Abstract
Shayhh Muhammad Mahdi Asifi
Au Nom d’Allah le Clément, le Miséricordieux
« Quand ton Seigneur eut éprouvé Abraham par certaines paroles, et qu’il les eut accomplis, le seigneur lui dit : ‘’Je vais faire de toi un exemple (Imam) pour les gens’’ –‘’Et parmi ma descendance ? ‘’ demanda-t-il.- Mon engagement, dit Allah, ne s’applique pas aux injustes’»’ (al-Baraqa, 124)
A partir de ce verset, de nombreuses études peuvent être entreprises : l’une d’elle se pencherait sur les paroles par lesquelles le Tout-Puissant a voulu éprouver Son serviteur, ami et messager, Ibrahim : « Quand ton Seigneur eut éprouvé Abraham par certaines paroles … »
Et son accomplissement des paroles : « et qu’il les eut accomplis ». Il s’agit d’un témoignage divin en faveur d’Ibrahim, en faveur de son mérite et de son degré auprès d’Allah.
Une autre concerne l’Imamat accordée par le très-Haut à Ibrahim lorsqu’il eut accompli ces paroles, et la relation entre celles-ci et l’Imamat. S’agirait-il de la prophétie, et Ibrahim était prophète lorsqu’il avait accompli ces paroles, ou serait-ce autre chose que la prophétie, et nous penchons plutôt pour cette explication.
Une autre étude concernerait la condition pour L’Imamat : « Mon engagement ne s ‘applique pas aux injustes » lui fut-il répondu lorsque Ibrahim sollicita l’Imamat à sa descendance. En quoi consiste cette injustice qui empêcherait l’Imamat ?
Ces questions et bien d’autres peuvent être étudiées à partir de ce saint verset, alors que pour notre part, nous consacrerons notre étude sur les dix parole abrahamiqueses, si Allah le veut.
L’EPREUVE DANS LA VIE DES PROPHETES
L’épreuve est une loi divine générale dans la vie des gens, et au plus haut de l’échelle de l’épreuve, s’élèvent les gens pour se rapprocher d’Allah le Très-Haut. Plus difficile est l’épreuve surmontée par l’homme, plus il se rapproche du Très-Haut. Dans l’épreuve, l’homme se soumet à Allah, il souffre pour Allah, se raffermit dans la résistance aux passions et s ‘élève en direction de son Seigneur pour s’En rapprocher.
Les prophètes ne font pas exception à cette loi divine, au contraire, il ont plutôt la chance de subir les épreuves les plus pénibles, et leur rang auprès d’Allah dépend de leur capacité à les surmonter. Nous donnerons ci-après des exemples des épreuves des prophètes.
L’épreuve d’Adam (as)
Le premier à avoir été éprouvé par Allah le Tout-Puissant est notre père Adam, qui le fut par l’arbre interdit :
« Et Nous dîmes : Ô Adam, habite le paradis toi et ton épouse , et nourrissez-vous-en de partout à votre guise ; mais n’approchez pas de l’arbre que voici : sinon vous serez du nombre des injustes. Peu de temps après, Satan les fit glisser de là et les fit sortir du lieu où ils étaient. Et Nous dîme : Descendez (du Paradis) ; ennemis les uns des autres. Et pour vous il y aura une demeure sur la terre, et un usufruit pour le temps. Puis Adam reçu de son Seigneur des paroles et Allah agréa son repentir car c ‘est Lui certes le Repentant, le Miséricordieux » (al-Baqara, 35-37)
Quelle qu’ait été la question de cette épreuve, quelle qu’ait été l’Histoire de l’arbre interdit, il s’agit de la première épreuve dans la vie humaine, qui eut pour conséquence de placer l’homme dans la demeure de la responsabilité (Dar at-taklif).
