Abstract
بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ
Bi-smi-Allâhi ar-Rahmâni ar-Rahîmi,
Par [la grâce du] Nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux,
إِنَّا أَنزَلْنَاهُ فِي لَيْلَةِ الْقَدْرِ (1)
Innâ anzalnâhu fî laylati-l-qadri
C’est que Nous l’avons fait descendre durant la Nuit d’al–Qader.
بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ
« Bi-smi-llâhi ar-Rahmâni ar-Rahîmi »
Le basmalah, comme nous l’avons vu précédemment, est lié à la sourate, au premier verset et y prend le sens. Lequel ?
إنَّآ « innâ »
« Inna » particule introduisant une phrase nominale mettant en valeur le terme de départ (al-mubtada’), en l’occurrence le pronom personnel suffixe de la première personne du pluriel « nâ » (nous) désignant Dieu, et confirmant l’information.
« nâ » : « Nous » qui désigne Dieu : c’est Dieu qui parle. Pourquoi l’emploi du pluriel ?
أَنْزَلْنَاهُ « anzalnâhu »
-« Anzalnâ » : du verbe « na-za-la. » descendre à la 4ème forme pour indiquer un sens factitif ou causatif : « faire descendre. Descendre quoi ? comment ?
Ce mot est souvent traduit par « révélé » quand il s’agit du Coran. Il perd alors l’idée de « descente » qui amène d’autres questions : descendre d’où ?, vers où ? sur qui ? et comment ?
Pour des choses matérielles, nous pouvons par exemple imaginer l’atterrissage d’un avion .. mais pour des choses immatérielles ?
-« hu » : pronom personnel suffixe, à la 3ème personne du singulier masculin. Il désigne quoi ? Surtout que c’est le premier verset de la sourate.
Reprenons..(en nous aidant des commentaires de l’Imam Khomeiny(qs) (in al-Adab al- Ma‘nawiyyah li-s-Salât, partie 4, chap.7), de Sayyed Tabâtabâ’i (in Tafsîr al-Mîzân) et de Shahîd Mutaharî (in Drûss mina-l-Qurân).)
بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ
« Bi-smi-llâhi ar-Rahmâni ar-Rahîmi »
Le basmalah de chaque sourate est lié à cette sourate. Son sens entier apparaîtra mieux avec la compréhension de la sourate. Dès maintenant, nous pouvons dire : c’est par le Nom de Dieu (Allâh) – qui est la Vérité regroupante nominale, le Nom le plus Grandiose Seigneurial – déterminé par la Miséricorde absolue la Toute-Miséricordieuse, la Très-Miséricordieuse (ar-Rahmâniyyah, ar-Rahîmiyyah), suite à l’apparition regroupante (ou synthétique) divine, au repliement (qabid) et au déploiement (basat) du Très-Miséricordieux, du Tout-Miséricordieux, qu’a lieu la « descente », l’apparition du Coran.
Même !, selon l’Imam(qs), la réalité du Coran est la station de l’apparition du Nom de Dieu le plus Grandiose par l’apparition du Tout-Miséricordieux, du Très-Miséricordieux, et le Regroupant du tout et du détail.
إنَّآ « innâ »
L’emploi emphatique du pronom personnel à la première personne du pluriel pour indiquer Dieu est pour magnifier la Station de Dieu Très-Elevé par le principe de la descente de ce noble livre.
Et peut-être que ce pluriel est une considération de l’ensemble des Noms et une indication que Dieu Très-Elevé est le Principe (l’Origine) de ce Noble Livre.
De ce point de vue, ce noble Livre est une forme de l’Unité du regroupement de l’ensemble des Noms et des Attributs et fait connaître la Sainte Station de Dieu avec la totalité des affaires et des manifestations.
En d’autres termes, ce Livre lumineux est la forme du Nom le plus Grandiose, tout comme l’Homme Parfait est la forme du Nom le plus Grandiose. Même ! La réalité de ces deux, dans la Présence du Mystère (Ghayb), est une. Dans le monde de la séparation, ils sont séparés selon la forme, mais pas en fonction du sens, ils sont un. Et cela est l’une des significations de : « Ils ne se sépareront jamais jusqu’à ce qu’ils reviennent à Moi au bassin. »
De même que Dieu Très-Elevé a pétri l’argile d’Adam primordial, de l’Homme Parfait, des deux Mains de la Majesté et de la Beauté, Il a fait descendre le Livre parfait, le Coran « synthétique » des deux Mains de la Beauté et de la Majesté.
Et de ce point de vue, c’est peut-être pour cela que le Coran fut appelé « Quran » [cf. l’un des sens de la racine du mot « Qa-Ra-‘a = rassembler, réunir], parce que la Station de l’Unité (al-Ahadiyyah) est le regroupement de l’Unité et de la Multiplicité. Pour cet aspect, ce Livre n’est pas susceptible d’abrogation ni de cessation, car le Nom le plus Grandiose et ses Apparences sont Eternelles (sans commencement) et Perpétuelles (sans fin), et l’ensemble des législations (les Lois révélées) sont un appel à cette Législation et au Tutorat de Mohammed.
أَنْزَلْنَاهُ « anzalnâhu »
-« Anzalnâ » : la 4ème forme dérivée du verbe « nazala » (descendre) au temps du passé à la 1ère personne du pluriel selon « innâ » : « Nous avons fait descendre.. »
Mais quand on parle de « descendre » ici, il ne s’agit pas d’un déplacement spatial matériel du haut vers le bas – puisque nous sommes au niveau de l’immatériel et que Dieu est partout – mais de manifestations du Simple vers le complexe, de l’Unité vers la multitude.
Tous les savants musulmans sont d’accord pour dire que l’emploi de la 4ème forme dérivée indique la descente d’un coup, de l’ensemble du noble Coran sur le cœur du Prophète(s) (au contraire de la 2de forme dérivée (« nazzala ») qui indiquerait une descente graduelle, progressive, répétitive), comme en témoignent notamment les versets 105-106 de la sourate 17 le Voyage Nocturne qui citent les deux formes du verbe « nazala » même si elles ont été traduites de la même façon en français : {C’est avec la Vérité que Nous l’avons fait descendre (anzalnâ) et c’est avec la Vérité qu’il est descendu – et nous ne t’avons envoyé qu’en tant qu’annonciateur et avertisseur –. Et un Coran que Nous avons fragmenté pour que tu le lises lentement. Nous l’avons fait descendre progressivement (nazzalnâhu tanzilann}.}.
Dans tous les cas, le mot « faire descendre » (d’un coup ou progressivement) indique un mouvement du haut vers le bas. Viennent alors plusieurs questions à l’esprit. La première (les autres seront vues la prochaine fois) :
1)D’où ? : Dieu a insisté sur le fait qu’Il est à l’origine de la descente du Livre, et plus précisément la descente du Coran se fait à partir de la Station de l’Unité du Regroupement de l’ensemble de Ses Noms et des Attributs dont le Nom le plus Grandiose.
2)Sur qui ? : Tous les savants sont d’accord pour dire que le noble Coran est descendu sur le cœur du Prophète Mohammed(s) d’un coup pendant la Nuit d’al-Qader. Comme nous l’avons vu, il ne s’agit pas de descente matérielle spatiale mais de manifestations de Dieu du Simple vers le complexe, de l’Unité vers la multitude. Le mot « descendre » sous-entend différents degrés, différents niveaux d’existence et de Manifestation de Dieu, de la Station du Mystère absolu au Manifeste le plus apparent pour nous, ce monde ici-bas, tout en sachant que l’ensemble de la Demeure de la Réalisation (Tahqiq) et des niveaux de l’Existence sont une forme (sûrat) de l’Effusion (Fayd) divine sainte, qui est, elle, la Manifestation rayonnante de Dieu Très-Elevé disparaissant (fâniyah) dans Dieu (al-Haqq), qu’elle soit Essence, Attribut ou Acte.
3)Quoi ? (« Nous avons fait descendre » quoi ?), ce qui revient à déterminer ce que représente le pronom personnel « hu » dans « anzalnâhu », dans le verset. De même, tous les savants sont d’accord pour dire que « hu » renvoie au noble Coran, comme cela apparaît dans d’autres versets coraniques.
Et selon ce qui est apparent, à l’ensemble du noble Coran, pas une partie ni quelques versets du Coran.
Certains savants voient dans l’emploi de ce pronom personnel appelé en arabe « al-ghâ’ib » (l’absent, l’inconnu, le secret), un sens plus profond : le Coran, avant sa descente dans cette demeure (nasha’t) [en ce monde], a des stations (maqâmât) et des états d’être (kaynûnât). Sa première station est son état d’être relevant du Savoir dans la Présence du Mystère (al-hadarat al-ghaybiyyah), par le fait de la locution essentielle (« se parler en soi ») et de la résonance essentielle (en soi) par la voie de l’Unité de la synthèse. Et sans doute le pronom personnel à la troisième personne du singulier est une indication de cette station.
Dieu Très-Elevé l’a évoquée par le pronom à la troisième personne du singulier qui indique l’absent pour montrer ce sens, comme s’Il disait : « Le Coran qui descend durant la Nuit d’al-Qader, est ce Coran « relevant du savoir » dans le secret caché, l’invisible, (ghaybî) dans la Demeure du Savoir, que Nous avons fait descendre à ces niveaux, alors qu’il était unifié avec l’Essence dans la station et qu’il était [une] des manifestations des Noms [de Dieu]. Cette Vérité (Réalité) apparente est ce Secret divin.
Ce Livre qui apparaît dans le vêtement des expressions (ou lettres), des mots prononcés, est la forme (image) des manifestations essentielles au niveau de l’Essence, et la manifestation-même des actes au niveau de l’Acte, comme dit le Prince des croyants(p) : « Sa Parole est Son Acte. »
4)Et enfin comment ?
