Abstract
L’unité de l’Oummah islamique est l’une des préoccupations les plus importantes du monde de l’Islam. En réalité, cette question a occupé l’esprit des penseurs et des pacificateurs de la communauté islamique. Les savants et les oulémas musulmans présentent des critères et des références différents pour réaliser l’unité des Musulmans et recréer ainsi la grandeur et la puissance de la civilisation islamique. Parmi ces critères et références, le retour au noble Coran semble être celui qui s’adapte mieux à la vérité.
Le présent article étudie la question de l’unité de l’Oummah islamique à la lumière de la signification du retour vers le noble Coran, ses particularités, moyens, fondements et conséquences.
Introduction :
Certes, le concept « unité » est une notion noble et sublime dont le rôle remarquable, dans le progrès et l’élévation de l’humanité et l’histoire de la civilisation humaine, est indéniable. Par contre, les concepts comme « division » et « dispersion » sont des notions maudites qui sous-entendent toujours les ténèbres et la destruction de toutes sortes d’unité et de cohérence.
Mais quels sont les critères de l’unité et de la cohérence ? Et sur quels principes ces critères et fondements doivent-ils se baser ? La présentation d’un critère de l’unité est-elle nécessairement suivie d’une continuité et de permanence ?
Tout au long de l’histoire de l’humanité, des penseurs et des experts ont proposé des critères différents et de nombreux paramètres pour la réalisation de l’unité, entre autres : l’unité sur la base des intérêts ethniques, nationaux, géographiques, politiques ou sociaux. Mais en fin de compte, la plupart de ces critères se sont avérés incapables d’assurer l’unité, ou ils n’ont eu qu’une réussite passagère et éphémère. En réalité, ces paramètres n’ont pas eu des fondements solides, et étaient donc incapables de trouver durablement une place dans le cœur des hommes.
Ceci étant dit, y a-t-il des principes et des critères qui puissent offrir à l’humanité la possibilité de la réalisation d’une unité durable et capable de fonder une civilisation brillante, tout en assurant le bonheur matériel et le salut éternel de l’homme, par le biais de la création d’une Oummah unique ?
Pendant l’histoire de l’humanité, la raison et l’expérience humaines ont prouvé que seule l’unité qui se base sur la foi et la croyance en Dieu unique peut être considérée comme un critère capable d’assurer le salut de l’humanité. Cette unité divine transforme l’inimitié et la rancune en amitié et fraternité. C’est pourquoi, Dieu le Très-haut dit dans le noble Coran :
وَاعْتَصِمُوا بِحَبْلِ اللَّهِ جَمِيعًا وَلَا تَفَرَّقُواوَاذْكُرُوا نِعْمَتَ اللَّهِ عَلَيْكُمْ إِذْ كُنْتُمْ أَعْدَاءً فَأَلَّفَ بَيْنَقُلُوبِكُمْ فَأَصْبَحْتُمْ بِنِعْمَتِهِ إِخْوَانًا وَكُنْتُمْ عَلَى شَفَاحُفْرَةٍ مِنَ النَّارِ فَأَنْقَذَكُمْ مِنْهَا كَذَلِكَ يُبَيِّنُ اللَّهُ لَكُمْآيَاتِهِ لَعَلَّكُمْ تَهْتَدُونَ
« Et cramponnez-vous ensemble au câble de Dieu ; et ne soyez pas divisés ; et rappelez-vous le bienfait de Dieu sur vous : lorsque vous étiez ennemis, c’est Lui qui réconcilia vos cœurs ; puis, par Son bienfait, vous êtes devenus frères. Et alors que vous étiez au bord d’un abîme de Feu, c’est Lui qui vous en a sauvés. Ainsi Dieu vous expose Ses signes. Peut-être vous guideriez-vous ? » [sourate 3, verset 103]
Le retour vers le Coran, référence de l’unité de l’Oummah islamique
C’est sur la base du critère de la foi en Dieu le Loué que le croyant se donne comme mission à faire preuve du sacrifice et de dévotion par rapport à ses frères coreligionnaires. Le verset 9 de la sourate 59 dit :
وَيُؤْثِرُونَ عَلَىٰ أَنفُسِهِمْ وَلَوْ كَانَ بِهِمْ خَصَاصَةٌ ۚوَمَن يُوقَ شُحَّ نَفْسِهِ فَأُولَـٰئِكَ هُمُ الْمُفْلِحُونَ
« Car ils les aiment plus qu’eux-mêmes, même s’il y a pénurie chez eux ; et quiconque se garde de sa propre avidité les voilà alors ceux qui réussissent. »
En effet, l’unité à la lumière de la foi en Dieu unique est la signification exacte de l’essence même du Créateur. Dieu le Très-haut dit dans le verset 13 de la sourate 42 : «
شَرَعَ لَكُم مِّنَ الدِّينِ مَا وَصَّىٰ بِهِ نُوحًا وَالَّذِيأَوْحَيْنَا إِلَيْكَ وَمَا وَصَّيْنَا بِهِ إِبْرَاهِيمَ وَمُوسَىٰ وَعِيسَىٰ ۖأَنْ أَقِيمُوا الدِّينَ وَلَا تَتَفَرَّقُوا فِيهِ
« Il vous a tracé en matière de religion, le chemin qu’Il avait enjoint à Noé. Et ce que Nous te révélons à toi, ainsi que ce que Nous avons enjoint à Abraham et à Moïse et à Jésus, c’est ceci : “Etablissez la religion ; et n’y divergez pas.” »
C’est également sur cette même base qu’il faudra essayer de fonder l’unité de l’Oummah islamique sur le principe de la religion qu’est l’Islam, car cette religion est au-delà de tout imperfection ou défaut, religion qui constitue, en fait, l’argument suprême de Dieu à l’adresse des humains. Le verset 3 de la sourate 5 dit :
الْيَوْمَ أَكْمَلْتُ لَكُمْ دِينَكُمْ وَأَتْمَمْتُ عَلَيْكُمْنِعْمَتِي وَرَضِيتُ لَكُمُ الْإِسْلَامَ دِينًا
« Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion et accompli sur vous Mon bienfait. Et il M’agrée que la Soumission (Islam) soit votre religion. »
La question importante qui se pose ici est de savoir si l’Islam est la religion la plus parfaite et unificatrice, comment on peut expliquer l’existence de différentes écoles et confessions – parfois contradictoires les unes avec les autres – au sein de l’Oummah islamique et parmi les adeptes de cette religion. En d’autres termes, si la religion divine qu’est l’Islam est le porteur du salut et du bonheur pour les humains, pourquoi assistons-nous à l’existence des crises politiques, sociales et religieuses tout au long de l’histoire des peuples musulmans ? Quelle partie de la religion peut-elle être donc le critère principal de l’unité des Musulmans ?
Le Coran ? la Sunna (tradition) du vénéré Messager de Dieu (saws) ? les deux à la fois ? ou l’Idjtihad et la jurisprudence des oulémas musulmans ?
Voilà des questions fondamentales auxquelles il faudra apporter des réponses adéquates. Les penseurs et les pionniers du mouvement islamique estiment que l’Oummah islamique pourra retrouver sa grandeur, sa dignité, sa puissance et son bonheur à condition que les Musulmans se retournent vers la signification réelle et originaire du noble Coran, ce que les experts appellent à juste titre le mouvement du « retour vers le Coran ». Dans le présent article, nous nous efforcerons de présenter une analyse plus ou moins détaillée sur les différents aspects de ce mouvement :
1- la signification du noble Coran ;
2- les spécificités du noble Coran en tant que fondement de la confiance à l’aspect référentiel du Livre saint ;
3- la signification du retour vers le noble Coran ;
4- les principes et les objectifs du mouvement du retour vers le Coran ;
5- les moyens et les instruments nécessaires de ce mouvement ;
6- les effets et les principes unificateurs du retour vers le Coran.