L’épreuve de Yûsuf (as)
Allah soumit à l’épreuve Yûsuf le véridique par la femme d’al-Aziz, Il l’immunisa contre cette sédition ainsi décrite par la femme d’al-Aziz :
« J’ai essaayé de le séduire, mais il s’en défendit fermement » (Yûsuf,32) ; il préfera la prison à la désobéissance d’Allah : « Ô mon Seigneur, la prison m’est préférable à ce quoi elles m’invitent. » (Yûsuf , 33)
Il en sortit victorieux, ayant vaincu le démon. Allah lui accorda sagesse et savoir : « Et quand il eut atteint sa maturité Nous lui accordâmes sagesse et savoir. C’est ainsi que nous récompensons les bienfaits » (yusuf 22).
Bien qu’ayant vaincu le démon. Yusuf continua à invoquer le Très-Haut pour éloigner de lui sa ruse, Lui exposant sa pauvreté , faiblesse et impuissance, Lui demandant de l’aider par Sa miséricorde et Sa guidance : « Et si Tu n’écartes pas de moi leur ruse, je pencherai vers elles et serai du nombre des ignorants’’. Son Seigneur l’exauça donc, et éloigna de lui leur ruse. C’est Lui, vraiment, qui est l’Audient, et l’Omniscient (yusuf, 33-34).
L’origine du récit est ainsi rapportée dans le saint Livre :
« Or celle qui l’avait reçut dans sa maison essaya de le séduire. Et elle ferma bien les portes et dit : Viens ! –Il dit : Qu’Allah me protège ! C’est mon maître qui m’a accordé un bon asile. Vraiment les injustes ne réussissent pas’’. Et elle le désira. Et il l’aurait désirée n’eût été ce qu’il vit comme preuve évidente de son Seigneur. Ainsi (Nous avons agi) pour écarter de lui le mal de turpitude. Il était certes un de Nos serviteurs élus » (yusuf, 23-24).
L’épreuve de Dhun-Nun (as)
Parmi les exemples d’épreuves subies par les prophètes, figure celle de Yunus dans le ventre de la baleine, au milieu des trois ténèbres : celle de la nuit, celle de la mer et celle du ventre de la baleine. Il exalte son Seigneur et revint à lui. Allah lui répondit et le sauva. « Et Dhu-Nun, quand il partit, irrité. Il pensa que Nous n’allons pas l’éprouver. Puis il fit dans les ténèbres, l’appel que voici : Pas de divinité à part Toi ! Pureté à Toi !j’ai été vraiment du nombre des injustes. Nous l’exauçâmes et le sauvâmes de son angoisse. Et c’est ainsi que Nous sauvons les croyants » (Al-Anbiya 87-88).
L’épreuve de Musa (as)
Musa b. Umran fut l’un des prophètes que le Tout-Puissant éprouva le plus durement. Il l’éprouva par des paroles qu’il accomplit toutes, Allah lui accorda en retour la sagesse et la prophétie.
Nous citerons quelques exemples des épreuves subies par le serviteur et l’interlocuteur du Très-Haut. Il fut d’abord chargé d’inviter le tyran de son époque à adorer Allah et à libérer les fils d’Israël. Ce fut une rude épreuve pour Musa que de se présenter au-devant du tyran pour l’appeler à adorer le Seigneur. Le récit est ainsi rappelé dans le saint Coran : « Pars, toi et ton frère, avec Mes prodiges ; et ne négligez pas de M’invoquer. Aller vers Pharaon : il s’est vraiment rebellé. Puis parlez-lui gentiment. Peut-être se rappellera-t-il ou (Me) craindra-t-il ? Ils dirent : Ô notre Seigneur, nous craignons qu’il ne nous maltraite indûment, ou qu’il dépasse les limites. Il dit : Ne craignez rien, je suis avec vous : j’entends et je vois. Allez donc chez lui ; puis, dites-lui : Nous sommes tous deux, les messagers de ton seigneur. Envoie donc les Enfants d’Israël en notre compagnie et ne les châtie plus. Nous sommes venus à toi avec une preuve de la part de ton Seigneur. Et que la paix soit sur quiconque suit le droit chemin! Il nous a été révélé que le châtiment est pour celui qui refuse d’avoir foi et qui tourne le dos’’.
Alors Pharaon dit : Qui donc est votre Seigneur, ô Moïse ?