Cela fait partie des subtilités des connaissances divines et des secrets des Vérités religieuses. Peu de personnes ont pu en avoir un aperçu par la voie du savoir, et il n’a été donné à personne d’en connaître les subtilités divines par la voie du dévoilement et de la vision, sauf aux Proches-Elus Parfaits de Dieu, et en premier lieu au Messager, le Sceau [des Prophètes] ; après lui(s), le reste des Proches-Elus, les gens des connaissances et leurs aides(p).
Pourquoi ? Parce que la contemplation de cette Vérité n’est possible qu’en parvenant au monde de la Révélation (wahî) et en sortant des limites des mondes possibles [« non-nécessaires » pour employer un langage philosophique].
L’imam Khomeynî(qs) souleva un peu pour nous le voile de cette vérité, de façon symbolique, en donnant des indications. Après avoir fait allusion à ceux qui ont voyagé vers Dieu jusqu’à leur « anéantissement » (fanâ) en Lui, il(s) parla des Prophètes(p). Ceux-là sont ceux qui ont en eux la capacité (qâbiliyyah) de revenir à eux-mêmes après avoir achevé le voyage vers Dieu et en Dieu et qui obtiennent alors un état de lucidité (sahû) et d’éveil (ifâqat). Ceux-là sont ceux dont leur disposition (isti‘adâd) a été mesurée (qaddara) en fonction de la Manifestation de l’Effusion sanctissime, qui est le Secret d’al-Qader. Dieu les a choisis pour perfectionner les serviteurs et faire prospérer les pays.
Après avoir atteint la Présence du Savoir et être revenus aux réalités (haqîqat) des déterminations, ceux-là parcourent le cheminement parmi les déterminations par le dévoilement. Ils atteignent alors la Présence de la Sainteté. Leur voyage est en Dieu et vers la Félicité et ils sont revêtus de l‘Habit de la Prophétie.
Ce dévoilement est une révélation divine avant la descente dans le monde de la Révélation de Gabriel (ou « par l’intermédiaire » de Gabriel).
Après s’être dirigés de ce monde vers les mondes inférieurs, ils découvrent ce qui se trouve dans les Calames supérieurs et dans les saintes Tablettes [ces deux mots « Calames » et « Tablettes » désignent les Intelligences pures exemptes de tout manque du monde al-Jabarût (de la « domination ») et les Âmes du monde al-Malakût (monde immatériel) supérieur], à la mesure de l’étendue de leur savoir et de leur [degré] de perfection, spécifiques à chacun d’entre eux suivant les Présences des Noms. (D’ailleurs, la différence des Législations et des Prophéties, même l’ensemble des différences, proviennent de là.)
A ce niveau, cette Vérité du Mystère, ce saint Secret qui fut contemplé dans la Présence du Savoir, les Calames et les Tablettes Supérieures, descend sur/dans leurs cœurs bénis – parfois en passant par le mystère de l’âme et le secret de leur noble esprit par l’intermédiaire de l’Ange de la Révélation qu’est Gabriel ; parfois l’Ange Gabriel prend pour eux une forme de la forme de la Présence des formes [c’est-à-dire le monde intermédiaire] ; et parfois, l’Ange prend une forme de ce monde [c’est-à-dire le monde matériel] –. Par l’intermédiaire de cette réalité, il [l’Ange Gabriel] apparait des replis du Mystère jusqu’au monde manifeste et descend avec cette Subtilité Divine.
Le détenteur de la Révélation la saisit et la contemple dans chaque monde d’une manière : ainsi dans la Présence du Savoir, d’une façon ; dans la Présence des Déterminations, d’une façon ; dans la Présence des Calames, d’une façon ; dans la Présence des Tablettes, d’une façon ; dans la Présence des Formes, d’une façon ; dans le sens commun, d’une façon ; dans le [monde] manifeste d’une façon ; Sept niveaux de descente. Et peut-être que le propos rapporté concernant la « descente du Coran selon sept lettres » est une indication de cela et ne contredit pas une autre parole des Infaillibles(p) connue : « Le Coran est unique de chez l’Unique. » (cf. al-Kâfî, vol.2 p630)
فِي لَيْلَةِ القَدْرِ« fî laylati-l-qadri »
-« fî » : préposition indiquant aussi bien le lieu (où l’on se trouve, dans, à..) que le temps (durant, lors, pendant). Ici c’est dans le sens temporel qu’il est employé et cela à cause du mot auquel il se rapporte qui indique le temps : la nuit.
-« laylati » : la nuit. Une nuit comme nous les connaissons sur terre ? ou ce mot a un autre sens plus profond (bâtin) ?
-« al-Qader » : ce mot est souvent traduit à tort par « destin » lui donnant un sens d’irrévocabilité, qui n’est pas obligatoirement contenu dans ce terme.
Au premier regard dans un dictionnaire, il signifie à la fois la valeur, la mesure, le décret et le destin (mais révocable)… Il s’avère donc nécessaire d’approfondir la connaissance de ce mot. En attendant, faute de trouver un terme qui lui donne son sens complet, nous allons garder « al-Qader » sans le traduire.
Reprenons..(en nous aidant des commentaires de l’Imam Khomeiny(qs), (in al-Adab al- Ma‘nawiyyah li-s-Salât, partie 4, chap.7), de Sayyed Tabâtabâ’i, (in Tafsîr al-Mîzân) et de Shahîd Mutaharî (in Drûss mina-l-Qurân).
فِي لَيْلَةِ « fî laylati »
Le sens global de ces deux mots « fï laylati » est « durant la nuit ». S’il s’agit d’une nuit telle que nous les connaissons quotidiennement, de quelle nuit s’agit-il ?
Selon le plus probable, c’est la 23ème nuit du mois de Ramadan
-Nous pouvons déduire à partir du verset 185 de la sourate La Vache : {Le mois de Ramadan durant lequel le Coran a été descendu}, qu’il s’agit d’une nuit du mois de Ramadan.
Rien d’étonnant à cela, puisqu’il est le seul mois à être en entier réservé aux actes d’adoration, à la purification (physique et morale), à l’orientation vers Dieu pour son élévation vers Lui. L’homme commence au début du mois jusqu’à arriver à cette nuit, durant laquelle des portes du ciel s’ouvrent devant lui..
-Concernant la détermination de la nuit d’al-Qader, les propos rapportés du saint Prophète(s) et des Imams Infaillibles(p) laissent entrevoir plusieurs possibilités : la nuit du 19 du mois de Ramadan (la nuit où l’Imam ‘Alî(p) fut blessé mortellement) ; la nuit du 21 du mois de Ramadan (la nuit du martyre de l’Imam ‘Alî(p)) ; la nuit du 23 du mois de Ramadan ; une des dix dernières nuits de ce mois. Le plus probable est la nuit du 23 du mois de Ramadan.
Et ce qui est certain, c’est que le Coran ne descend que durant cette nuit.
-Pourquoi n’arrivons-nous pas à connaître exactement quelle nuit ? Cela-même relève-t-il du Secret du Mystère (Ghayb) ? Il est connu que les nuits viennent de la course du soleil, de la lune et de la terre. Et il est rapporté des Infaillibles(p) que la nuit d’al-Qader fut créée avant que la terre ne fut créée (d’al-Bâqer(p) : « Dieu a créé la Nuit d’al-Qader au début de la création de ce monde (ad-Dunia). » (al-Kâfî, vol.1 p250)).
On peut comprendre de cela que la nuit d’al-Qader est une vérité qui est derrière ces nuits connues et qu’elle a une forme et une apparence (même ! des apparences), dans le monde de la nature (le monde matériel).
Il est possible qu’il y ait beaucoup de ramifications dans ce monde du manque, des déficiences, de l’imperfection. Ainsi, de ce point de vue, il est possible de rassembler les différents propos rapportés qui parlent de la date de la nuit d’al-Qader en tant que l’ensemble des nuits nobles citées ont toutes l’apparence de la nuit d’al-Qader, sauf qu’elles divergent du point de vue de la noblesse et de la perfection apparente, et que la noble Nuit qui a la totale apparition de la Nuit d’al-Qader y est cachée. Il n’y a pas de mal à ce que les gens se préoccupent de l’ensemble de ces dernières nuits.
Et peut-être, y a-t-il là un signe que la Nuit d’al-Qader est le « secret d’al-Qader », le caché (ghayb) d’al-Qader, le voilement (ihtijâb) d’al-Qader que personne de ce monde ne connait.
Pourquoi parler de la « Nuit » d’al-Qader ?
-Pourquoi parler de la « Nuit » d’al-Qader alors que l’on parle du « Jour » du Jugement Dernier ?
Sans doute en allusion au voilement du Soleil de la Vérité (al-Haqq – Dieu) dans l’horizon des déterminations, de la multitude. Car la Nuit d’al-Qader est la nuit durant laquelle la Réalité la plus grandiose divine (Dieu) s’est voilée de toutes les « affaires » (shu’ûn) et de l’Unité regroupant les Noms et les Attributs (qui est la Vérité (Réalité) du Nom le plus Grandiose), durant la descente des déterminations dérivées de la première, le Nom le plus Grandiose. Elle est la détermination et l’édifice (buniyat) de Mohammed pour le parfait walî de Dieu. Voilement qui se manifeste à nous, sur terre, de façon distincte, par l’intermédiaire du Coran et du Prophète(s) (et des membres de sa famille(p)).
L’Imam as-Sâdeq(p) dit à propos de la Nuit d’al-Qader : « La « Nuit » est Fâtimah et « al-Qader » est Dieu. Aussi, celui qui connaît Fâtimah à sa juste valeur, saisit (connait) la Nuit d’al-Qader . Elle a été appelée « Fâtimah » de [Fa-ta-ma] parce que la création a été sevrée [empêchée] de sa connaissance. » (in Bihâr vol.43, p65 H58)
Alors que le Jour du Jugement est le « Jour » du retour à Dieu, de la « remontée » à Lui. C’est le Jour de la sortie du Soleil de la Vérité de l’horizon des déterminations, le déploiement de la lumière et de l’Effusion divine, le retour à l’Unité. Il est également appelé l’édifice (bunyat) Ahmadien (Ahmadiyyah-d’Ahmed) dans le monde céleste auquel Fâtimah(p) est associée.