1- La signification du noble Coran :
1-1- La signification étymologique du mot « Coran » :
Il existe différents avis et points de vue au sujet du sens étymologique du mot « Coran » (قرآن). Selon certains experts, le mot « Coran » serait un nom propre pour désigner le Livre de Dieu, comme les mots « Thora » ou « Evangile ». Pour certains autres spécialistes, le mot « Coran » est un dérivé du mot arabe qui signifie « rapprochement d’une chose à une autre » (قرن). Si l’on croit à cette dérivation linguistique, le mot « Coran » n’est pas à considérer comme un nom propre simple. Pourtant, il y a des linguistes qui estiment que le mot « Coran » est dérivé du mot qui signifie en arabe « addition et rassemblement » (القَرء). Et enfin, certains lexicologues croient que le mot « Coran » est un dérivé du mot qui signifie en langue arabe « lecture » (قرأ). Cette dernière signification est la plus répandue et la plus exacte. Cependant, il faut noter en passant qu’à l’époque de l’ignorance, c’est-à-dire avant l’avènement de l’Islam, les Arabes ne donnaient pas à ce mot la signification de la « lecture », mais l’entendait comme « stérilité des animaux ». (Références : Ibn Manzour, 1408 de l’hégire : 11/78 ; Zarkeshi, 1427 de l’hégire : 1/278 ; Khatib Baghdadi, sans date : 2/62 ; Siyouti, 1411 de l’hégire : 1/178 ; Sobhi al-Saleh, 2009 : pp. 17-19).
1-2- La signification sémantique du mot « Coran » :
Le mot « Coran » désigne le Livre céleste qui est désigné par d’autres noms à l’intérieur du texte coranique, comme « Distinction » (فرقان) (verset 1 de la sourate 25), « Rappel » (ذکر) (verset 50 de la sourate 21), et « Descendu » (تنزیل) (verset 192 de la sourate 26). Dans ce sens, le mot « Coran » signifie « la parole miraculeuse qui est descendue du ciel, révélée au vénéré Prophète (saws), et qui nous est arrivée par son intermédiaire, conservée génération après génération sous forme écrite, dont la lecture est un grand acte d’adoration. » (Sobhi al-Saleh, 2009 : p. 21).
2- Les spécificités du noble Coran en tant que fondement de la confiance à l’aspect référentiel du Livre saint :
Nous entendons ici par « spécificités », une série de caractéristiques qui font distinguer le noble Coran d’autres livres. En réalité, il s’agit des caractéristiques spécifiques et uniques du Livre saint des Musulmans qui font défaut à tous les autres livres. Ces spécificités sont si puissantes et si grandioses qu’elles font du noble Coran l’unique référence et la source principale pour de l’Oummah islamique dans tous les domaines et dans toutes les affaires.
Les « spécificités » du noble Coran peuvent recouvrir des domaines très variés : la globalité (verset 111 de la sourate 12, et verset 89 de la sourate 16), l’éternité (verset 42 de la sourate 41, et verset 3 de la sourate 5), la généralité et l’universalité (verset 107 de la sourate 21, verset 52 de la sourate 68, verset 28 de la sourate 34, verset 158 de la sourate 7, verset 1 de la sourate 25, verset 13 de la sourate 49, et verset 1 de la sourate 4), l’absence de toute falsification (verset 9 de la sourate 15, et verset 42 de la sourate 41), le miracle ( verset 23 de la sourate 2, et versets 1-5 de la sourate 30).
Il est si important de décrire les spécificités du noble Coran, car cette étude peut prouver que le Livre saint des Musulmans a des principes et des fondements solides qui font de lui un pilier de certitude et de confiance pour la prise de toute décision, sans qu’il y ait de place pour doute ou angoisse. C’est la raison pour laquelle le noble Coran est toujours évoqué comme la source originaire et la référence reconnue par tous en ce qui concerne la solution des problèmes et des affaires diverses de l’Oummah islamique, dans le cadre du mouvement du « retour vers le Coran ».
3- La signification du retour vers le noble Coran :
Le « retour vers le Coran » désigne l’axe principal et le slogan le plus important des mouvements intellectuels et des courants réformistes de l’histoire de la civilisation musulmane, notamment pendant ces derniers siècles. Il est à souligner que ce concept occupe une place privilégiée dans les sciences coraniques et les pensées réformistes. C’est la raison pour laquelle les courants et les mouvements intellectuels des différentes périodes islamiques ont attribué chacun une définition différente au concept de « retour vers le Coran ». Cela nécessite donc la présentation d’une définition exacte et précise de ce concept afin d’empêcher toute confusion dans ce domaine.
Que signifie exactement le « retour vers le Coran » ? Et quel est le but exact de ce concept ? Quelles en sont les conséquences prévisibles ? Et quelles sont enfin les conditions de sa réalisation ? Voilà autant de questions importantes qui se posent légitimement au sujet du concept du « retour vers le Coran » auxquelles nous allons essayer d’apporter des réponses.
Au cours de l’histoire de la civilisation islamique, le retour vers le Coran a eu des significations et définitions différentes. Dans le présent article, nous allons en évoquer les plus importantes, avant d’en présenter la nôtre.
Les définitions les plus pertinentes qui ont été présentées pour le concept du « retour vers le Coran » sont les suivantes :
3-1- Le « retour vers le Coran », en prenant le Coran en tant que la seule et unique source de la charia :
Le retour vers le Coran en estimant le saint Coran comme l’unique et seule source de la Charia (loi islamique) signifierait ici le refus d’utiliser les autres sources de la loi islamique comme la Sunna (tradition du Prophète), le consensus, etc. Les oulémas qui soutiennent cet avis estiment que les hadiths ne constituent pas – du point de vue de documentation – des références tout à fait fiables. Pour appuyer leurs opinions, les partisans de cet avis évoquent que pendant des siècles, de nombreux récits et hadiths ont été inventés ou falsifiés, par les transmetteurs qui ne cherchaient qu’à assurer leurs propres intérêts personnels.
Au sujet de hadiths, le penseur contemporain Hassan Hanafi (1935) a écrit : « La collecte des hadiths – comme il l’a dit – se réalisait souvent sans qu’il y ait des documents et des preuves légales, et uniquement dans le sens des intérêts politiques. C’est la raison pour laquelle ce genre de hadith seraient dépourvus de légitimité du point de vue de la Charia. Cela nous amène à dire que le noble Coran est la seule et unique source à laquelle nous devons nous référer. » (Introduction de Hassan Hanafi à l’œuvre de Ghassem Ahmad, 1997, p. 8).
Mais il faut souligner que cette perception de la religion n’est pas sans danger, et qu’elle risque de porter préjudice à une partie importante de la religion musulmane, c’est-à-dire la Sunna (tradition du vénéré Prophète). En outre, ce regard pessimiste et excessif à l’égard des récits et des hadiths n’est ni conforme aux principes de la justice, ni compatible avec les méthodes érudites et savantes.
Il n’y a pas l’ombre d’un doute que pendant les différentes périodes historiques et pour diverses raisons politiques, un grand nombre de hadiths ont été injustement inventés ou falsifiés. Pourtant, il ne faut pas négliger l’importance des efforts sans arrêts de très grands savants et érudits musulmans qui ont longtemps travaillé dans le domaine de la collecte et de la transmission des récits et des hadiths. En se soumettant aux règles et aux principes stricts des méthodes savantes qui leur permettaient de distinguer les vrais et les faux hadiths, ces grands érudits ont considérablement réussi à collecter des recueils de hadiths fiables, bien que la critique thématique et analytique des hadiths n’ait pas été aussi développée que la critique de la véracité et de la documentation des hadiths et des transmetteurs. Dans le domaine de la Sunna (tradition), il existe de très nombreux hadiths qui font l’objet d’un large consensus en raison de leur fréquence. Par conséquent, il n’est pas possible de condamner l’ensemble de la Sunna du vénéré Prophète de l’Islam (saws), en raison de l’existence d’un nombre de hadiths faux et falsifiés. Cela nécessite un jugement impartial et savant sur la base de la justice. Ceci étant dit, cette perception du « retour vers le Coran » ne serait pas un élément unificateur, mais il créera par contre de sérieux obstacles devant le projet de l’unité islamique.