‘’Notre Seigneur, dit Moïse , est Celui qui a donné à chaque chose sa propre nature puis l’a dirigée’’. Qu’en est-il des générations anciennes ?dit pharaon. Moïse dit : La connaissance de leur sort est auprès de mon Seigneur, dans un livre. Mon Seigneur (ne commet) ni erreur ni oubli .’’ (Ta-Ha, 41-51)
Il fut également éprouvé lorsqu’il revint de sa rencontre avec son Seigneur, le Très-Haut, par l’égarement de son peuple qui se mit de nouveau à adorer le veau :
« Et lorsque Moïse retourna à son peuple, fâché, attristé, il dit :
Vous avez très mal agi pendant mon absence! Avez-vous voulu hâter le commandement de votre seigneur ? Il jeta les tablettes et prit la tête de son frère, en la tirant à lui : Ô fils de ma mère, le peuple m’a traité de faible, et peu s’en est fallu qu’ils ne me tuent. Ne fait donc pas que les ennemis se réjouissent à mes dépens, et ne m’assigne pas la compagnie des gens injustes. Et (Moïse) dit :Ô mon seigneur, pardonne à moi et à mon frère et fais-nous entrez en Ta miséricorde, car Tu es le Plus Miséricordieux des miséricordieux.
Ceux qui prenaient le veau (comme divinité), bientôt tombera sur eux de la part de leur Seigneur, une colère, et un avilissement dans la vie présente. Ainsi, Nous rétribuons les inventeurs (d’idoles). Ceux qui ont fait de mauvaises actions et qui ensuite se sont repentis et ont cru… ton Seigneur, après cela est sûrement Pardonneur et Miséricordieux ». (al-Araf,150-153)
Il fut également éprouvé lorsqu’il accompagna le serviteur savant, ce fut une épreuve cruelle pour l’interlocuteur d’Allah, mais il se soumit conformément à la prophétie à cette nouvelle épreuve, à ses phases successives, jusqu’à ce que le serviteur savant lui fasse ses excuses, et ils séparent après que Musa ait surmonté, en sa compagnie, cette série d’examens pénibles.
« Rappelle-toi quand Moïse dit à son valet :je n’arrêterait pas avant d’avoir atteint le confluent des deux mers, dussé-je marcher de longues années. Puis lorsque tous deux eurent atteint le confluent, ils oublièrent leur poisson qui prit alors librement son chemin dans la mer. Puis lorsque toux deux eurent dépassé (cet endroit), il dit à son valet : Apporte-nous notre déjeuner : nous avons rencontré de la fatigue dans notre présent voyage. (le valet lui dit) : Quand nous avons pris refuge près du rocher, vois-tu, j’ai oublié le poisson- le Diable seul m’a fait oublier de (te)le rappeler-et il a curieusement pris son chemin dans la mer. (Moïse) dit : Voilà ce que nous cherchions. Puis ils retournèrent sur leur pas, suivant leurs traces. Ils trouvèrent l’un de Nos serviteurs à qui Nous avions donné une grâce de Notre part, et à qui Nous avions enseigné une science émanant de Nous. Moïse dit : Puis-je te suivre , à la condition que tu m’apprennes de ce qu’on t’a appris concernant une bonne direction ? L’autre dit : Vraiment, tu ne pourras jamais être patient avec moi. Comment endurais-tu sur des choses que tu n’embrasses pas par la connaissance? ( Moïse ) lui dit : Si Allah veut, tu me trouveras patient ; et je ne désobéirai à aucun de tes ordres. Si tu me suis, dit ( l’autre ) ne m’interroge sur rien tant que je ne t’en aurai pas fait mention.