Ainsi du point de l’Unité (en se tournant vers Dieu), il y a une nuit et un jour ; et du point de vue de la multiplicité (en se tournant vers la Création, les créatures), il y a des jours et des nuits, certaines nuits ayant de la valeur, d’autres moins ou pas du tout.
القَدْرِ « al-qadri »
Plusieurs sens ont été donnés au mot d’« al-Qader » (et par suite à la « Nuit d’al-Qader »).
Le sens principal fondamental de la racine « Qa-da-ra » est la force dans le choix de faire quelque chose ou de l’abandonner. C’est-à-dire la personne est de force, a la force (la capacité) de faire quelque chose si elle le veut grâce à elle [cette force/capacité], et si elle ne veut pas, elle n’agit pas, que ce soit sur le plan matériel ou sur le plan moral. (On retrouve ce sens plus communément dans le mot « al-qudra »). A partir de ce principe, viennent les autres mots tels qu’ « at-taqdîr », « al-qader », « al-qadar ».
-Parfois « al-Qader » est considéré comme « at-taqdîr » (nom du verbe de la seconde forme dérivée « qa-dda-ra », pour indiquer : l’opération de la force (ou capacité), rattachée à l’extérieur. L’apparition de la force (à faire quelque chose) est dans la réalisation de cet acte, et son apparition est selon ce que la personne veut et choisit. Ce sens-là implique la détermination, la délimitation, en opposition à l’absolu. D’où le sens de « le fait de donner la mesure » ou de « déterminer selon une certaine mesure ».
-Et parfois comme « al-miqdâr » (le nom du verbe qadara à la 4ème forme dérivée « aqdara »), pour indiquer une certaine mesure, une quantité déterminée, un montant ou une somme déterminée. Il est ce qui arrive du fait d’avoir la force de faire et d’avoir donné la mesure, d’où le sens de la « valeur ».
-Des fois il est considéré comme « al-qadar » (dans le sens d’« al-qadâ » (le décret arrêté)), pour indiquer le jugement/appréciation, la rectification, la détermination et la résolution par le choix de l’acte déterminé après la réalisation de la force/capacité. Vient ensuite « at-taqdîr » (« le fait de donner une certaine mesure ») – (sans doute de là, la traduction de ce mot par « destin » en français.)
Shahîd Motaharî note que nous demandons dans les invocations du mois de Ramadan : « Mon Dieu, je Te demande dans ce que Tu arrêtes (taqdî) et décrètes (tuqaddiru) en ordre irrévocable pendant la Nuit d’al–Qader, de ces arrêts qui ne s’annulent pas ni ne changent.. » et en déduit que l’on peut voir là deux sortes de « Qader » : celui qui peut être changé et celui qui ne le peut pas.
L’invocation fait partie des demandes les plus élevées des gens. L’homme veut, par l’invocation, modifier les mesures (al-miqdarât), il veut que la terre influence le ciel, la nature (le monde physique) sur ce qu’il y a derrière la nature (méta-physique). Nous ne connaissons pas les « mesures » qui peuvent être modifiées et celles qui ne le peuvent pas. Mais nous demandons dans nos invocations de modifier al-Qader » qui peut être modifié. Et si elle (la mesure – al-Qader) fait partie de ce qui ne peut pas être modifié, nous avons fait des invocations et l’invocation est de toute façon un acte d’adoration qui a des effets en lui-même. Notamment, elle rapproche l’homme de Dieu et, même si elle n’est pas réalisée, elle est exaucée en tant que le principe de l’invocation est de donner son effet (ou bien la satisfaction de ce qui a été demandé, ou bien autre chose).
« Al-Qader » et « al-Qadâ »
Alors quelle est la différence entre « al-Qader » (l’ordre dont on donne la mesure, qui peut être modifié) et « al-Qadâ » (le décret arrêté, fixé, immuable) ?
La réalité du décret arrêté (al-qadâ) et de la mesure (ou pré-détermination – al-Qader), leur comment et leurs niveaux (degrés) d’apparition font partie des plus vénérables et des plus nobles sciences divines dont l’approche est interdit pour le commun des gens, parce que, en raison de leur parfaite précision et subtilité, elles peuvent provoquer perplexité et égarement. Cette vérité est au nombre des secrets de la législation et des dépôts de la Prophétie.
Le Prince des croyants(p), interrogé sur ce mot (al-Qader), disait : « Al-Qader est un secret du Secret de Dieu, une dissimulation de la Dissimulation de Dieu, un refuge du Refuge de Dieu, élevé dans le Voile de Dieu, replié de la création de Dieu, scellé du Sceau de Dieu, précédant dans le Savoir de Dieu. ».
En même temps, il(p) mettait en garde le commun des gens contre une réflexion approfondie sur ce point au risque de se perdre ou de sombrer dans le doute ou l’incertitude, ou pire encore de contester les Décrets arrêtés divins. (in at-Tawhîd de Sh. Sadûq p383) Brièvement, on peut dire que le décret (al-qadâ) et la mesure (al-qader) ont des niveaux avec des jugements/statuts différents selon le niveau.
-Le 1er niveau exprime les Vérités (Réalités) qui se mesurent et se déterminent par la manifestation de l’Effusion sanctissime en la Présence du Savoir, suivant l’Apparition des Noms et des Attributs.
-Ensuite, elles sont mesurées et confirmées dans les Calames (aqlâm) et les Tablettes (alwâh) [c’est-à-dire les pures Intelligences et les Âmes universelles] conformément à l’Apparition par la Manifestation relevant des Actes.
A ces niveaux, il n’y a pas de changements ni de remplacements. Le Décret (qadâ) scellé (définitif), immuable, constitue les Vérités (Réalités) immatérielles qui se trouvent dans les Présences de la Détermination, dans le domaine (le monde) du Savoir, et qui descendent dans les Calames et les Tablettes immatériels.
-Ensuite, les Vérités (réalités) apparaissent sous les formes intermédiaires et imaginales [du « monde intermédiaire »] dans d’autres Tablettes, dans le monde de la descente (plus bas) (qui est le monde de l’imagination (ou de l’« imaginal ») séparée et de l’imagination (ou de l’« imaginal ») universelle, appelé le « monde des formes imaginales en suspens » par les théosophes de la lumière (ishrâq). Dans ce monde, il peut arriver des changements et des divergences. Même, ils arrivent !
-Ensuite, ce sont les mesures (taqdirât) et les délimitations par l’intermédiaire des Anges chargés du monde de la nature (physique). Dans cette Tablette de la mesure, il y a des changements permanents et des remplacements perpétuels. Même ! Elle est elle-même une forme mouvante et une vérité (réalité) passagère et progressive.
Dans cette Tablette, les vérités (réalités) peuvent êtres intenses ou faibles, et les mouvements rapides ou lents, pouvant augmenter ou diminuer. Et malgré cela, [si l’on considère] l’« aspect » relatif à Dieu et au Mystère (ghaybiyyah) de ces choses, qui est l’aspect de la proximité (tadalî) de Dieu, la forme de l’apparition de l’Effusion se déployant et de l’Ombre étendue, la Vérité (Réalité) du Savoir relevant des Actes de Dieu, il n’y a aucune place pour la (possibilité de) changement et de remplacement.
Bref ! L’ensemble des changements et remplacements, le prolongement des termes [de la vie] et la mesure des ressources interviennent dans la Tablette de la mesure (qader) du Savoir, qui est le monde de l’imaginal (‘âlam al-mithâl).
Pour l’imam al-Khomeynî(qs), ils interviennent dans la Tablette de la Mesure (Qader) Concrète (‘Aynî), qui est le lieu même des dons des mesures (taqdîrât) des mains des Anges qui en sont chargés.
En résumé, de façon simplifiée, il y a pour al-qader et al-qadâ, différents niveaux d’apparition de la Volonté divine, entre ce qui est fixe, éternel, au niveau du Savoir divin, ce qui apparaît au niveau du monde intermédiaire des formes premières imaginales, dotées de mesure sans matière, susceptible de changements et ce qui se manifeste, par l’intermédiaire des Anges, au niveau du monde matériel de la nature, où tout est en changement permanent.
Selon les propos rapportés des Infaillibles(p) et le point de vues des savants, la Nuit d’al-Qader a été appelée ainsi pour deux raisons principales.
1)Certains ont dit que la nuit a été appelée la « Nuit d’al-Qader », parce qu’elle détient de la « valeur », de l’« honneur » un « rang élevé ». Et cette « valeur » proviendrait du fait que pendant cette nuit, il y a eu la descente (la révélation) du Coran qui détient une valeur, par l’intermédiaire d’un Ange qui détient une valeur, sur le Messager(s) qui a une valeur, pour une nation qui a une valeur.
Ou encore, parce qu’elle est la nuit de la Jonction (wisâl) du Prophète, le sceau des Prophètes, de l’Arrivée de l’aimant véritable à son Aimé. (nous y reviendrons).
2)D’autres ont dit qu’elle a été appelée ainsi parce que, durant cette nuit, se détermine la mesure [quantité et valeur] des choses (comme les subsistances des gens pour l’année), « al-Qader » étant pris dans le sens d’at-taqdîr »
L’Imam al-Bâqer(p) interrogé sur le sens de ce verset dit : « Durant la nuit d’al–Qader, Dieu donne la mesure (ou évalue, détermine), de toute chose qui va être durant cette année jusqu’à la suivante en ce qui concerne le bien et le mal, l’obéissance et la désobéissance, les naissances et la mort, les moyens de subsistance. Ainsi, ce qui est fixé pour cette année et décrété de façon arrêtée (al-Qadâ) est inéluctable et à Dieu Tout-Puissant la Volonté. » (Wasâ’il ash-shî‘at vol.7 p256)
Ce sens va dans le sens du verset 4 de la sourate 44 La Fumée : {Durant cette [nuit bénie], tout ordre prononcé (sage) est départagé ; un ordre de chez Nous..}
Cela ne contredit pas l’arrivée de changements en fonction des conditions, des circonstances de l’année, ni ne contredit la Volonté divine en tant que la prise du jugement des ordres en fonction de leur réalisation se réalise selon des niveaux/degrés, en fonction de la présence de ses causes et de ses conditions (totales ou incomplètes). Il est possible qu’arrivent, durant la nuit d’al-Qader, certains niveaux [ou degrés] des jugements et que la totalité des jugements soit retardée à un autre moment.