3-2- Le « retour vers le Coran », dans le sens d’effort pour sortir le Livre saint d’isolement et d’oubli apparents :
De ce point de vue, l’argument qui est avancé par les partisans de ce concept consiste en la nécessité de sortir le noble Coran du domaine des cérémonies religieuses et des étagères de bibliothèque, pour l’amener sur le devant de la scène sociale. Ainsi, il faudrait envisager l’enseignement du noble Coran au même titre que les autres sciences (jurisprudence, principes religieux, logique, philosophie, …). Autrement dit, le Coran doit être quotidiennement vu, lu et entendu. (Bastekar, 1999, p. 186 ; Esfandiyari, 2004, p. 331 ; Moradi, 2008, p. 70).
Cette définition du « retour vers le Coran » s’appuie sur une attention particulière portée sur les différents aspects des savoirs et des techniques coraniques, dont la lecture, la sémantique, l’éloquence et la lexicologie. En outre, il faut souligner que cette approche n’est aucunement en contradiction avec l’importance d’autres sources de la Charia (loi islamique) dont la Sunna, c’est-à-dire la tradition du Prophète (saws).
Pourtant, il faut admettre que cette perception du projet du « retour vers le Coran » ne pourra pas sauver l’Oummah islamique de la mauvaise situation actuelle ou renforcer efficacement l’unité des Musulmans. Bien que cette approche soit particulièrement nécessaire pour la société musulmane, elle ne semble pas être suffisante à elle seule.
En effet, dans la plupart des pays musulmans, il y a une multitude de personnes spécialisées dans l’art de la lecture et de la mémorisation du saint Coran, ainsi que de nombreux érudits spécialistes des différents aspects linguistiques, littéraires ou lexicologiques qui s’occupent de l’enseignement du Coran. La tenue de nombreuses compétitions internationales dans ce domaine en est un exemple flagrant. Cependant, les sociétés islamiques restent encore dans de mauvaises situations et souffrent toujours des crises religieuses, politiques, sociales et économiques. Dans ce contexte, les conflits à l’intérieur de l’Oummah islamique se transforment parfois en de véritables guerres et effusions de sang.
3-3- Le « retour vers le Coran », dans le sens de l’acquisition des expériences religieuses et spirituelles :
Selon cette approche, les individus qui se réfèrent au noble Coran ont la possibilité d’acquérir une expérience qui se place dans le cadre de la conception du « retour vers le Coran ». (Shabestari, 1999, p. 181).
Cette approche qui s’appuie sur les effets et les résultats du retour vers le noble Coran, ne décrit pourtant pas les moyens et les instruments nécessaires pour ce mouvement de retour, car elle se concentre essentiellement sur les effets et les résultats, sans en indiquer les moyens. En réalité, cette définition du mouvement du « retour vers le Coran » s’est avérée insuffisante pour assurer la réalisation des objectifs sublimes de l’unité islamique.
3-4- Le « retour vers le Coran », dans le sens de la priorité de la Charia, la pratique des obligations individuelles et collectives, en insistant sur la guidance coranique et la lutte contre la superstition :
De ce point de vue, le Coran est placé au premier rang des sources de la Charia (loi islamique), sans que le concept du « retour vers le Coran » soit nécessairement synonyme d’un refus d’autres sources de la Chari, dont la Sunna (tradition prophétique). Par contre, il s’agit là d’une priorité accordée à la correction et à la purification des exégèses coraniques, en matière de la Charia, afin d’insister davantage sur la guidance du noble Coran, tout en essayant d’examiner la véracité des hadiths.
Le concept du « retour vers le Coran » a été l’axe principal des mouvements islamiques surtout depuis un siècle. Seyed Jamaleddine Assadabadi, le cheikh Mohammad Abduh et Mohammad Rachid Reza étaient les pionniers de ce mouvement réformateur. Ce mouvement général s’est appuyé sur le concept du « retour vers le Coran » en tant que paramètre fondamental de l’unité de l’Oummah islamique.
Quant au mouvement du retour vers l’Islam qui était l’axe principal des slogans de Seyed Jamaleddine Assadabadi, le défunt Morteza Motahari a écrit : « Le retour vers l’Islam originel signifie l’effort pour ôter les superstitions et les rajouts qui ont été additionnés au cours de l’histoire à l’Islam. Dans l’optique de Seyed Jamaleddine Assadabadi, le retour des Musulmans vers l’Islam originel voulait dire le retour des croyants vers le Coran et la Sunna (tradition) et des mœurs du Prophète (saws) et ses saints descendants (as). Dans son appel au retour vers l’Islam originel, il n’a jamais limité ce retour vers le Coran, car il savait très bien que le noble Coran appelait lui-même les Musulmans à se référer constamment à la Sunna. » (Motahari, 1997, p. 21-22)
Le défunt cheikh Mohammad Abduh avait décrit certains instruments au service du mouvement du retour vers le noble Coran qu’il décrivait par ces termes : « Nous croyons fermement que la faiblesse et l’arriération des populations musulmanes, et la perte de leur puissance sont dues au fait qu’elles se sont détournées malheureusement de la guidance du noble Coran. La grandeur, le pouvoir et la dignité ne seront accessibles pour les Musulmans que par leur retour vers la guidance du noble Coran. Les concepts enseignés par les versets coraniques confirment à leur tour cette vision des choses. Cet idéal sera réalisé à condition que les Musulmans se réunissent autour de l’idée de la résurrection du langage religieux inspiré du noble Coran. » (Abduh et Rachid Reza, Introduction, 1414 de l’hégire, p. 4).
Par ailleurs, le défunt Imam Khomeiny _que sa demeure soit au paradis_ a considéré le saint Coran comme le livre de la vie et l’élément principal de l’unité des Musulmans. Dans son testament, l’Imam Khomeiny a écrit : « Plus ces dérives et les mauvaises perceptions se sont développées, plus les gens se sont malheureusement éloignés du noble Coran, jusqu’à ce que le saint Coran qui est le facteur du progrès de l’humanité et le point principal de l’unité des Musulmans a été complètement écarté de la scène, comme si les gens avaient cru que le Coran n’avait aucun rôle à jouer pour guider les humains. Le pire c’est que le Coran a été exploité par les gouverneurs oppresseurs et les faux religieux malintentionnés en tant qu’instrument pour consolider la tyrannie, et justifier la corruption. Ainsi, il y a eu des périodes historiques durant lesquelles, les ennemis comploteurs et les amis ignorants des Musulmans, ont minimisé le rôle du noble Coran jusqu’à celui d’une simple composante des cérémonies religieuses. Ainsi, le saint Coran qui doit être le facteur principal de l’unité des Musulmans et de toute l’humanité, est malheureusement devenu un élément de discorde et de divergences, ou il a été mis complètement aux oubliettes. » (Imam Khomeiny, 1999 : p. 4)
4- Les principes et les objectifs du mouvement du retour vers le Coran :
Les pionniers du grand mouvement du retour vers le noble Coran ne se sont jamais contentés de lancer le slogan du retour vers le noble Coran, mais ils ont essayé dans leurs œuvres de définir clairement les principes, les fondements, les objectifs et les mécanismes de ce mouvement.
En réalité, les esprits épris de la justice et de la vérité ont à lire et à relire les œuvres de ces grands penseurs afin de mieux connaître les principes et les caractéristiques pratiques qu’ils avaient énumérés dans leur définition du mouvement du retour vers le noble Coran, ce qui leur permettra de profiter davantage de leurs expériences dans le domaine des réformes dans le sens du retour vers le Livre saint.