Alors les deux partirent. Et après qu’ils furent montés sur un bateau, l’homme y fit une brèche. Moïse lui dit : Est-ce pour noyer ses occupants que tu l’as ébréché ? Tu as commis, certes, une chose monstrueuse ! .( L’autre ) répondit : N’ai-je pas dit que tu ne pourrais pas garder patience en ma compagnie? Ne t’en prends pas à moi, dit ( Moïse ), pour un oubli de ma part ; et ne m’impose pas de grande difficulté dans mon affaire. Puis ils partirent tous deux ; et quand ils eurent rencontré un enfant, ( l’homme ) le tua. Alors ( Moïse ) lui dit : As-tu tué un être innocent, qui n’a tué personne ? Tu as commis, certes une chose affreuse! .(L’autre) lui dit: Ne t’ai-je pas dit que tu ne pourrais pas garder patience en ma compagnie ? Si après cela, je t’interroge sur quoi que ce soit, dit (Moïse ) alors ne m’accompagne plus. Tu seras alors excusé de te séparer de moi. Ils partirent donc tous deux; et quand ils furent arrivés à un village habité, ils demandèrent à manger à ses habitants; mais ceux-ci refusèrent de leur donner l’hospitalité. Ensuite, ils y trouvèrent un mur sur le point de s’écrouler. L’homme le redressa. Alors ( Moïse ) lui dit : Si tu voulais, tu aurais bien pu réclamer pour cela un salaire. Ceci ( marque ) la séparation entre toi et moi, dit ( l’homme), je vais t’apprendre l’interprétation de ce que tu n’as pu supporter avec patience. Pour ce qui est du bateau, il appartenait à de pauvres gens qui travaillaient en mer. Je voulais donc le rendre défectueux, car il y avait derrière eux un roi qui saisissait de force tout bateau. Quant au garçon, ses père et mère étaient des croyants; nous avons craint qu’il ne leur imposât la rébellion et la mécréance. Nous avons donc voulu que leur Seigneur leur accordât en échange un autre plus pur et plus affectueux. Et quant au mur, il appartenait à deux garçons orphelins de la ville, et il y avait dessous un trésor à eux; et leur père était un homme vertueux. Ton Seigneur a donc voulu que tous deux atteignent leur maturité et qu’ils extraient leur trésor, par une miséricorde de ton Seigneur. Je ne l’ai d’ailleurs pas fait de mon propre chef. Voilà l’interprétation de ce que tu n’as pas endurer avec patience » ( al-Kahf, 60-82 ).
L’épreuve d’Ibrahim ( as ) par les paroles
Ibrahim, le père des prophètes, fut éprouvé par des paroles qu’il accomplit, comme le Tout-Puissant l’affirme : « Quand ton Seigneur eut éprouvé Abraham par certaines paroles, et qu’il les eut accomplies….»
Des commentateurs du Coran ont avancé de bien étranges explications à ces paroles, comme ce que rapportent certaines sur le fait que les dix paroles seraient en réalité les dix propriété naturelles, telles que le rasage des moustaches, le gargarisme etc. Qui sont des instructions relatives à la santé du corps, extraites de la Loi coranique. Shaykh Muhammad Abdou commente cette explication : » Il s’agit d’une explication très audacieuse vis-à-vis du Coran, je n’ai aucun doute qu’il s’agit d’une intervention des Juifs dans la vie des Musulmans, afin que ces derniers prennent leur religion en dérision. Quelle absurdité plus grand que de dire : le Tout-Puissant a éprouvé un prophète, un des plus vénérables prophètes, par des mesures de cette nature, le louant ensuite pour les avoir accomplies, en faisant un préambule pour le sacrer dirigeant de l’humanité et à l’origine de l’arbre de la prophétie. Si un jeune homme sain d’esprit avait été chargé de les accomplir, il les aurait accomplies sans difficulté ».
Le commentaire de Shaykh Muhammad Abdou n’a évidemment pas plu à beaucoup. Pour notre part, nous considérons qu’il discuta cette question de manière solide et juste, sans aller loin cependant dans la discussion de la signification des paroles, affirmant que » la parole est une mais qu’ils en ont fait dix ». L’explication ne semble pas très pertinente et nous pouvons toutefois dire que les épreuves furent nombreuses, dépassant même la dizaine. Expliquer les dix paroles par des épreuves permet de séparer la question de l’Imamat, qui est de n’avoir pas commis d’injustice au cours de sa vie.