Cela ne contredit pas la liberté de la volonté de l’homme et la question du [libre]-choix. Les versets suivants de la sourate rendent probables les deux sens, comme nous le verrons plus loin.
Quel est le lien entre la « descente » du Coran et la mesure des choses ?
La descente du Coran dans le noble édifice (bunyat) [de Mohammed] et dans son cœur purifié est une descente durant la nuit d’al-Qader durant laquelle s’est réalisée l’ascension du Prophète(s), sa Jonction (wisâl). Le Coran est alors descendu d’un coup, en entier par la voie du dévoilement absolu et universel.
Le Coran s’est ensuite révélé petit à petit pendant 23 ans, durant la nuit d’al-Qader. Et le Coran continue de descendre chaque nuit d’al-Qader. Cela est confirmé par la réponse que donna l’Imam as-Sâdeq(p) : « Si la nuit d’al-Qader était levée, le Coran serait levé. », quand on lui(p) demanda si la nuit d’al-Qader « a déjà eu lieu ou aura encore lieu ». (al-Kâfî, vol.4 p158 Bâb fî laylat al-Qader)
Dans la mesure que le Coran est capable de dessiner pour l’humanité son avenir, son devenir, de l’orienter vers Dieu, de la guider vers la voie de son bonheur et son retour à Dieu, il ne pouvait qu’être descendu (révélé) durant la nuit d’al-Qader, la nuit de la détermination du devenir, la Nuit de l’Apparition du Pouvoir divin par l’intermédiaire de Son Walî Parfait, le Prophète Mohammed(s) d’abord puis des Imams de sa descendance(p). (Nous y reviendrons plus loin.)
La nuit d’« al-Qader » et le jour d’« al-Ba‘th » (le 27 rajab) ?
Puisque le Coran est descendu pendant la nuit d’al-Qader, pourquoi fêtons-nous le jour d’al–Ba‘th (le jour marquant le début de la mission prophétique, le début de la divulgation du Message divin) le 27 du mois de Rajab ?
Nous avons vu qu’il y a eu une descente globale, d’un coup sur le cœur du Prophète Mohammed(s) qui n’est pas liée aux contingences du temps et une descente progressive, détaillée, liée aux circonstances du temps.
La première descente s’est faite sous forme d’« esprit » (rûh), et non pas sous la forme de versets, de mots, de phrases prononcées, de sourates.
Après la stabilisation de cet Esprit (l’Esprit du Coran) dans le cœur du Messager le plus noble(s), le Coran est descendu sous forme de paroles, de mots et de sourates, progressivement.
Lors de la première descente du Coran, le Messager de Dieu n’avait pas encore commencé la divulgation de l’Islam. Elle commença quand l’Ange Gabriel descendit apportant au Messager de Dieu le Coran, l’Esprit et la Vérité sous forme de phrases et de mots prononcés. C’est ce moment qui marqua le début de la divulgation du Message de Dieu, le début de la mission prophétique. Et cela arriva durant le mois de Rajab, le 27ème jour et dura 23 ans.
Le Coran et le « Furqân »
Ainsi, la réalité du Coran est à la fois « Qurân » (selon le sens étymologique du mot « Qa-ra-na » : joindre, lier, être en conjonction) et « Furqân » (de « Fa-ra-qa » : séparer, distinguer, discerner). {Le mois de Ramadan durant lequel le Coran a été descendu comme guide pour les gens, évidences claires de la bonne direction et de discernement (Furqân)..}(185/2 La Vache)
Le Coran a d’abord été révélé globalement, d’un coup, sur le cœur du Messager de Dieu(s) puis séparément, en fractions, de façon détaillée selon les circonstances pour être récité aux gens graduellement, progressivement.
De la même manière, la réalité spirituelle du Sceau des Prophètes et la Station de la sainte wilâyat (tutorat) sont conjonction (« Qurân ») et distinction (« Furqân »). Elles représentent la station de l’Unité de la totalité et du détail.
La nuit d’« al-Qader » et la nuit du voyage nocturne et de l’ascension au ciel (al-Ma‘raj) ?
Le voyage nocturne (de la Mecque à al-Quds) et l’ascension au ciel (durant laquelle Dieu a montré au Prophète Mohammed(s) le monde des cieux et ce qu’il y a à l’intérieur) sont parfois évoqués séparément comme dans le Coran (sourate al-Isrâ’ (le Voyage Nocturne XVII) et sourate an-Najim (l’Etoile LIII)) et dans certains propos rapportés, et parfois ils sont rapportés ensemble comme ayant eu lieu durant la même nuit. Quand ont-ils eu lieu ? Les propos rapportés divergent également : les 17 ou 21 du mois de Ramadan, le 2 du mois de Rabî’ I ou encore le 27 du mois de Rajab ? Si le Voyage Nocturne et l’ascen-sion ont eu lieu durant le mois de Ramadan, il est possible qu’ils correspondent à une nuit d’al-Qader.
وَمَا أَدْرَاكَ مَا لَيْلَةُ الْقَدْرِ (2)
Wa mâ adrâka mâ laylatu-l-qadri
Et comment te faire connaître ce qu’est la Nuit d’al–Qader !
مَا أَدْرَاكَ مَا
« Mâ adrâka mâ »
-« Mâ » : le premier « mâ » est-t-il une particule exprimant une négation, ou est-il un pronom interrogatif, ou exclamatif ? Selon la réponse, le sens de la phrase varie. « Tu ne sais pas.. » ou « Qu’est-ce qui te fera… ? » ou « Comment te faire.. ?»
-« Adrâ-ka » est composé du verbe « Adrâ » et du pronom personnel « ka ».
« Adrâ » vient du verbe « darâ » qui indique la connaissance sans préliminaires, qui ne peut pas être acquise par la vie ordinaire. Le verbe est employé selon la 4ème forme dérivée, à la troisième personne du singulier, le sujet étant « mâ » : faire connaître, suggérer.
-Et « ka » pronom personnel suffixe à la seconde personne du singulier, complément d’objet direct, indiquant le Prophète Mohammed(s), Dieu parlant à Son Prophète(s).
-« Mâ » : le second « mâ » est considéré comme un relatif indéfini « ce que » renvoyant à ce qu’est la Nuit d’al-Qader.
-« Mâ adrâka mâ » est une expression employée dans d’autres sourates pour des sujets concernant l’Au-delà qu’il est difficile de mettre en évidence et dont on veut mettre en évidence l’importance la grandeur.
Reprenons..(en nous aidant des commentaires de l’Imam Khomeiny(qs), (in al-Adab al- Ma‘nawiyyah li-s-Salât, partie 4, chap.7), de Sayyed Tabâtabâ’i, (in Tafsîr al-Mîzân) et de Shahîd Mutaharî (in Drûss mina-l-Qurân).)
مَا أَدْرَاكَ مَا
« Mâ adrâka mâ »
-« Mâ adrâka mâ » : cette locution est employée pour exprimer la majesté de la nuit d’al–Qader et la grandeur de son rang. Elle montre que cette nuit a une grande importance auprès de Dieu, une importance telle que l’être humain n’a pas la capacité de connaître. Elle indique aussi de façon indirecte la grandeur de la Vérité particulièrement en regard de Celui qui parle (Dieu Tout-Puissant) et de l’interlocuteur (le Messager de Dieu, le Prophète Mohammed(s)). Et sans doute, elle est tellement grande qu’il n’est pas possible de la faire apparaître dans la toile des mots prononcés et la composition des lettres et des mots.
Comme si Dieu Très-Elevé dit à Son prophète(s) : « Tu (le Prophète Mohammed(s)) ne sais pas ce qu’est la Nuit d’al–Qader, dans sa vérité (réalité) grandiose et il n’est pas possible de mettre en évidence sa réalité avec des lettres et des mots. » Pour exprimer tous ces sens, nous avons préféré de garder la forme exlamative.
-Et par rapport au second « mâ », l’imam Khomeynî(qs) note que, bien que ce mot soit là pour mettre en évidence cette réalité, Dieu détourne l’attention sur les particularités et les effets de cette nuit par le verset suivant ({meilleure que mille mois}), confirmant ainsi le fait que mettre en évidence la réalité de cette nuit par des mots est impossible. De là, l’imam(qs) suppose que la vérité (réalité) de la Nuit d’al–Qader et sa profondeur (bâtin) est autre que cette forme et cette apparence, même si cette apparence a également de l’importance et de la grandeur. En d’autres termes, cette Nuit est autre que la nuit temporelle car, quelle que soit l’importance de ce moment, dire que le Messager(s) ne peut pas la connaître ne lui(s) convient pas puisqu’il(s) est le Walî absolu et enveloppant tous les mondes.
En effet, nous avons vu précédemment que, dans le fond de la nuit véritable d’al–Qader, (ou dans l’édifice (bunyat) et la forme en ce monde, ou dans la détermination immuable de Mohammed(s)), se trouve la pleine Apparition du Nom le plus Grandiose et la Manifestation Unitive Synthétique Divine. Aussi, tant que le serviteur cheminant vers Dieu est dans le voile de lui-même, il ne peut pas contempler cet intérieur (bâtin) et cette vérité (réalité).