Il paraît que la lecture érudite et savante des œuvres du cheikh Mohammad Abduh et de Mohammad Rachid Reza, peut être la méthode la plus transparente pour comprendre la signification du retour vers le Coran, et les différents aspects de ce mouvement général. Nous allons présenter ici certaines particularités (principes et objectifs) du mouvement du retour vers le noble Coran :
4-1- Le noble Coran, livre de la guidance :
L’un des principes et des objectifs du mouvement du retour vers le noble Coran, consiste à profiter de la guidance du Livre céleste. Tout ce qui tend à éloigner les hommes de la guidance de ce grand Livre divin, tend en réalité à éloigner les hommes des buts et des objectifs sublimes du noble Coran. Nous pouvons retrouver cette idée dans les pensées du cheikh Mohammad Abduh qui a écrit : « Nous sommes pour une exégèse du noble Coran qui nous facilite la compréhension de la religion, de sorte que l’exégèse et le commentaire du Livre saint nous permettent de comprendre l’ensemble des enseignements et des directives de la religion pour guider les gens vers le bonheur dans ce monde et vers le salut dans l’au-delà. En effet, la religion nous apprend à connaître ces mêmes préceptes du noble Coran. » (Abduh et Rachid Reza, 1414 de l’hégire : 1/17).
Dans le grand mouvement du retour vers le noble Coran, l’accent qui est mis sur l’importance de la guidance du saint Coran, a pour but de nous conduire à éviter plusieurs points :
a) Eviter les lectures fanatiques et rigides qui entraîneraient l’éloignement des objectifs sublimes et divins du noble Coran. Font figures parmi ce genre de lecture, les commentaires littéraires du Livre saint qui se concentrent excessivement sur les techniques et les points différents de l’éloquence coranique, de sorte qu’ils s’éloignent malheureusement des buts principaux de la révélation du Livre saint, c’est-à-dire la guidance et l’orientation de l’humanité. (Abduh et Rachid Reza, 1414 de l’hégire : 1/24 ; Imam Khomeiny, 1999, p. 218)
b) Eviter les complexités et les multiplicités des questions jurisprudentielles, doctrinales et scolastiques. (Abduh et Rachid Reza, 1414 de l’hégire : 1/7)
Dans certaines exégèses du noble Coran, nous constatons un ensemble complexe d’études jurisprudentielles, scolastiques et érudites qui semblent malheureusement marginaliser l’aspect important du Livre saint, à savoir la guidance des croyants. Il faut rappeler que sur l’ensemble des versets coraniques qui s’élève à plus de 6.000 versets, le nombre de ceux qui portent sur les questions jurisprudentielles dépasse à peine 500. Cela témoigne du fait que le but de la révélation du noble Coran aurait été fixé au-delà des questions de ce genre, et dans le contexte de la guidance pour les hommes.
c) Eviter de faire du Coran un otage des pratiques superstitieuses. Les leaders des mouvements islamiques, notamment le cheikh Mohammad Abduh, voyaient en le noble Coran avant tout le livre de la guidance de l’humanité. C’est la raison pour laquelle le cheikh Mohammad Abduh critiquait sévèrement les gens qui, sans comprendre la signification profonde des enseignements coraniques, exagéraient illogiquement dans l’usage du Livre saint jusqu’à en faire un objet de leurs croyances superstitieuses. En effet, c’est pourquoi les grands leaders des mouvements n’appréciaient guère les cérémonies trop émotives de la lecture du noble Coran sans que les participants ne contemplent les significations des versets coraniques. En réalité, le cheikh Mohammad Abduh estimait que les émotions courantes dans ce genre de cérémonies seraient parvenu plutôt des mélodies et des chants, et non pas de la compréhension du sens profond du noble Coran. (Ibid., 1/27 ; Ghazali, 1411 de l’hégire : p. 186)
À ce propos, le défunt Imam Khomeiny a écrit dans son testament : « Malheureusement, les ennemis comploteurs et les amis ignorants des Musulmans, ont minimisé le rôle du noble Coran jusqu’à celui d’une simple composante des cérémonies religieuses. Ainsi, le saint Coran qui doit être le facteur principal de l’unité des Musulmans et de l’humanité en entière, est malheureusement devenu un élément de discorde et de divergences, ou il a été mis complètement aux oubliettes. » (Imam Khomeiny, 1999 : p. 4)
Quant au mouvement du retour vers l’Islam qui était l’axe principal des slogans de Seyed Jamaleddine Assadabadi, le défunt Morteza Motahari a écrit : « Le retour vers l’Islam originel signifie l’effort pour ôter les superstitions et les rajouts qui ont été additionnés au cours de l’histoire à l’Islam. » (Motahari, 1997, p. 21)
4-2- Le retour à l’ère de la Charia pour une meilleure compréhension de la religion, avant l’apparition des différentes écoles : (Amareh, 1414 de l’hégire : 1/183 : Shaakeh, 1416 de l’hégire : texte intégral du livre)
Les partisans du mouvement du « retour vers le Coran » estiment souvent que les Musulmans vivant à l’époque de l’avènement de l’Islam avaient la perception la plus juste et la plus correcte de la religion, et que leur pratique était même devenue un symbole de la soumission à la vérité et à la justice, de la compréhension et de la fraternité islamiques, ainsi que de la pratique des enseignements du Livre céleste. Selon cette approche, les Musulmans des premiers siècles islamiques, apprenaient la religion directement à la source, sans aucun intermédiaire et sans aucune imitation. C’est pourquoi l’une des particularités des mouvements islamiques contemporains consiste en une tendance intellectuelle pour la théorie de « l’Islam pur au-delà des écoles et des confessions ».
Quant au projet du retour à l’ère de la Charia pour une meilleure compréhension de la religion, avant l’apparition des différentes écoles, il conviendrait aussi de souligner que l’application pratique de ce projet, sans en avoir préparé les fondements théoriques, s’avère dangereuse. Il est évident que pour se référer directement aux textes fondamentaux de la religion afin d’en tirer directement les principes – notamment les principes et les décrets jurisprudentiels – il faut se doter d’une capacité scientifique suffisante : la connaissance profonde des règles et des normes de la littérature et de la langue arabe, la connaissance historique de l’époque de la révélation du Livre sacré, les conditions de la révélation des versets coraniques, la capacité de respecter la cohérence des déductions par rapport à la raison humaine, et enfin la connaissance suffisante des hadiths tant sur le plan des textes que pour leur documentation.
C’est pourquoi le défunt Mohammad Ghazali, penseur contemporain, a estimé que la méthode de la déduction des principes religieux en se référant directement aux textes fondamentaux, dont le noble Coran, sans en avoir les capacités et les connaissances nécessaires, serait une entreprise aventureuse et dangereuse, voire un préjudice irrémédiable pour le mouvement de l’érudition du monde de l’Islam à l’époque contemporaine. À ce propos, le maître Mohammad Ghazali a écrit : « Il vaut mieux préférer l’imitation des questions jurisprudentielle à cette perception particulière de la religion. Cette méthode est dépourvue de fondement scientifique, et elle est caractérisée par l’expression d’une sorte d’audace et d’arrogance, ainsi que le manque de respect à l’égard des leaders de différentes écoles islamiques, pour ne pas dire une offense contre l’ensemble de l’histoire de l’Islam. Les “successeurs” (تابعین) – c’est-à-dire les gens qui suivaient les compagnons du Prophète (saws) sans être eux-mêmes ses contemporains – ne suivaient jamais cette méthode. Il est donc indispensable de se référer ici aux compagnons du vénéré Messager de Dieu (saws) afin de déduire les principes à partir de leurs mœurs. » (Ghazali, 1411 de l’hégire, pp. 209 et 252)
Ce qu’il faut retenir ici c’est que la référence directe aux textes fondamentaux de la religion nécessiterait l’acquisition d’une compétence et d’une capacité scientifiques requises, dont l’absence rendrait nécessaire à son tour la soumission consciente aux experts et aux érudits spécialisés en la matière.
4-3- Le Coran conçu en tant que la première source de la Charia (source prioritaire) :
Ici, nous entendons par la priorité du noble Coran en tant que source de la Charia, c’est que selon cette approche, le Coran prend la place de la source prioritaire au lieu de l’avis des experts qui pourraient se fonder sur les hadiths dont la véracité serait douteuse. Sur cette base, le Coran est considéré comme le critère principal de la religion, et les différentes écoles de la religion doivent être jugées à partir de ce critère prioritaire.