Les paroles à partir du Saint Coran
Le Coran est la meilleure source pour expliquer les paroles, car il a accordé une grande attention à la vie d’Ibrahim. Il nous a expliqué diverses phases de la vie du père des prophètes ainsi que les multiples épreuves pénibles subies à différents moments de sa vie. Nous pouvons extraire du Coran un grand nombre de ces paroles sans difficulté ni effort.
Nous essayerons d’extraire du Coran dix épreuves qu’Allah a fait subir à Ibrahim.
Ces dix épreuves s’organisent autour de trois axes. Nous n’affirmons pas que ces paroles sont les épreuves mais que certaines de ces paroles en sont et ce sont des épreuves difficiles. Les trois axes sont les suivants :
– la croyance en Allah.
– L’appel en direction d’Allah.
– La sédition et l’épreuve.
I- Les paroles relatives à la croyance en Allah
Dans cet axe, nous trouvons dans le Coran trois paroles qui sont des épreuves subies par Ibrahim: 1- s’arracher au faux, 2- se diriger vers Allah ( le Vrai ) et 3- se soumettre à Allah et désavouer Ses ennemis.
Ces trois paroles furent accomplie par Ibrahim fut de s’arracher au pouvoir des idoles, du milieu social et de la culture de l’associationnisme. Ce fut le premier pas de sa marche difficile vers Allah.
Le deuxième pas fut de s’empresser vers Allah, après savoir réussi à s’arracher au pouvoir des idoles : « Je tourne mon visage exclusivement vers Celui qui a créé les cieux et la terre»
Ce deuxième pas ne peut être accompli qu’après l’achèvement du premier et l’Unicité dans la foi en Allah ne peut être réalisé qu’après le rejet des idoles et de la tyrannie.
Le troisième pas implique la soumission à Allah et le désaveu de Ses ennemis, il est la conséquence naturelle des deux premières étapes.
Si l’individu se détourne du faux et se hâte en direction de son Seigneur, il lui faut organiser sa relation avec les gens sur la base de ce rejet et de cet empressement, il se soumet au Tout-Puissant, il se rapproche de tous ceux qui se soumettent à Allah, s’affranchit des idoles et des tyrans et de tous ceux qui se soumettent aux tyrans.
Cette hâte, ce rejet, ce lien et cette séparation font partie des exigences de la croyance en Allah et du désaveu du tyran.
Nous détaillerons ci-après ces trois paroles de la vie d’Ibrahim :
1- S’arracher au faux
Le faux exerce un pouvoir sur l’être humain, et les origines de ce pouvoir sont nombreux. Le faux a une culture, un moyen d’expression, une histoire, des moyens d’inciter et de terroriser, des situations sociales et un art. Le faux pénètre dans l’être humain à l’aide de tous ces outils, par des voies différentes. Il gouverne l’homme et s’y ancre comme il en prend possession. Pour s’en débarrasser, l’homme a besoin d’une force morale impressionnante. Allah le Très-Haut nous a évidemment accordé cette force extraordinaire, mais pu de gens utilisent cette volonté de résister au faux et au pouvoir de la passion pour s’en délivrer.
La difficulté de se libérer du faux ne se confond pas nécessairement avec l’équivoque du vrai et du faux, une partie de cette difficulté réside précisément dans l’effort de s’arracher au pouvoir du faux, mais une grande partie de l’épreuveet l’affliction de l’hommeréside dans la difficulté de s’arracher au faux, même après qu’il ait distingué le faux du vrai, sans ambiguité.
L’homme peut se montrer fier du faux,en payantle prixde sa propre personne. C’est là le secret du pouvoir du faux sur l’être humain, et la difficulté de s’en arracher.
Ibrahim est un prophète infaillible, Allah le Très-Haut l’a immunisé contre le faux et l’associationnisme, avant et après la prophétie, mais il vivait cependant dans une ambiance où le pouvoir du faux s’exerçait sur les esprits des gens et il a réussi à s’en détacher.