Comme [cela] est évoqué dans le noble Coran à propos de Moussa fils de ‘Imrân(p) : {Tu ne Me verras jamais.}(143/7 al-‘Arâf) alors que la Manifestation de l’Essence [divine] ou de Ses Attributs a eu lieu pour lui(p), comme l’indique le verset : {Et lorsque son Seigneur s’est manifesté à la montagne, Il la réduisit en poussières et Moussa tomba foudroyé.}(143/7 al-‘Arâf), et comme l’indique clairement la noble et très importante invocation « Les Marques » (as-Simât) (cf. Mafâtîh al-Jinân, Ed. B.A.A. p225).
Va également dans ce sens, ce propos rapporté dont le contenu est : « Ô Moussa, tant que tu es dans le voile de Moussa, dans ton propre voilement, la contemplation t’est impossible. » Parce que la contemplation de la Beauté du Beau est pour celui qui est sorti de lui-même. Et lorsqu’il est sorti de lui-même, il voit de l’Œil de la Vérité (Dieu) et l’Œil de la Vérité (Dieu) voit la Vérité (Dieu).
Ainsi la pleine Apparition du Nom le plus Grandiose qui est la Forme parfaite pour la Nuit d’al–Qader, ne peut pas être vue en étant voilé par soi-même.
Aussi, Dieu, pour ne pas nous décourager, nous indique dans les versets suivants des particularités et des effets de cette nuit.
لَيْلَةُ الْقَدْرِ خَيْرٌ مِّنْ أَلْفِ شَهْرٍ (3)
Laylatu-l-qadri khayrunn min alfi shahrinn
La Nuit d’al–Qadr est meilleure que mille mois.
لَيْلَةُ القَدْرِ« Laylatu-l-qadri »
Pourquoi sa répétition ? Il renvoie au verset précédent qui mettait en évidence sa grandeur.
خَيْرٌ مِنْ أَلْفِ شَهْرٍ « khayrunn min alfi shahrinn »
Le sens de ce groupe de mots, apparemment, ne pose pas de problème : la nuit d’al-Qader est meilleure que mille mois. On peut de plus noter que ce verset est une phrase nominale sans indice de temps. Ainsi, le Coran ne dit pas que la nuit d’al-Qader était ou a été meilleure que 1 000 mois, mais qu’elle continue à être toujours meilleure que mille mois.
Mais, après réflexion, que signifie qu’une nuit vaut plus que mille mois ?
-En quoi une nuit peut valoir plus que 30 000 autres nuits ?
-Une nuit peut avoir de la valeur en soi ? En d’autres termes, les moments ont-ils une valeur en soi, ce qui fait que certains moments ont de la valeur, d’autres pas ? Dans ce cas, est-ce une valeur quantitative ? qualitative ? physique ? morale ? ou une nuit prend-elle de la valeur pour des évènements qui se passent durant cette nuit ?
-Les actes effectués durant cette nuit ont-ils plus de valeur ? Bénéficient-ils d’une plus grande proximité de Dieu ? d’une plus grande indulgence au niveau de leur acceptation ? d’une plus grande récompense durant ce moment « béni » ?
-Pourquoi le chiffre « 1000 » ? Signifie-t-il quelque chose de particulier ? Fait-il allusion à un évènement particulier ? Ou indique-t-il seulement un grand nombre, une multitude pour montrer la grandeur de cette nuit ?
Reprenons..(en nous aidant des commentaires de l’Imam Khomeiny(qs), (in al-Adab al- Ma‘nawiyyah li-s-Salât, partie 4, chap.7), de Sayyed Tabâtabâ’i, (in Tafsîr al-Mîzân) et de Shahîd Mutaharî (in Drûss mina-l-Qurân).)
لَيْلَةُ القَدْرِ خَيْرٌ مِنْ « Laylatu-l-qadri khayrunn min »
Que veut dire qu’une nuit a plus de valeur qu’une autre ?
-Selon certains, le temps n’a pas de valeur en soi et est, comme le lieu, un corollaire du monde matériel. Un moment, en tant que « partie » du temps, ne diffère pas d’un autre. Le degré d’existence d’un moment est unique pour tous les moments. Il n’y a pas de différence entre eux. Il n’y a pas de moment meilleur qu’un autre, comme si tel moment a de la valeur et un autre pas. Cela d’un point de vue matériel.
Il en est de même d’un point de vue moral : il n’y a pas pour les moments de différences morales entre eux. Et si des moments ont été privilégiés pour l’adoration de Dieu, c’est parce que, quand un moment est déterminé pour tous pour l’adoration, tous les hommes se mettent à adorer Dieu au même moment. C’est cette accumulation de toutes ces invocations et de toutes ces prières qui s’élèvent au ciel d’un coup qui a un effet « collectif » plus puissant et qui donne de la valeur. Les effusions divines, en ce qui concerne la nuit d’al-Qader, équivalent alors à celles de mille mois (sans nuits d’al-Qader). Selon ce point de vue, un moment peut acquérir de la valeur à partir des actes des êtres humains sur terre.
-D’autres disent que cette nuit a acquis de la valeur du fait d’évènements qui se sont déroulés ou qui continuent de se passer, comme la descente du Coran, ou la détermination de la mesure des affaires de tous les gens pour l’année.
-D’autres encore disent que cette nuit a plus de valeur qu’une autre à cause de l’importance des récompenses obtenues durant cette nuit. Il est rapporté de l’Imam al-Bâqer(p) : « Les actes vertueux comme la prière, l’aumône et toutes les sortes de bonnes actions effectuées durant cette nuit sont meilleurs que ceux effectués pendant mille mois sans nuit d’al-Qader. Si Dieu (qu’Il soit Béni et Exalté) ne multipliait pas ainsi les bonnes actions pour les croyants, ils n’y arriveraient pas, mais Dieu les multiplie pour eux. » (Wasâ’il, vol.7 p256) Et les hadiths sont nombreux dans ce sens.
أَلْفِ شَهْرٍ « alfi shahrinn »
Que signifie que la Nuit d’al–Qader est meilleure que mille nuits ?
-Si l’on considère la forme apparente, terrestre de la nuit d’al-Qader, ce verset signifie qu’elle est meilleure que mille mois sans nuit d’al-Qader, ou que les actes d’adoration et d’obéissance durant cette nuit sont meilleurs que mille mois durant lesquels Banî Israël ont pris les armes pour combattre dans la voie de Dieu, ou que la nuit d’al-Qader est meilleure que mille mois du gouvernement de Banî Omeyyade comme cela est évoqué dans les nobles propos rapportés.
-Mais, si l’on considère la réalité de la nuit d’al-Qader, il est possible que « mille mois » soient une métaphore pour désigner l’ensemble des existences en tant que le chiffre mille est un nombre entier, et que ce qui est considéré des mois est leur ‘sorte’. Ainsi le noble édifice (bunyat) de Mohammed qui est l’Homme parfait est meilleur que mille sortes qui sont l’ensemble des existences, comme disent certaines gens de la connaissance.
-Une autre éventualité est possible : si l’on considère la nuit d’al-Qader comme une indication de l’Apparence du Nom le plus Grandiose, c’est-à-dire le miroir parfait de Mohammed(s), les « mille mois » seraient l’expression de l’Apparence des autres Noms, en tant qu’il y a pour Dieu Très-Elevé mille et un Noms dont Un réservé dans le monde du Mystère. De ce point de vue, la nuit d’al-Qader est aussi réservée. La nuit de la mesure (d’al-Qader) de l’édifice (bunyah) de Mohammed est aussi un nom réservé (musta’thir) et personne n’en a connaissance autre que l’Essence sainte du Messager, le sceau des Prophètes(s).
Interrogé sur le sens de ce verset, l’Imam as-Sâdeq(p) répondit : « Fâtimah(p) ». (Bihâr, vol.25 Bâb 3, p97)
(Le Savoir est auprès de Dieu.)
تَنَزَّلُ الْمَلَائِكَةُ وَالرُّوحُ فِيهَا بِإِذْنِ رَبِّهِم مِّن كُلِّ أَمْرٍ (4)
Tanazzalu al-malâ’ikatu wa-r-rûhu fîhâ bi-idhni rabbihim min kulli amrinn
Durant cette Nuit, les Anges et l’Esprit descendent avec l’autorisation de leur Seigneur, de/pour tout ordre ;
_______________________
تَنَزَّلُ المَلائِكَةُ وَ الرُوحُ فِيهَا
« Tanazzalu al-malâ’ikatu wa-r-rûhu fîhâ »
« Tanazzalu » : une forme dérivée de « nazala » indiquant l’intensité et la répétition de l’action : « descendre ». Le verbe est employé ici, contrairement au premier verset, à ce qui est l’équivalent du présent (al–mudâra‘) sans doute pour indiquer la permanence et la continuité. Pourquoi la différence ?
« al-malâ’ikatu » : les Anges. L’article défini montre qu’il ne s’agit pas de descente d’un ou deux Anges, comme lors de la visite des deux Anges au Prophète Ibrahim(p) mais de celle des Anges en général, sans limitation, ni restriction, ni spécification, ni exclusion. Qui sont-ils ?
« rûh » : Esprit. De quel Esprit s’agit-il ? de l’Ange Gabriel ? Si oui, pourquoi l’avoir distingué des autres Anges ? Que signifie la « descente des Anges et de l’Esprit durant cette nuit » ? A-t-elle lieu chaque année ou a-t-elle eu lieu une fois pour toutes ? Se distingue-t-elle de la « descente du Coran » mentionnée dans le premier verset ? Si oui, en quoi et ya-t-il un lien entre ces « descentes » ?
Enfin, comment se fait la descente des Anges et de l’Esprit ?
Reprenons..(en nous aidant des commentaires de l’Imam Khomeiny(qs), (in al-Adab al- Ma‘nawiyyah li-s-Salât, partie 4, chap.7), de Sayyed Tabâtabâ’i, (in Tafsîr al-Mîzân) et de Shahîd Mutaharî (in Drûss mina-l-Qurân).)
