย Gens de la maisonย ยป visรฉs par le verset, en leur disant: ยซย Gardez votre rang!…ย ยป
La purification dont il s’agit dans le verset en question est synonyme de perfection et d’impeccabilitรฉ. Or, toutes les sources, sunnites ou chiites, dรฉnient cette qualitรฉ aux femmes du Prophรจte.
Sur un autre plan, les traditions qui affirment l’infaillibilitรฉ des imams ne sont pas en quantitรฉ nรฉgligeables.
Dans te Nahj al-Balรขgha, qui est un recueil de sermons, de lettres et de sentences de l’imam Ali, nous trouvons beaucoup de confirmations des qualitรฉs รฉminentes qui sont celles des Gens de ta Maison prophรฉtique.153
L’imam Ja’far al-Sadeq dรฉclare aussi que les prophรจtes ainsi que leurs hรฉritiers spirituels (wasi), sont sans pรฉchรฉ, car ils sont prรฉservรฉs (par Dieu) de toute erreur et purifiรฉs.154
L’imam Rรฉza (le huitiรจme imam des chiites) affirme aussi l’impeccabilitรฉ des successeurs lรฉgitimes du Prophรจte.155
Aussi, la trรจs cรฉlรจbre parole du Prophรจte -qu’il a prononcรฉe quelques mois avant sa disparition, et par laquelle il a recommandรฉ aux croyants de rester fidรจles au Livre de Dieu et ร sa Famille- rapportรฉe par les ulรฉmas sunnites et chiites et possรจdant plusieurs chaรฎnes de transmissions qui lui confรจrent une authenticitรฉ indiscutable, devrait suffire largement pour asseoir la lรฉgitimitรฉ des Gens de la Maison, ainsi que leur rang dans le maintien de l’Islam.156
Il va sans dire qu’avec cette parole de l’Envoyรฉ de Dieu, les chiites ne manquent plus de preuves pour suivre leurs imams.
Puisque le Prophรจte -qui ne parle pas en vain- se porte garant de la rectitude des imams de Sa Maison et ordonne de les suivre, il est nรฉcessaire et obligatoire ร tout musulman parfait de leur obรฉir sans douter de leur compรฉtence, et de les prendre pour modรจles.
Notre Prophรจte considรจre le Coran et sa Famille comme indissolublement liรฉs, insรฉparables jusqu’ร ce qu’ils le rejoignent dans l’Au-delร . Cela implique que la prรฉservation du Coran -promise par Dieu- jusqu’ร la fin des temps s’รฉtend aux imams de la Maison du Prophรจte. Cela veut dire qu’il y aura toujours sur terre un imam de la Maison du Prophรจte, mรชme si pour des raisons de grande corruption rรฉgnant sur terre, il devra s’occulter.