Le Coran nous fait le récit d’Ibrahim qui a lutté contre le pouvoir que le faux exerçait sur lui-même, et nous montre comment il s’est détaché de l’adoration des étoiles, comment l’a-t-il refusée et s’en est éloigné. Le Très-Haut dit:
« Quand la nuit l’enveloppa, il observa une étoile et dit : Voilà mon Seigneur! Puis lorsqu’elle disparut, il dit: « Je n’aime pas les choses qui disparaissent ». Lorsqu’ensuite, il observa la lune se levant, il dit: » Voilà mon Seigneur ! Puis, lorsqu’elle disparut, il dit : » Si mon Seigneur ne me guide pas , je serai certes du nombres des gens égarés « : Lorsqu’ensuite, il observa le soleil levant, il dit: « Voilà mon Seigneur : Celui-ci est plus grand ». Puis lorsque le soleil disparut, il dit : »Ô mon peuple, je désavoue tout ce que vous associez à Allah » ». ( al-An’am, 76-78 ).
Le diable qu’Ibrahim a mené avec lui-même, qui est rapporté par le Coran, symbolise le moyen par lequel Ibrahim réussit à s’arracher au pouvoir des étoiles de la lune du soleil, c’est d’ailleurs un style courant dans le Coran comme par exemple : « Le jour où Nous dirons à l’Enfer : Es-tu rempli ? il dira : Y en a-t-il encore ?» Ce dialogue exprime l’effort personnel entrepris par Ibrahim sur lui-même pour s’arracher au pouvoir de l’associationnisme diffus dans sa société et son milieu.
Ce dialogue est d’ailleurs remarquable par la progression soulignée par le verset, allant de la sensation à la raison pour finir au cœur .
La première étape qu’indique le verset est la sensation physique, lorsque Ibrahim aperçoit la disparition des étoiles, de la lune et du soleil, et ce sont évidemment des situations sensibles. La raison représente la seconde étape de ce voyage, lorsqu’il affirme la futilité des choses qui disparaissent, concluant que ce qui disparaît ne peut être le Seigneur de cet univers. Le cœur représente la troisième étape, la mission du cœur étant d’aimer ou de ne pas aimer. « Puis lorsqu’elle disparut, il dit : Je n’aime pas les choses qui disparaissent», l’amour étant accompagné de haine et de désaveu : « Ô mon peuple, je désavoue tout ce que vous associez à Allah».
Lorsque la raison affirme la futilité de quelque chose, le cœur se refuse à l’aimer, et si la raison affirme le vrai, le cœur se met à l’aimer, le cœur reçoit de la raison qui, de son côté, puise les fondements de sa sagesse à partir des sensations. Ce sont les étapes de la connaissance telles qu’elles sont décrites dans le Coran. Dans ce dialogue symbolique, Ibrahim ne s’appuie pas sur sa raison, de façon absolue, car les cœurs et les raisons peuvent se tromper, il réclame plutôt l’aide du Tout-Puissant, certain que s’Il ne l’aide pas à surmonter cette étape, il ne pourrait mener ce pénible voyage jusqu’à sa fin et destination : « Si mon Seigneur ne me guide pas, je serais certes du nombres des gens égarés».