تَنَزَّلُ المَلائِكَةُ وَ الرُوحُ فِيهَا
« Tanazzalu al-malâ’ikatu wa-r-rûhu fîhâ »
Avant de répondre à ces questions, il nous faut savoir ce que sont les Anges et l’Esprit.
Les « Anges »
Selon les propos rapportés des Infaillibles(p), les Anges sont des créatures de « lumière », de « raison » (‘aqel), de nombreuses sortes, beaucoup d’entre elles immatérielles, d’autres « corporelles » du monde intermédiaire (c’est-à-dire pouvant prendre les formes du monde d’ici-bas). Et ne connait les Soldats du Seigneur que Lui..
Leurs sortes varient selon leur fonction dans la division globale. Les existences « malakutiyyah » (du monde intelligible) sont de deux sortes : une première sorte qui n’a aucun rapport avec le monde des « corps » de façon à prendre leur forme, ni du point de vue de la gérance de ce monde, et une seconde sorte qui en a avec le monde des « corps » selon les deux façons citées.
Et parmi les Anges de la première sorte, on peut distinguer :
—les Anges qui, « aimant éperdument Dieu », sont noyés dans la Beauté du Beau, stupéfaits dans l’Essence du Très-Majestueux, négligeant les autres créatures, ne se tournant pas vers les autres existences. (Il existe également parmi les Proches-Elus de Dieu, des gens ayant ces qualités, comme il existe des gens comme nous qui sont noyés dans la mer des ténèbres de la nature, négligeant le monde du Mystère et l’Essence pleine de Majesté, alors que Dieu Très-Elevé est Apparent en Soi et que toute apparition est un rayon de Son Apparition.) Ainsi eux, sont totalement négligents de ce monde, de ce qu’il y a dedans et sont occupés par Dieu et par la Beauté du Beau. A leur propos, il est dit : « Dieu a des créatures qui ne savent pas que Dieu a créé Adam et Iblis. » (A‘lâm ad-Dîn p280)
—de ceux [les Anges] que Dieu a rendus des intermédiaires de la Miséricorde de Son Existence. Ils sont les principes (le début) de la chaîne des existences et le but de leurs désirs ardents. Et à la tête de ce groupe, l’Esprit le plus Grandiose. Peut-être que ce verset : {Les Anges et l’Esprit descendent} est une indication de ce groupe d’Anges de Dieu ; et l’évocation spécifique de l’Esprit, bien qu’il fasse partie du groupe des Anges, serait pour mettre en valeur sa grandeur.
Quant à la seconde sorte, elle est constituée par les Anges chargés des existences matérielles, les « gestion-naires » parmi elles. Il y a beaucoup de catégories et un nombre incalculable de groupes parce qu’il y a, pour toute existence supérieure ou inférieure, orbitale ou élémentaire, un aspect céleste (malakûti) par lequel (l’exis-tence) entre en contact avec le monde des Anges de Dieu et se lie aux soldats de Dieu, comme Dieu l’indique par Sa Parole : {Gloire à Celui qui a dans Sa Main, la « royauté » (malakût) de toute chose ! Et c’est vers Lui que vous serez ramenés.}(83/36 YaSin)
Le Prophète(s) dit à propos de la multitude des Anges : « Le ciel gémit et il a le droit de gémir : il n’y pas d’emplacement des pieds où ne se trouve un Ange en train de se prosterner ou de s’incliner. » (Bihâr vol.55 p107 Bâb8) Et nombreux sont les propos qui mentionnent la multitude des Anges et de leurs catégories.
L’« Esprit »
-Certains ont dit que l’Esprit était un Ange, le plus grandiose des Anges, comme vu précédemment.
-D’autres ont dit que l’Esprit est l’Ange Gabriel.
-Les philosophes ont dit que Gabriel est le dernier des Anges Chérubins – étant l’Esprit saint – et pensent que l’Esprit est le premier des Anges Chérubins.
-Certains ont considéré l’Esprit comme étant toute Vie en cette existence parce qu’elle est la manifestation de la Vie divine. Elle est la Vie des cœurs. Il y a là l’Esprit divin et il y a des esprits qui sont Sa Manifestation grâce auxquels les corps se dressent et bougent. C’est cette Vie divine que l’on a besoin de vivifier durant la nuit d’al-Qader : {Vous étiez morts et Je vous ai donné la vie.} (28/2 La Vache)
-Cependant, il est dit, dans les nobles propos rapportés, que l’Esprit est plus grandiose que Gabriel, plus grandiose que les Anges. Abû Bassîr demanda dans une lettre à l’Imam as-Sâdeq(p) si l’Esprit dans la sourate al-Qader est l’Ange Gabriel. Il(p) répondit : « Gabriel fait partie des Anges et l’Esprit est plus grandiose que les Anges. » Puis il(p) cita le verset suivant : {Ils t’interrogent sur l’Esprit. Dis : « L’Esprit est de l’ordre de mon Seigneur. »} (85/17 Le Voyage Secret) Puis il(p) ajouta : [Il est] « une créature plus grandiose que Gabriel et Mikâ’il. Il est avec le Messager de Dieu et il est avec les Imams et il est avec le monde immatériel (malakût). » (Usûl al-Kâfî, vol.1 p272 H3)
-Serait-il le « calame le plus élevé » selon un propos du Messager de Dieu(s) : « La première chose que Dieu a créée est le calame. » (Usûl al-Kâfî, vol.8 p94) ou la première « raison » (ou « l’entendement » ou « intelligence » – « al-‘Aqel al-Awwal) parce qu’il est dit : « La première chose que Dieu a créée est la raison. » (Usûl al-Kâfî, vol.1 p20 H14) ? Il y a aussi ce propos rapporté de l’Imam as-Sâdeq(p) interrogé sur ce mot dans ce verset : « « ar-Rûh » : l’Esprit du Saint qui est en Fâtimah(p). » (Bihâr, vol.25 Bâb 3, p97)
Sans doute y a-t-il dans la langue du Coran et des hadiths, deux intitulations pour l’Esprit : L’Esprit comme faisant partie des Anges en tant qu’existence du monde immatériel (malakûti) et l’Esprit comme étant l’« Esprit des Présences des Proches-Elus », c’est-à-dire n’étant pas un Ange mais quelque chose de plus grandiose.
En fonction de cela, il est possible que l’Esprit désigne dans cette noble sourate, en considérant la descente durant la nuit d’al-Qader, l’« Esprit Sûr » ou l’« l’Esprit le plus grandiose » ; et dans le noble verset {Ils t’interrogent sur l’Esprit}, il désigne l’Esprit humain qui est à un niveau de perfection plus grandiose que Gabriel et l’ensemble des autres Anges, et qui est du monde de l’Ordre, même !, sans doute s’unit-il avec le Vouloir (mashî’at) qui est l’Ordre absolu. { Dis : « L’Esprit est de l’ordre de mon Seigneur. »}(85/17)
بِإِذْنِ رَبِّهِم
« bi-idhni rabbihim »
« bi » particule introduisant « idhni ». Elle indique l’accompagnement (avec) ou la cause (par) ?
« idhin » de « a.dha.na. » dont le sens fondamental unique est la connaissance avec le critère de satisfaction et d’accord d’où le sens d’autorisation et de permission.
« rabbihim » : leur Seigneur. Pourquoi le choix de cet Attribut pour Dieu avec l’adjectif possessif « leur » renvoyant aux Anges ? Pourquoi évoquer l’Autorisation de leur Seigneur dans ce contexte ?
Reprenons :en nous aidant des commentaires de l’Imam Khomeiny(qs) (in al-Adab al- Ma‘nawiyyah li-s-Salât, partie 4, chap.7), de Sayyed Tabâtabâ’i (in Tafsîr al-Mîzân) et de Shahîd Mutaharî (in Drûss mina-l-Qurân).)
Comment se fait la descente des Anges et de l’Esprit ?
L’Esprit le plus grandiose (qui est une créature plus grandiose que les Anges de Dieu se trouvant au premier niveau) et les Anges immatériels de Dieu sont des habitants du monde des Intelligences Pures (Jabarût) et ils ne s’éloignent pas de cette station. La descente et la montée pour eux comme on peut les concevoir pour ceux qui ont un corps sont impossibles car l’immatériel est exempt des corollaires du corps.
Leur descente est plus générale que d’être au niveau d’un endroit précis, du cœur, de la poitrine ou du sens commun du Walî, ou d’être localisée à un endroit de la terre, comme la Ka‘bah, ou autour de la tombe du Messager de Dieu(s), ou dans la « maison construite » [dans le monde intermédiaire des formes], en prenant une forme du monde immatériel malakûtî ou de ce monde matériel mulkî, comme Dieu l’a dit, à propos de la descente de l’Esprit sûr sur Mariam(p). (Il s’était alors manifesté à elle sous la forme d’un bel être humain.)
De la même façon, il est possible pour les Proches-Elus Parfaits d’avoir une forme immatérielle (malakûtî) et un esprit immatériel pur (jabarûtî).
Les Anges de Dieu ont la capacité d’entrer dans les mondes immatériels malakûtî et matériel mulkî, en prenant forme (tamathul), de même que les Proches-Elus parfaits ont la capacité d’entrer dans les mondes immatériels (malakûtî et jabarûtî) en devenant esprit et de revenir de l’apparent à la profondeur.
Il est facile de corroborer cela pour celui qui comprend les Vérités abstraites (immatérielles) – qu’elles soient des abstractions Malakûtiyyah ou Jabârûtiyyah (des Intelligences pures) ou des Âmes parlantes (qui sont également des immatérialités Jabârûtiyyah ou Malakûtiyyah) – et qui conçoit les étapes de l’existence et leurs manifestations, et le rapport entre l’apparent et l’intérieur, et entre l’intérieur et l’apparent.