La raison principale de cette approche fondée sur la priorité du noble Coran réside dans le fait que les autres textes que nous qualifions ici de “non coraniques” ne se placent pas au-dessus de la raison. C’est la raison pour laquelle le cheikh Mohammad Abduh s’exprimait sur les hadiths par ces termes : « Comment pourrais-je me référer à un hadith dont je ne connais pas du tout la véracité ? Et ce d’autant plus que la véracité des hadiths se repose souvent sur l’imitation aux grands oulémas ? « (Ammar, 1414 de l’hégire : 1/183).
4-4- Eviter de commenter les termes coraniques dont la signification nous paraît ambiguë, pour les prendre en leur sens propre :
Dans le noble Coran, il y a des mots et des concepts qui ont été présentés d’une manière générale sans qu’il soit toujours facile de comprendre leur signification exacte. Selon les partisans des mouvements islamiques contemporains, dont le cheikh Mohammad Abduh et Mohammad Rachid Reza, quand il s’agit de tels mots coraniques, il vaut mieux les prendre dans leur sens propre, en évitant surtout de les interpréter ou commenter sans en avoir des preuves et des raisonnements valables. Le terme « au-delà » est l’un de ces concepts coraniques. (Shahateh, sans date : p. 183)
4-5- Le retour à la raison dans le commentaire rationnel du noble Coran :
Grâce à son expertise en matière des sciences rationnelles dont la logique et la philosophie, Seyed Jamaleddine Assadabadi a réussi à éveiller plus ou moins un petit nombre d’oulémas de son temps, et à franchir un pas vers la lutte contre le fanatisme et les tendances soufies. Parmi les oulémas et les penseurs qui ont connu les travaux de Seyed Jamaladdine Assadabadi, il faut citer surtout le cheikh Mohammad Abduh et son élève Mohammad Rachid Reza, qui étaient tous les deux adeptes des écoles soufies avant de connaître Seyed Jamaleddine Assadabadi.
Ici, nous pouvons parler de la naissance d’un mouvement qui se plaçait intellectuellement entre le mutazilisme rationnel et le salafisme orthodoxe. (Abduh et Rachid Reza, 1414 de l’hégire : 1/7 ; Ghassem Mohammad, 2009 : p. 20 ; Ammareh, 1414 de l’hégire : 1/187)
4-6- Le retour aux traditions divines gérant le monde de l’existence et l’histoire de l’humanité, tout en tenant compte des aspects sociaux de la Charia évoqués dans les versets coraniques :
Selon les opinions des partisans du mouvement du « retour vers le Coran », le recours aux traditions divines (en tant que les lois établies par Dieu le Très-haut) portant sur les règles de l’univers de la création (les cieux, la terre, la lune, le soleil, la nature) est absolument nécessaire. De même, il est nécessaire de recourir aux traditions divines gérant l’histoire de l’humanité et les leçons à en tirer, tout en se penchant sur les aspects sociaux des enseignements coraniques. Le respect de ces éléments fait donc partie du projet du « retour vers le Coran ». (Shahateh, sans date : 105 ; Abduh et Rachid Reza, 1421 de l’hégire : p. 167)
5- les moyens et les instruments nécessaires de ce mouvement :
Quels étaient les moyens proposés par les pionniers du mouvement islamique contemporain dans le cadre de leur projet du « retour vers le Coran » ? Autrement dit, quelles étaient les motivations principales qui les avaient incités à présenter la théorie du « retour vers le Coran » comme une solution fiable pour réaliser l’unité de l’Oummah islamique ? Pour répondre à ces questions, il faut surtout évoquer trois paramètres essentiels :
1- Le retour vers le Coran dans le cadre de l’application d’une réforme politique et sociale :
La crise et la faiblesse tant politiques que sociales des Musulmans pendant une période donnée de l’histoire de l’Oummah islamique, surtout à l’époque contemporaine, ont amené les penseurs et les réformateurs de la communauté islamique à rechercher une solution appropriée pour redonner aux populations musulmanes leur grandeur, leur dignité et leur puissance d’antan. C’est la raison pour laquelle, ils ont eu la conviction que pour sortir de ces crises politiques et sociales, il fallait prendre le chemin du retour vers le noble Coran.
À ce propos, le cheikh Mohammad Abduh qui était l’un des pionniers de ce grand mouvement de réforme a écrit : « Nous croyons fermement que la faiblesse et l’arriération des populations musulmanes, et la perte de leur puissance sont dues au fait qu’elles se sont détournées malheureusement de la guidance du noble Coran. La grandeur, le pouvoir et la dignité ne seront accessibles pour les Musulmans que par leur retour vers la guidance du noble Coran. Les concepts enseignés par les versets coraniques confirment à leur tour cette vision des choses. Cet idéal sera réalisé à condition que les Musulmans se réunissent autour de l’idée de la résurrection du langage religieux inspiré du noble Coran. » (Abduh et Rachid Reza, Introduction, 1414 de l’hégire, p. 4).
Le penseur contemporain, Mohammad Ghazali estime que la faiblesse et le déclin politique et social des Musulmans sont dus à leur éloignement par rapport aux véritables concepts du noble Coran. À ce propos, il a écrit : « Si les Musulmans avaient contemplé avec attention les différents concepts du saint Coran, il n’auraient jamais été tombés dans le piège de la décadence, du despotisme politique et de l’oppression sociale. Pour empêcher la poursuite de cette décadence, il aurait suffi pour eux de titrer des leçons de l’histoire des peuples d’antan relatés dans le noble Coran. Mais malheureusement, les Musulmans ont écarté le saint Coran de leur vie quotidienne, d’où leurs problèmes et difficultés. » (Ghazali, 1411 de l’hégire : p. 231)
Le défunt Imam Khomeiny a écrit : « Les Musulmans souffrent de nombreux problèmes. Mais le plus grand problème avec lequel les Musulmans sont aux prises c’est qu’ils ont écarté le noble Coran de leur vie, et ils se sont soumis à l’autorité d’autres puissances. Le noble Coran dit :
واعتصموا بحبل الله جميعاً و لا تفرقوا
« Et cramponnez-vous ensemble au câble de Dieu ; et ne soyez pas divisés » [sourate 3, verset 103]
Si les Musulmans avaient appris le sens profond de ce verset lumineux du noble Coran, ils auraient trouvé le remède à tous leurs maux sociaux, politiques, économiques et culturels. » (Imam Khomeiny, 1983 : 13/123)
Par ailleurs, d’autres penseurs et chercheurs musulmans se mettent d’accord pour dire que la faiblesse et le déclin politique et social sont à l’origine de l’apparition de l’idée du « retour vers le Coran » à l’époque contemporaine. Pendant cette époque, les penseurs musulmans ont écrit de nombreux ouvrages consacrés au thème du « retour vers le Coran » et ont tous insisté sur la nécessité du recours aux valeurs originelles de la religion musulmane. (Ghassem, Ahmad : 1997 ; Ashkouri : 1998 ; Moradi : 2008 ; Khoramshahi : 1364).
2- Le retour vers le Coran pour corriger les croyances religieuses et pour lutter contre les innovations en matière de la religion et de la superstition :
Il arrive parfois que les croyances superstitieuses, les innovations en matière de la religion et les pratiques associationnistes apparaissent en raison des interprétations erronées et des tentations diaboliques. Ces mauvaises croyances s’infiltrent malheureusement dans les pensées religieuses de sorte qu’au fur et à mesure, les vérités de la religion se cachent sous une couche épaisse de dérives culturelles, sociales et politiques. Là, les penseurs et les réformateurs proposaient à la communauté musulmane de lutter contre la superstition, les innovations en matière de la religion, ainsi que de recourir de nouveau aux concepts unificateurs du noble Coran. L’objectif de ce mouvement consiste à purifier les croyances religieuses (Moradi, 2008 : p. 77)
Quant au mouvement du retour vers l’Islam qui était l’axe principal des slogans de Seyed Jamaleddine Assadabadi, le défunt Morteza Motahari a écrit : « Le retour vers l’Islam originel signifie l’effort pour ôter les superstitions et les rajouts qui ont été additionnés au cours de l’histoire à l’Islam. » (Motahari, 1997, p. 21)
3- Le retour vers le Coran pour corriger l’instabilité et la faiblesse qui existent dans le domaine de certains hadiths :
La propagation des faux hadiths falsifiés et l’existence de certains hadiths faibles du point de vue de documentation, sont à l’origine de la survenance de certaines divergences de vue et de contradictions parmi les différentes écoles et confessions au sein de la religion musulmane.