2- Se dirige vers Allah
C’est la seconde parole de la traversée abrahamique. Ibrahim voue son visage à Allah le Très-Haut, après avoir arraché son visage et son cœur au faux et déclaré son désaveu de ceux qui associez à Allah : « Ô mon peuple, je désavoue tout ce que vous associez à Allah. », et ensuite, il offre son visage au Très-Haut : « Je tourne mon visage exclusivement vers Celui qui a créé les cieux et la terre ; et je ne suis point de ceux qui Lui donnent des associés » (al-A’am,79)
Tout comme l’homme n’a qu’un seul cœur : « Allah n’a pas placé à l’homme deux cœurs dans sa poitrine » ( al-Ahzab, 4), il n’a qu’un seul visage, son visage est voué soit au vrai soit au faux. En arrachant son visage au faux , il pourra l’offrir à Allah, mais il ne pourra le partager en deux, remettant une partie à Allah et l’autre à ceux qui Lui associent, tout comme il ne peut partager son cœur en deux, donnant une partie à Allah et l’autre à ceux qui Lui associent. Le Coran refuse l’association à la fois dans les cœurs et les visages. Ibrahim, après avoir arraché son visage et son cœur au faux, les voue au Tout-Puissant. C’est pourquoi Allah l’a élevé et lui a accordé l’argument sur son peuple, entreposant la prophétie dans sa lignée :
« Tel est l’argument que nous inspirâmes à Ibrahim contre son peuple : Nous élevons en haut rang qui Nous voulons. Ton Seigneur est Sage et Omniscient. Et Nous lui avons donné Ishaq et Ya’qub et Nous les avons guidés tous les deux. Et Nuh. Et Nous l’avons guidé auparavant et parmi la descendance Dawud, Sulayman, et Ayyub, Yusuf, Musa et Harun. Et c’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants.» (al-An’am, 83-84 )
C’est une loi et non une exception en faveur d’Ibrahim : « Et c’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants ».
3- La soumission et le désaveu
Il s’agit de la troisième parole abrahamique. Dans cette traversée, il ne suffit pas de croire en Allah et de refuser le tyran, au niveau de l’amour et de l’affection, car cette foi et ce rejet doivent être suivis d’une situation pratique qui sont la soumission et le désaveu.
La soumission à Allah et aux amis d’Allah, le désaveu du tyran et de son parti.
La croyance en Allah et le rejet du tyran est une question théorique suivie d’amour et de haine d’abord et ensuite, d’une méthode de comportement et de mouvement, pour finalement organiser les relations de l’homme. Aux côtés de toute soumission, il y a un désaveu, la croyance en Allah et le rejet du tyran organisent les relations de l’homme sur de nouvelles bases et une nouvelle conception, liées à cet axes. Ibrahim déclare à son père ( oncle) et son peuple sa réparation et son éloignement d’eux ainsi que son désaveu de ce qu’ils adorent, faisant de ce désaveu et de cette séparation une parole qui se perpétuera dans sa descendance, tout comme il a fait de l’Unicité une parole qui se perpétuera dans sa descendance :
« Et lorsqu’Ibrahim dit à son père et son peuple : je désavoue totalement ce que vous adorez, à l’exception de Celui qui m’a créé, car c’est Lui en vérité qui me guidera et il fit une parole qui devait se perpétuer parmi sa descendance. Peut-être reviendront-ils.»( al-Zukhruf 26-28 )
Lorsque son oncle persista dans son associationnisme, refusant de croire en Allah, Ibrahim n’hésita pas à le désavouer : « Ibrahim ne demanda pardon en faveur de son père qu’à cause d’une promesse qu’il lui avait faite. Mais dès qu’il lui apparut clairement qu’il était un ennemi d’Allah, il le désavoua. Abraham était certes plein de sollicitude et indulgent.» (al-Tawba, 114)
S’arracher d’un coup à son milieu et ses relations sociales, économiques et politiques est une des questions les plus pénibles pour l’homme, mais il s’isole et les abandonne lorsque ces mesures deviennent nécessaires.
Lorsque les jeunes gens de la caverne « s’étaient levés pour dire : Notre Seigneur est le Seigneur des cieux et de la terre : jamais nous n’invoquerons de divinité en dehors de Lui, sans quoi, nous transgresserions dans nos paroles» (al-Kahf-14), ils ont jugé nécessaire de rompre leurs relations sociales, politiques et économiques et se sont isolés, pour ne rien adorer qu’Allah, se réfugiant dans la caverne : « Et quand vous vous serez séparés d’eux et de ce qu’ils adorent en dehors d’Allah, réfugiez-vous donc dans la caverne ; votre Seigneur répandra de Sa miséricorde sur vous et disposera pour vous un adoucissement à votre sort .» ( al-kahf,16)
Le commandant des croyants dit : ‘’ Nous étions avec le messager d’Allah luttant contre nos pères, nos fils , nos frères et nos oncles, et cela ne faisait qu’augmenter notre foi et notre soumission, notre détermination à poursuivre la juste voie, notre patience à supporter la douleur et notre fermeté à combattre l’ennemi’’.