Cependant, la représentation immatérielle Jabarûtiyyah et Malakûtiyyah dans le cœur d’un être humain, dans sa poitrine ou au niveau de ses sens n’est possible qu’après sa sortie de la tunique humaine et sa prise de contact avec ces mondes. Les Anges peuvent descendre sur le cœur des hommes, s’il est apte, digne de les recevoir. Mais, si l’âme est toujours préoccupée par des gérances de ce monde et néglige ces autres mondes, il lui est impossible d’atteindre les contemplations et les représentations.
Sans doute, l’âme peut s’échapper de ces mondes par une indication de l’un des proches-Elus et saisir alors, d’une connaissance morale ou imaginale, quelque chose de ces mondes du Caché/Mystère à la mesure de ses aptitudes. Tout comme l’âme peut sans doute s’échapper du monde physique (nature) par l’intermédiaire de certaines choses (ordres) énormes, et saisir un exemple du monde du Mystère, comme l’histoire de cette personne candide rapportée par Sheikh « ar-Raïs », qui a pris une immunité du Feu de l’Enfer lors de son pèlerinage vers Dieu. Toutes ces choses proviennent également de l’échappée des âmes de ce monde [matériel] et de son orientation vers le monde malakût [immatériel].
Et il est possible que les âmes des Proches-Elus Parfaits, après le dépouillement de ces mondes et la contemplation de l’Esprit le plus Grandiose ou des autres Anges de Dieu, s’éveillent et se souviennent des Présences du Mystère (ghayb) et de l’apparent par l’intermédiaire de leurs forces. Dans ce cas, elles contemplent les Vérités (Réalités) des Intelligences Pures (Jabarûtiyyah) dans l’ensemble des mondes en un instant. Et il est possible que les Anges descendent de la force du Walî Parfait lui-même. Dieu seul le sait.
Cette descente a-t-elle eu lieu une fois ou se réalise-t-elle chaque année ?
Beaucoup de savants disent que la Nuit d’al-Qader a été plus qu’une nuit, qu’elle est revenue chaque année durant la vie du Messager de Dieu(s). Mais certains ont dit que quand le Messager a décédé, la Nuit d’al-Qader est partie avec lui. Abû Dhar interrogea le Messager de Dieu(s) sur ce point : « Ô Messager de Dieu, la nuit d’al-Qader est-elle (quelque chose) lié aux Prophètes de sorte que, durant la nuit d’al-Qader, l’ordre descend sur eux et quand le Prophète décède, la nuit d’al-Qader est élevée ? » Il(p) répondit : « Non ! Elle reste jusqu’au Jour du Jugement. » (Bihâr vol.25, Bâb 3 al-Arwâh, p97)
On comprend de ce hadith et d’autres, que la Nuit d’al-Qader n’est pas une nuit unique à travers le temps, mais qu’elle est permanente, toujours présente comme existent les Prophètes et les Légataires. (D’ailleurs, l’absence d’indice de temps et le nombre indéterminé des Anges dans le verset précédent confirme cette permanence et cette continuité.)
Chaque Prophète a des Nuits d’al-Qader. Dans ce propos rapporté de l’Imam al-Bâqer(p) cité précédemment, il est dit : « Dieu (qu’Il soit Glorifié) a créé le premier Prophète et le premier Légataire durant la Nuit d’al-Qader. » (Kâfî, vol.1 p250) La Nuit d’al-Qader signifie la nuit de l’Homme Parfait, la nuit du Messager de Dieu(s), la Nuit du Légataire Parfait(p), de l’Imam al-Mahdî, al-Hujjah(qa) en notre temps. La Nuit a donc une importance et une demeure en relation avec l’Existence du Prophète ou du Walî ou de l’Argument. Son existence est liée à la leur, elle l’accompagne. Ainsi, pour tout Prophète, pour tout Légataire, ou pour tout Argument de Dieu sur terre, il y a une nuit d’al–Qader et elle a lieu en permanence jusqu’au Jour du Jugement Dernier.
بِإِذْنِ رَبِّهِم
« bi-idhni rabbihim »
Le fait de rappeler Dieu ici par Son Nom « rabb » (« Seigneur ») indique l’insistance sur (le sens de) la « Seigneurie » et de la « gérance » du monde, ce qui convient aux tâches des Anges durant cette nuit, dans la mesure où ils descendent pour gérer les affaires et leur donner leur mesure pour l’année et ce qui revient à une partie de la « Seigneurie » (si l’expression est juste) du Créateur.
Donc c’est avec l’autorisation de Dieu et dans le cadre de la « gestion » divine que les Anges reçoivent les ordres de l’Homme Parfait.
مِنْ كُلِّ أَمْرٍ « min kulli amrinn »
« min » : particule introduisant « kulli amrinn ». Indique-t-elle l’origine (de), le but (pour) ou le moyen (par) ?
« amrinn » : ordre, affaire. Quels sont-ils ? concernant qui ?
Reprenons..(en nous aidant des commentaires de l’Imam Khomeiny(qs), (in al-Adab al- Ma‘nawiyyah li-s-Salât, partie 4, chap.7), de Sayyed Tabâtabâ’i, (in Tafsîr al-Mîzân) et de Shahîd Mutaharî (in Drûss mina-l-Qurân).)
مِنْ كُلِّ أَمْرٍ « min kulli amrinn »
Pour la particule « min », les commentateurs ont suggéré trois sens : l’origine, l’objectif et l’accompagnement, selon le sens donné au mot « amrinn ».
-Si l’« ordre » considéré dans ce verset est l’Ordre divin mentionné dans le verset {Son Ordre consiste, s’Il veut une chose, à lui dire : « Sois ! » et elle est.} (82/35 YaSin) donnant existence à quelque chose en soi, la descente des Anges.. serait une création (donner existence) divine. Alors, le « min » indiquerait l’origine en même temps que la cause. Le sens du verset serait : « La descente des Anges et de l’Esprit durant la Nuit d’al-Qader, avec l’autorisation de leur Seigneur, provient de tout Ordre divin ou est effectuée par tout Ordre divin. »
-Mais si « l’ordre » est un des ordres, affaires de l’Univers, un des évènements de la réalité (dans le sens « qui va se réaliser », alors le « min » indique l’objectif de leur descente dans le sens que les Anges et l’Esprit descendent durant la nuit d’al–Qader en vue de régler/gérer tout ordre de l’Univers.
-Il existe un propos de l’Imam al-Bâqer(p) dans lequel il(p) dit : « Les ascensions des Anges et de l’Esprit se faisaient sur permission de leur Seigneur pour toute chose qui est paix. » et où il(p) précisa à la personne qui lui répéta : « pour toute chose qui est paix ? » : « avec toute chose. » (bi-kulli amrinn). » (al-Burhân fî tafsîri-l-Qurân de Sh. Bahrânî, vol.4 p487), rattachant le mot « amr » au verset suivant.
Reste à savoir ce qu’est la « mesure des ordres » (taqdîr al-umûr) donnée chaque année durant une nuit déterminée. En résumé, dans la mesure où la Nuit d’al-Qader est la nuit du dévoilement pour le Messager de Dieu et les Imams de la Guidance, alors se découvrent pour eux l’ensemble des choses de ce monde (mulkiyyah) du Mystère du monde immatériel (malakût) et apparaissent les Anges chargés de chacun des Ordres devant leur Présence, dans le monde (nasha’t) du Mystère et le monde du cœur.
Alors, leur sont informés et dévoilés l’ensemble des ordres qui sont mesurés pour les créatures pour un an et qui sont inscrits dans les tablettes supérieures et inférieures, selon l’écriture (malakûtiyya) et le badigeonnage existentiel. Et ces « dévoilements » (mukâshafât) sont des dévoilements malakûtiyyah et englobant l’ensemble des particules du monde de la nature (monde physique). Rien de l’ordre de l’Assistance n’est caché ni ne sera caché au Tuteur de l’Ordre (walî al-amr). Rien n’empêche que leur soient découverts en une nuit l’ordre d’une année, dans un état l’ensemble des ordres et en une seconde l’ensemble des mesures de ce monde (mulkiyyah) et du monde immatériel (malakûtiyyah), et que leurs soient découverts graduellement, durant les jours de l’année, les ordres quotidiens, de façon globale et détaillée.
Sans doute, le Tuteur de l’Ordre (walî al-amr) entre en contact avec la Nébulosité (al-malâ’) la plus élevée, les Calames supérieurs et les Tablettes totalement immatérielles (mujarridah) – alors, arrivent pour lui les révéla-tions complètes pour l’ensemble des existences, de façon éternelle, perpétuelle – ; puis, il entre en contact avec les Tablettes inférieures – lui est alors révélée la mesure (qader) pour un certain temps. L’ensemble de la page du monde est présente dans Sa Présence Tutorielle (wilâ’î) et tout ordre qui arrive est sous son(p) regard.
Nous avons vu précédemment comment rien ne s’oppose à ce qu’il advienne des changements et des remplace-ments dans le monde de la nature (physique) durant la nuit d’al-Qader, en tant qu’elle est la nuit de l’orientation complète vers le Walî parfait, la nuit de l’apparition de son Pouvoir céleste (malakûtî – Intelligible) par l’intermédiaire de la noble âme du Walî parfait, Imam de toute époque, Pôle de tout temps, et qui est aujourd’hui la Présence du Subsistant (Bâqiyah) de Dieu sur les terres, notre Maître et Suzerain, l’Imam, le Guide, l’Argument fils de Hassan al-‘Askarî (que nos âmes soient en rançon pour sa venue). Ainsi, ce qu’il(qa) veut ralentir ou accélérer des mouvements des particules naturelles [du monde physique], il(qa) le fait ; ce qu’il(qa) veut élargir ou restreindre des ressources, il(qa) le fait. Et cette volonté est la Volonté de Dieu, l’ombre de la Volonté éternelle et Son rayonnement, suivant les Ordres divins, tout comme les Anges de Dieu n’agissent pas d’eux-mêmes, leurs agissements, même les agissements de l’ensemble des atomes de l’existence sont des agissements divins et relèvent de cette Subtilité cachée (ghaybiyyah) divine {Demeure sur le Droit chemin, comme tu en as reçu l’ordre.}(112/11 Hûd)
Ainsi, dans la mesure où la nuit d’al-Qader est la nuit bénie durant laquelle se réalisent pour le Tuteur de l’Ordre (walî al-amr), (l’Argument) une ascension particulière, et « la descente des Anges durant cette nuit pour tout ordre » (jusqu’à l’année suivante), c’est comme si l’Argument est (lui) celui qui est chargé de l’organisation/ gestion de ce monde, comme si, depuis que Dieu créa Adam(p), les Anges ont reçu l’ordre de ne pas gérer l’Ordre sur terre sans le tutorat (wilâyat) de l’Homme Parfait. Les Anges apportent les détails alors que lui, l’Argument détient le global. Sans le global n’arrive pas le détail. L’Argument a le global avec lequel il gère (yudabbir) ce monde. Et grâce à son contact avec les Anges dans le monde al-Malakût et ce qu’il y a au-dessus, il a accès au savoir détaillé.