Les oulémas et les chercheurs religieux ont pourtant fait de leur mieux pour vérifier la documentation des hadiths. Mais il faut admettre que ces efforts sont plutôt orientés vers la critique de la documentation et de la véracité des hadiths, que la critique du contenu des hadiths et des récits. C’est pourquoi les règles et les normes établies pour la critique sont minimes par rapport à celles qui ont été fondées pour la vérification de la documentation des hadiths.
En outre, il est à noter que nos chercheurs n’ont pas effectué assez d’efforts en ce qui concerne la nécessité des recherches comparatives et l’usage d’autres sciences dont l’économie, la médecine, la sociologie pour développer les recherches interdisciplinaires. (Mehrizi, 2002 : p. 30)
L’étude de la documentation des hadiths (dite la science des transmetteurs) sans se tarder sur la critique thématique et analytique du contenu des hadiths, entraîne un problème : certains hadiths qui sont faibles du point de vue du contenu, sont considérés comme des hadiths documentés et originaux par les chercheurs qui adoptent cette approche. C’est la raison pour laquelle, les partisans du mouvement du « retour vers le Coran » estiment que pour éviter le risque de ces hadiths faibles du point de vue de leur documentation, il faut vérifier et contrôler les hadiths par les critères et paramètres coraniques.
Ceci nécessite d’ailleurs qu’avant toute chose, il faut d’abord présenter une définition claire et précise de ce que nous pouvons appeler « la critique textuelle des hadiths » : « la critique textuelle des hadiths signifie la vérification précise de leur véracité et de leur documentation, leur examen linguistique et sémantique, ainsi que l’examen de la personnalité des transmetteurs des hadiths, le niveau de leurs connaissances religieuses, et l’examen du contexte culturel et social de la transmission des hadiths. » (Ibn Ghayem, 1408 de l’hégire : p. 37 ; Ibn Khaldoun, 1426 de l’hégire : p. 4 ; Mehrizi, 2002 : p. 3)
Sur cette base, la confirmation de la véracité des hadiths ne se limite plus à la vérification de leurs documentations, mais aussi à l’étude critique du texte des hadiths. L’un des critères importants de cet examen textuel consiste à vérifier l’absence de toute contradiction entre le hadith étudié et le texte coranique. Cette approche s’appuie sur plusieurs récits et hadiths dont les suivants :
a) Un hadith du vénéré Messager de Dieu (saws) transmis par Abou Harireh, dit :
سيأتيکم عنی احادیث مختلفة فما جاءکم موافقاً لکتاب الله و سنتی فهو منیو ماجائکم مخالفاً لکتاب الله و سنتی فليس منی
« Arrivera le jour où divers récits et hadiths seront transmis à vous à mon nom. Acceptez comme véridiques ceux qui seront conformes au Livre de Dieu et à ma Sunna (tradition). Et rejetez ceux qui seraient contraires au Livre de Dieu à ma Sunna. » (Dar Ghatni, 1386 de l’hégire, n° 4430)
B) Un hadith du vénéré Messager de Dieu (saws) transmis par le vénéré Imam Sadeq (as), dit :
إن علی کل حق حقيقة و علی کل صواب نوراً فما و افق کتاب الله فخذوه،
و ما خالف کتاب الله فدعوه
« Il y a dans chaque droit une vérité, et il y a dans chaque bonne action une lumière. Prenez donc ce qui est conforme avec le Livre de Dieu, et écartez ce qui est contraire au Livre de Dieu. » (Koleyni, 1996 : 1/69)
Il est à noter que certains oulémas ont réfuté les hadiths portant sur la nécessité de la conformité des hadiths au noble Coran, en s’opposant à la contradiction de ces hadiths avec les hadiths confirmés qui conseillent le recours au saint Coran et à la Sunna prophétique. (Shokani, 1406 de l’hégire : p. 301 ; al-Damini, 1404 de l’hégire : p. 117 ; Mehrizi, 2003 : pp. 18-19)
Pour justifier les arguments des oulémas qui rejettent la nécessité de la conformité des hadiths au texte coranique, le cheikh al-Damini a écrit : « j’ai longuement étudié cette question, et j’ai finalement conclu que les oulémas qui le rejettent sont ceux qui interprètent ces hadiths de la manière suivante : Il faut rejeter ce qui est dit dans les hadiths mais qui n’est pas évoqué dans le saint Coran. Ils justifient alors leur refus en disant que la plupart des principes et des lois de la religion se fondent sur les hadiths, et que dans ce cas, la nécessité de la conformité des hadiths avec les versets coraniques, entraînera le rejet de la plupart des principes et des décrets de la religion, ce qui signifiera à leurs yeux le rejet de la tradition du vénéré Messager de Dieu (saws). » (al-Damini, 1404 de l’hégire : pp. 117 et 300)
Ibn Ghayem compte parmi les oulémas qui insistaient sur le respect du principe de la conformité des hadiths avec le texte coranique servant de critère pour distinguer les vrais et les faux hadiths. (Ibn Ghayem, 1408 de l’hégire : p. 303)
Il paraît que les pionniers du mouvement islamique à l’époque contemporaine, dont le cheikh Mohammad Abduh et Mohammad Rachid Reza, ont proposé à la communauté islamique une règle d’or en ce qui concerne l’extraction des décrets et des principes jurisprudentiels à partir des hadiths : le noble Coran doit être considéré comme le paramètre axial de l’unité des Musulmans. Par conséquent, ce qui n’est pas tiré directement du texte du saint Coran et qui est le résultat de l’Idjtihad et des efforts intellectuels des oulémas, ainsi que certains hadiths, doit être considéré comme non contraignant, ce qui permettra à chaque individu de décider librement, et selon ses propres convictions, de respecter et de pratiquer ou non ce genre de principes. (Abduh et Rachid Reza, 1414 de l’hégire : 1/118 et 37)
6- Les effets et les principes unificateurs du retour vers le Coran :
Après avoir prouvé que le saint Coran doit être admis par tout le monde comme un ensemble d’arguments solides, le Livre saint de tous les Musulmans, est le point d’appui principal de l’Oummah islamique et le facteur de son unité, il faut procéder ensuite à examiner les principes unificateurs et les effets de cet élément dans le domaine du rapprochement des différentes écoles islamiques :
a) Les fondements unificateurs du projet du « retour vers le Coran » :
Nous entendons par les fondements unificateurs du Coran, les principes et les critères pour assurer l’unité de l’Oummah islamique, par l’intermédiaire d’une lecture analogique des versets du noble Coran. L’étude et la contemplation profonde des versets corniques nous apprennent que Dieu le Très-haut met en relief deux questions primordiales : l’unicité et la morale. Par conséquent, ces deux thèmes sont à considérer comme les critères les plus importants du projet du rapprochement des différentes écoles islamiques :
1) L’unicité :
Le noble Coran insiste explicitement sur la nécessité de prendre l’unicité comme un critère de l’unité des croyants. Dans le verset 64 de la sourate 3, nous pouvons lire :
قُلْ يَا أَهْلَ الْكِتَابِ تَعَالَوْا إِلَىٰ كَلِمَةٍ سَوَاءٍبَيْنَنَا وَبَيْنَكُمْ أَلَّا نَعْبُدَ إِلَّا اللَّـهَ وَلَا نُشْرِكَ بِهِشَيْئًا
وَلَا يَتَّخِذَ بَعْضُنَا بَعْضًا أَرْبَابًا مِّن دُونِ اللَّـهِ ۚفَإِن تَوَلَّوْا فَقُولُوا اشْهَدُوا بِأَنَّا مُسْلِمُونَ
« Dis : Ô gens du Livre, venez-en à un dire qui soit commun entre nous et vous : que nous d’adorions que Dieu, sans rien Lui associer, et que parmi nous nul n’en prenne d’autres pour seigneurs en dehors de Dieu – Puis s’ils tournent le dos, eh bien, dites : Soyez témoins que, oui, c’est nous qui sommes les Soumis. »
Dans certains autres versets du noble Coran, il est dit que les messagers de Dieu avaient été tous chargés par le Seigneur le Très-haut de propager parmi les gens l’idée de l’unicité de Dieu, en les appelant à éviter l’associationnisme et la superstition. Parmi ces versets coraniques nous pouvons évoquer les suivants :
وَمَا أَرْسَلْنَا مِن قَبْلِكَ مِن رَّسُولٍ إِلَّا نُوحِي إِلَيْهِأَنَّهُ لَا إِلَـٰهَ إِلَّا أَنَا فَاعْبُدُونِ
« Et Nous n’avons envoyé avant toi aucun messager, que Nous ne lui ayons révélé : Non ! point de Dieu que Moi. Adorez-Moi donc. » (sourate 25, verset 21)
وَلَقَدْ بَعَثْنَا فِي كُلِّ أُمَّةٍ رَّسُولًا أَنِ اعْبُدُوااللَّـهَ وَاجْتَنِبُوا الطَّاغُوتَ
« Et très certainement Nous avons suscité dans chaque communauté un messager, pour ceci : Adorez Dieu, et écartez le Rebelle ! » (sourate 16, verset 36)
كَانَ النَّاسُ أُمَّةً وَاحِدَةً فَبَعَثَ اللَّـهُ النَّبِيِّينَمُبَشِّرِينَ وَمُنذِرِينَ
« Les gens formaient une seule communauté. Puis Dieu suscita des prophètes comme annonciateurs et avertisseurs. » (sourate 2, verset 213)
Ces versets lumineux du noble Coran nous apprennent donc que l’Oummah unique se forme sur la base de la croyance en l’unicité de Dieu et l’adoration du Seigneur. De même, la division et la discorde parmi les gens résultent de leur dérive du chemin de l’unicité et du recours aux croyances superstitieuses. Quant au rôle des Messagers de Dieu, le noble Coran indique qu’ils étaient annonciateurs et avertisseurs (pour le commentaire, voir : al-Ashqar, 1425 de l’hégire : 45)
2) La morale :
Il existe dans le saint Coran de nombreux versets qui appellent les croyants à respecter les règles de la morale vis-à-vis de leurs adversaires, à respecter les règles de mœurs dans leurs paroles. Il paraît que ces appels constitueraient de très bons instruments au service du rapprochement. Parmi ces versets coraniques nous pouvons évoquer les suivants :
وَلَا تَسُبُّوا الَّذِينَ يَدْعُونَ مِن دُونِ اللَّـهِ فَيَسُبُّوااللَّـهَ عَدْوًا بِغَيْرِ عِلْمٍ
« N’injuriez pas ceux-là qu’ils invoquent au lieu de Dieu, car par transgression, ils injurieraient Dieu sans savoir. » (sourate 6, verset 108)
Ce verset nous apprend que lorsqu’il est interdit selon la religion d’injurier les ennemis et les mécréants, il est évidemment interdit aussi de faire du mal et de harceler les frères et les sœurs coreligionnaires.
ادْعُ إِلَىٰ سَبِيلِ رَبِّكَ بِالْحِكْمَةِ وَالْمَوْعِظَةِالْحَسَنَةِ ۖ وَجَادِلْهُم بِالَّتِي هِيَ أَحْسَنُ ۚ
إِنَّ رَبَّكَ هُوَ أَعْلَمُ بِمَن ضَلَّ عَن سَبِيلِهِ ۖ وَهُوَأَعْلَمُ بِالْمُهْتَدِي
« Par la sagesse et la bonne exhortation, appelle au sentier de ton Seigneur. Et dispute avec eux avec ce qu’il y a de plus beau. Oui, c’est ton Seigneur qui sait le mieux lequel s’égare de Son sentier, et c’est Lui qui sait le mieux ceux qui bien se guident. » (sourate 17, verset 125)
Ce lumineux verset du noble Coran détermine les règles de mœurs, en affirmant que le respect de ces mœurs coraniques assurera l’efficacité du dialogue.
b) La création des liens étroits d’amitié et d’affection parmi les Musulmans par le « retour vers le Coran » :
Le Coran est le Livre saint de tous les Musulmans, et le respect sincère de ses consignes aura sans aucun doute des effets indéniables dans le sens du renforcement du rapprochement entre les membres de l’Oummah islamique. Parmi ces effets nous pouvons surtout évoquer les suivants :
1) La création de l’Oummah islamique unique :
Si le « retour vers le Coran » devient l’axe principal du projet de l’unité de l’Oummah islamique, les Musulmans se réuniront autour de cet axe, ce qui nécessitera évidemment la priorité des principes indiqués explicitement dans le texte coranique, par rapport aux principes secondaires issus de l’Idjtihad et de la jurisprudence. En outre, en insistant sur la signification profonde du « retour vers le Coran », les Musulmans se mettront tous à réaliser ensemble le slogan de l’unité dans le cadre de la croyance en l’unicité du Créateur : « l’unité du verbe et l’unicité du Créateur » (توحید الکلمة و کلمةالتوحید) et « l’Islam au-delà des écoles » (اسلام بلا مذاهب) pour en faire une composante de leur identité idéologique.
En réalité, nous entendons par « l’Islam au-delà des écoles », une perception de l’Islam selon laquelle les Musulmans accordent la priorité aux principes indiqués explicitement dans le texte coranique par rapport à l’Idjtihad et à la jurisprudence, ce qui signifie en d’autres termes, le retour à l’ère de la Charia avant l’apparition des différentes écoles. (Shakeh, 1416 de l’hégire : texte intégral du livre)
La création de l’Oummah islamique unique est, en réalité, une réponse à l’appel divin portant sur la nécessité de l’unité et le rejet de la division. Nous pouvons retrouver la question de l’unité dans de nombreux versets du saint Coran (sourate 3, versets 103 et 105 ; sourate 49, versets 10 et 13 ; sourate 21, verset 92). Le fait que tant de versets du Coran sont consacrés à la question de l’unité, indique l’importance de cette question dans l’optique coranique. Il est certain que le concept de l’unité est renforcé s’il se définit autour de l’axe du saint Coran, et qu’il risque de s’affaiblir s’il préfère se référer plutôt aux différentes écoles (en matière de l’Idjtihad et de la jurisprudence).
L’unité permettra aux Musulmans de s’émanciper de la faiblesse, de l’arriération, et des crises politiques, sociales et économiques. Elle les aidera aussi à se libérer de l’hégémonie des puissances colonialistes de l’Est et de l’Ouest pour assurer leur indépendance. Bref, si le Coran constitue l’axe principal de l’unité, les Musulmans bénéficieront de ses effets d’abord au niveau des pensées religieuses et de la vision du monde, ensuite au niveau pratique. À ce propos, Eghbal Lahouri a écrit dans son livre intitulé « Le livre éternel » :
« Tant que le Coran existera dans ce monde,
« Il brisera les magies des mécréants.
« Il vous révèle le secret caché dans le cœur :
« Rien ne peut égaler ce Livre.
« S’il entre dans l’âme, celle-ci sera revivifiée,
« Si l’âme se revivifie, le monde sera changé.
« Il est évident comme la vérité,
« Il est vivant, éternel et éloquent.
« Il contient la destinée de l’Ouest et de l’Est,
« Il contient les pensées les plus lumineuses. » (Eghbal, 2007, p. 466)
2) La priorité des principes généraux par rapport aux principes secondaires :
Le mouvement du « retour vers le Coran » a de nombreux effets bénéfiques dont le recours aux principes généraux de la religion, en accordant la priorité à ces principes par rapport aux principes secondaires. La convergence autour des principes généraux renforcera l’unité des Musulmans, tandis que si l’on donne la priorité aux principes secondaires, l’unité des Musulmans serait affaiblie.