Chaque Prophète avait une préoccupation/charge qui était la gestion de ce monde en fonction de l’objectif et du but final, du projet divin que Dieu a promis. Si le Prophète était l’un des Messagers les plus déterminés (ulû al-‘Azham), il entrait en contact, durant la Nuit d’al-Qader, avec l’Ange Gabriel et arrivait au détail des choses.
Mais le Prophète Mohammed(s) dépassa l’Ange Gabriel et pour la première fois dans l’histoire humaine, il atteignit le niveau du Savoir du Décompte de chaque chose. Il accéda à ce qui est évoqué dans le noble Coran : {Et Nous avons dénombré toute chose par écrit.} (29/78 La Nouvelle) {Et Nous avons dénombré toute chose dans un Imam évident.} (12/36 Ya Sîn)
Ainsi pour la première fois dans l’histoire humaine, un homme put atteindre la Station de l’Esprit qui est une créature plus grandiose que l’Ange Gabriel. C’est pourquoi cette nuit bénie d’al-Qader qui se répète à travers le temps a pour les Musulmans une autre couleur et un sens plus profond. Elle est la nuit durant laquelle le Messager de Dieu(s) s’est élevé – {Il se trouvait à l’horizon supérieur. Puis il se rapprocha et descendit encore plus bas et fut à deux portées d’arc, ou plus près encore.} (7-9/53 L’Etoile) – Il accéda alors au Livre en son entier dans lequel il y a le décompte de toute chose et il(s) descendit avec [le Livre] dans les mondes, l’un après l’autre, jusqu’à arriver à nous [sous la forme du Coran]. Puis l’ont suivi, chaque année, durant la nuit d’al-Qader, les membres purs de sa famille qui le [le Livre] prennent en tant qu’il est, durant cette nuit, descente des Anges et de l’Esprit.
Durant cette nuit, a eu lieu pour la première fois le lien entre le Nom le plus Grandiose auquel reviennent tous les Noms et le monde le plus inférieur (qu’est la terre). Et cela est exprimé à travers la « descente de tous les Anges et de Son Esprit » durant cette nuit. Le lien se réalise encore par l’intermédiaire de l’Argument [l’Imam al-Mahdî(qa) en l’occurrence] et les Anges descendent ainsi que l’Esprit.
سَلَامٌ هِيَ حَتَّى مَطْلَعِ الْفَجْرِ (5)
Salâmunn hiya hattâ matla‘i-l-fajri
Elle est paix jusqu’au lever de l’aube.
سَلامٌ هِىَ « Salâmunn hiya »
-« Salâmunn » vient de « sa.la.ma. » dont l’idée fondamentale unique est le profond accord entre l’apparence et l’intérieur de sorte qu’il ne reste aucun conflit entre les deux. Et par conséquent la soumission (à Dieu), la satisfaction, et par suite l’absence de défaut, de vice, la paix, être sain et sauf.
« As-Salâm » est aussi un des Noms de Dieu Tout-Puissant : il n’y a pas dans Son Existence la moindre faiblesse, le moindre conflit, la moindre opposition, la moindre limite, mais l’Harmonie absolue.
-« Salâmunn » a été rapporté par certains à « al-Amr » du verset précédent, comme dans un propos cité précédemment. Mais il est plus probable qu’il soit rapporté à « hiya ». Dans ce cas, l’information de la phrase nominale (le khabar) serait placée avant le terme de départ (le mubtadâ’), sans doute pour indiquer l’exclusivité : la « nuit » n’est que « salâm », tout ce qui descend n’est que « salâm », et tout ce qui s’y passe n’est que « salâm ».
-et « hiya » pronom personnel à la 3ème personne au féminin singulier se rapportant à la Nuit d’al–Qader. Dans la phrase nominale, elle est le terme de départ mais placé ici après.
حَتَّى مَطْلَعِ الفَجْرِ « hattâ matla‘i-l-fajri »
« hattâ » : préposition indique la limite atteinte : jusqu’à.
« Matla‘ » : vient de ta.la.‘a. qui indique l’élévation et l’apparition sur quelque chose, « matla‘ » étant le nom d’action de ce verbe.
« Al-fajr » : vient de fa.ja.ra. dont l’idée fondamentale unique est la séparation, le déchirement avec l’apparition de quelque chose. De là, déchirement des ténèbres de l’horizon duquel sort la lumière du soleil, d’où le lever de l’aube.
Reprenons..(en nous aidant des commentaires de l’Imam Khomeiny(qs), (in al-Adab al- Ma‘nawiyyah li-s-Salât, partie 4, chap.7), de Sayyed Tabâtabâ’i, (in Tafsîr al-Mîzân) et de Shahîd Mutaharî (in Drûss mina-l-Qurân).)
سَلامٌ هِىَ حَتَّى مَطْلَعِ الفَجْرِ « Salâmunn hiya hattâ matla‘i-l-fajri »
-« Salâmunn »
Deux sens principaux sont retenus pour le mot « Salâmunn » dans les différents commentaires du Coran.
1)Le premier, le plus probable, dans le sens de salut, d’absence de défauts apparents et intérieurs, d’absence de conflits et d’hostilités, d’absence d’agissements du démon – le démon étant enchaîné alors que les portes du ciel sont ouvertes –.
La Nuit d’al–Qader est une nuit de paix, de sécurité, de salubrité pour les Proches-Elus et pour tous ceux qui obéissent à Dieu. Ce mot indique la Providence (‘inâyat) divine qui englobe l’ensemble de Ses serviteurs, se tournant vers Lui, dans Sa Miséricorde.
Durant cette nuit, l’Esprit de Sainteté se manifeste au monde par la paix.
D’habitude, la descente des Anges suppose la descente du châtiment sur les habitants injustes de la terre. Car Dieu a créé des Anges pour repousser et combattre l’obscurité et la corruption ; le châtiment descend sur les incroyants et les villages dont les habitants sont injustes, sont détruits. Alors que durant la nuit d’al-Qader – qui est une nuit de paix jusqu’au lever de l’aube – les Anges descendent avec la Paix.
Et l’emploi d’un nom (« salâm ») au lieu d’un adjectif qualificatif ainsi que sa place en tête de phrase sont là pour insister et confirmer le caractère de paix de cette nuit : cette nuit est la paix même, elle est pleine de lumières, de miséricordes, de bénédictions et de paix..
Aux pèlerins vers Dieu d’acquérir cette paix, extérieurement et intérieurement, d’abord durant cette nuit, puis de la maintenir par la suite.
2)D’autres ont considéré ce mot dans le sens de « salutation de paix » en permanence, entre les Anges, aux croyants, au Messager de Dieu(s) et à ses Légataires. Les Anges les saluent de la part de Dieu Tout-Puissant jusqu’à la montée de l’aube. L’emploi d’un nom à la place d’un adjectif et sa place en tête de phrase serait pour indiquer la multitude des salutations et leur permanence.
-« Al-fajr »
Nous avons vu précédemment ce que représentait, d’un point de vue gnostique, la nuit d’al–Qader (voir plus haut N°3). En fonction de cela, l’aube de la nuit d’al–Qader est le moment de l’apparition des effets du soleil de la Vérité de derrière les voiles des déterminations ; il est le moment de l’avènement de l’Imam al-Mahdî(qa). Et ce lever du soleil de l’horizon des déterminations est aussi l’aube du Jour du Jugement Dernier.
Et dans la mesure où elle [la nuit d’al–Qader] est à partir du moment du coucher et du voilement du soleil de la Vérité (Réalité) dans l’horizon des déterminations des Proches-Elus Parfaits jusqu’au moment du lever de l’aube – qui est la durée de la nuit d’al–Qader – cette nuit, détenant la noblesse, est absolument exempte des agissements du démon. Et comme le soleil s’est voilé sans aucune souillure, ni [effet des] agissements du démon, elle se lève avec cet Attribut que Dieu Très-Elevé donne : « Elle est paix jusqu’au lever du soleil. »
Quant aux autres nuits, ou bien elles sont ténèbres totalement privées de paix comme les nuits des Omeyyades, ou bien mitigées, avec une paix incomplète comme pour nous, le reste des gens.
Et, ainsi, nous avons fini le commentaire de cette noble sourate al-Qader.\
En conclusion
Durant cette nuit, la nuit d’al–Qader, nous fêtons d’une certaine façon, la descente véritable, totale du « Livre Evident » et le maintien du contact avec nous, depuis le Messager de Dieu(s). Alors, peut-être qu’en nous tournant vers la Nuit d’al–Qader, qu’en nous accrochant à l’allégeance (al-wilâyat), qu’en nous aidant du Rappel (dhikr), qu’en restant éveillés, lucides, nous percevrions l’importance, la grandeur de cette nuit, avec la Volonté de Dieu, nous découvririons certaines stations de cette nuit, nous pourrions atteindre la Vérité de cette nuit qui est le noble Coran et les gens d’Ahle al-Beit(p) après le Messager de Dieu(s).