Ce principe est conforme à la vision coranique :
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تَسْأَلُوا عَنْ أَشْيَاءَ إِنتُبْدَ لَكُمْ تَسُؤْكُمْ
« Ô les croyants ! Ne posez pas de questions sur des choses qui, si elles vous étaient exposées, vous nuiraient. » (sourate 5, verset 101)
Si un individu a recours au respect et à la pratique des principes secondaires issus de l’Idjtihad et de la jurisprudence, en complémentarité avec les principes généraux de la religion – à condition qu’il soit lui-même convaincu de sa légitimité – il aura le droit d’y recourir sans qu’un tel Idjtihad soit contraignant pour les autres musulmans (Abduh et Rachid Reza, 1414 de l’hégire : 1/118 et 137).
Conclusion :
1) Le concept du « retour vers le Coran » n’a pas une signification unique, car il contient en lui de nombreuses notions parfois contradictoires les unes avec les autres. Parmi ces différentes significations, celle qui donne la priorité au saint Coran en tant que source principale de la Charia, sera celle qui apportera aux Musulmans le bonheur et l’unité, en leur indiquant le chemin pour pratiquer leurs devoirs individuels et sociaux, car il met l’accent sur la guidance du Coran et rejette la superstition.
2) Un projet du « retour vers le Coran » sans tenir compte de ses principes et des objectifs spécifiques (sans en respecter les règles) ne sera pas efficace.
3) Dans le domaine des sciences coraniques et des mouvements islamiques, de précieux ouvrages et recherches ont été présentés au sujet de la nécessité du « retour vers le Coran » et sa signification. Cependant, il faut encore beaucoup de travail pour déterminer les fondements, les modalités et les objectifs de ce mouvement.
4) L’un des principes et fondements du mouvement du « retour vers le Coran » consiste en un retour à l’ère de la Charia pour pouvoir en déduire les décrets et les principes de la religion. Ce qui est très important dans ce retour vers la Charia, c’est que pour se référer directement aux textes fondamentaux de la religion, notamment le noble Coran, il est nécessaire d’avoir la compétence et la capacité scientifiques; sinon il vaudrait mieux se référer avec conscience aux avis des experts en la matière.
5) L’étude et la contemplation profonde des versets du noble Coran nous apprennent que Dieu le Très-haut a toujours insisté dans le Coran sur deux critères essentiels de la religion, à savoir « l’unité » et « la morale ».
6) Il est préférable que pour pouvoir déterminer avec précision la signification exacte du « retour vers le Coran », les chercheurs et les savants définissent les règles et les critères clairs et précis, tout en rendant hommage aux efforts et aux œuvres des pionniers du mouvement du « retour vers le Coran ». Dans ce cadre, il faut organiser des réunions et des conférences ou des compétitions, et développer la publication des livres et des articles consacrés à ce thème.
7) Il faut intégrer le concept du « retour vers le Coran » dans le programme d’enseignement à des niveaux différents afin d’en déterminer les fondements, les principes et les objectifs pour les jeunes.
Sources et références :
1- Ibrahim, Anis et les autres : (المعجم الوسیط), Le Caire, 1392 de l’hégire.
2- Esfandiyari, Mohammad : Le message du soleil, recherche sur la vie et les pensées de l’Ayatollah Taleghani, Qom, éd. Sahif-e Kherad, 2004.
3- Ashqar, Omar Soleiman Abdallah, Amman (Jordanie), éd. Dar al-Nafayes, 13e éd., 1425 de l’hégire (2005).
4- Ashkouri Youssefi : L’encyclopédie du Coran, édité par Bahaeddine Khoramshahi : article : Le retour vers le Coran, Téhéran, éd. Doustan va Nahid, 1er éd. 1998.
5- Eghbal Lahouri : Poésie complète, Téhéran, éd. Zavar, 3e éd., 2007.
6- Bastekar, Mohammad : Un minaret dans le désert, articles de l’Ayatollah Taleghani, Téhéran, éd. Ghalam, 2e éd., 1999.
7- Khoramshahi, Bahaeddine : Le commentaire, et les nouveaux commentaires, article sur le retour vers le Coran, Téhéran, éd. Keyhan, 1985.
8- Khatib Baghdadi : L’histoire de Bagdad, Beyrouth, éd. Dar al-Kotob al-Elmiyah, sans date.
9- Ibn Khaldoun : L’histoire d’Ibn Khaldoun, noté par Mohammad Mohammad Tamer, Le Caire, éd. Maktab al-Seqafah al-Diniyah, 1er éd., 1426 de l’hégire.
10- Khomeiny, Rouhollah : Le livre de la lumière, Téhéran, éd. du Centre des documents de la Révolution islamique, 1er éd., 1983.
11- Khomeiny, Rouhollah : Le testament politique et spirituel, Téhéran, éd. Barg Negar, 2e éd., 1999.
12- Dar Qatni : (سنن الدار قطنی), Le Caire, 1386 de l’hégire.
13- Al-Damini, Safar Azmallah : (مقائیس نقد متونالسنة), Riyad, 1404 de l’hégire.
14- Zarkeshi : (البرهان فی علوم القرآن), noté par Mohammad Abolfazl Ibrahim, Beyrouth, Saïda, éd. Al-Maktab al-Asriyah, 1427 de l’hégire (2006).
15- Siyouti, Jalaleddine Abdelrahman : (الاتقان فی علوم القرآن), noté par Mohammad Abolfazl Ibrahim, Qom, éd. al-Sharif al-Razi, 2e éd., 1411 de l’hégire.
16- Shabestari, Mojtahed : Le Livre de l’innovation religieuse, dialogue avec Hassan Youssefi Ashkouri, éd. Ghassieh, 1999.
17- Shahateh, Abdallah Mahmoud : (الامام محمد عبده بینالمنهج الدینی و الاجتماعی), éd. du Conseil public égyptien pour la publication, sans date.
18- Shakeh, Mustapha : (اسلام بلا مذاهب), éd. Dar al-Mesri al-Lobnaniyah, 1416 de l’hégire.
19- Shokani, Mohammad ibn Ali : (فوائد المجموعة فی الأحادیثالموضوعة), noté par Mohammad Abdelrahman Avaz, Beyrouth, éd. Dar al-Ketab al-Arabi; 1er éd., 1406 de l’hégire.
20- Sobhi al-Saleh : (مباحث فی علوم القرآن), Beyrouth, éd. Dar al-Elm Lel-Malain, 2009.
21- Abduh, Mohammad & Rachid Reza, Mohammad : (تفسیرالمنار), Beyrouth, éd. Dar al-Marafah, 1414 de l’hégire (1993).
22- Ammareh, Mohammad : (الاعمالال کاملة للامام شیخ محمدعبده), Beyrouth et Le Caire, éd. Dar al-Shorouq, 1er éd., 1414 de l’hégire (1993).
23- Ghazali, Mohammad : (کیف نتعامل مع القرآن), éd. du Centre internationale de la pensée islamique, 1er éd., 1411 de l’hégire.
24- Ghassem, Ahmad : (العودة إلی القرآن), éd. Maktab Madbouli al-Saqir, 1997.
25- Ghassem, Mohammad : (جمال الدین الافغانی، حیاته وفلسفته), Le Caire, éd. du Conseil public égyptien pour la publication, 2009.
26- Ibn Ghayem : (المنار المنیف), éd. Dar al-Kotob al-Alamiyah, Beyrout, 1408 de l’hégire.
27- Koleyni : Osul Kafi, traduit en persan par Kamarei, Téhéran, éd. Osveh, 3e éd., 1996.
28-Moradi, Mohammad : Un article sur le retour vers le Coran, in: Revue Missaq, 2e année, n° 7, 2008.
29- Motahari, Morteza : Les mouvements islamiques des cent dernières années, Téhéran, éd. Sadra, 22e éd., 1997.
30- Ibn Manzour : (لسان العرب), Beyrouth, éd. Dar Ahya al-Tarath al-Arabi, 1408 de l’hégire.
31-Mehrizi, Mahdi : Article : La critique du texte, in: Revue Oloum-e Hadith, n° 4, 7e année, 2002.
Professeur émérite de la jurisprudence et du droit à l’Université islamique Om Dorman (Soudan)
et Professeur à l’Université des confessions islamiques (Téhéran)