Ce sont les trois paroles de la foi en Allah. Etudions à présent les trois paroles concernant l’appel à l’adoration d’Allah.
II – Les paroles de l’appel
Dans cet axe, nous trouvons dans le Coran quatre paroles adressées à Ibrahim : 4- L’appel à l’adoration d’Allah, 5- Le défi et l’initiative, 6-L’isolement et l’émigration, 7- L’annonce du pèlerinage.
4- L’appel à l’adoration d’Allah
L’associationnisme n’est pas seulement une idée, une conception ou une culture, car si tel était le cas, les apôtres ne trouveraient pas tant de difficulté à inviter les gens en direction d’Allah. L’associationnisme c’est aussi une situation de pouvoir et d’influence dans la société , c’est pour cela que ses dirigeants peuvent utiliser tous les moyens possible pour ancrer ses fondements dans la société et combattre l’appel en direction d’Allah, en l’instituant en tant que courant général de l’opinion. L’appel à l’adoration d’Allah entame alors ce courant, il s’élabore en une féroce opposition à l’associationnisme dans ses propres bases ; de là découlent les souffrances des apôtres et la difficulté d’accomplir leur mission. Allah ordonne Ses prophètes à appeler à Lui et les convie à cette mission : « Allez chez pharaon : il s’est vraiment rebellé» (Ta-ha,43) .
« Lis au Nom de ton Seigneur qui a créé» ( al-Alaq,1)
« Ô toi ! L’enveloppé d’un manteau ! Lève-toi et avertis ! » ( al-Muddathir,1-2)
Il promet aux prophètes des les protéger :« Et Allah te protègera des gens»
Il demande d’exposer le message : « Expose donc clairement ce qu’on t’a commandé et détourne-toi des associateurs»
Appeler c’est en même temps exposer mais aussi s’éloigner et éviter de discuter avec les associateurs : « et détourne-toi des associateurs»
Car le dialogue qui ne vise pas à accéder au Vrai est en réalité une suppression de l’appel au Vrai. Les prophètes n’ont pas pour méthode d’entreprendre de tels dialogues, le meilleur moyen d’y faire face consiste à s’éloigner et l’éviter.
Allah ordonne à Son prophète de faire l’appel et de rester droit, car l’appel n’est droit que si le prophète est droit et ferme : « Appelle donc à cela ! reste droit comme il t’a été commandé» ( ash-Shura,15 )
Allah ordonne à Ses prophètes de faire l’appel dans la souplesse, la sagesse et la bonne exhortation, afin que les gens ne se sauvent loin d’Allah. Le Très Haut dit : « Par la sagesse et la bonne exhortation, appelle au sentier de ton Seigneur .» ( an-Nahal,125)
Il dit :« Aller vers Pharaon : il s’est vraiment rebellé. Puis parlez-lui gentiment. Peut-être se rappellera-il ou craindra-il?»( Ta-Ha,43-44)
Le Très –Haut appelle Ses prophètes à la fermeté et la courage, ne craignant rien sauf Allah : « Ne les craignez donc pas ; mais craignez-Moi…» ( al-Baqara,150)
«Ceux qui communiquaient les messages d’Allah, le craignaient et ne redoutaient nul autre qu’Allah. Et Allah suffit pour tenir le compte de tout. » ( al-Ahzab,39)
« Certes ceux auxquels l’on disait :les gens se sont rassemblés contre vous : craignez-les- cela accrut leur foi- et ils dirent : Allah nous suffit ; il est notre meilleur garant.» ( Al-Imrran, 173 )
Allah leur promit de les protéger des gens :« Ô messager, trasmets ce qui t’as été descendu de la part de ton Seigneur : Si tu ne le faisais pas, alors tu n’aurais pas communiqué Son message : Et Allah te protègera des gens . » ( al-Ma’ida,67)
L’appel en direction d’Allah est exposition, éloignement des associateurs et une brèche dans le courant général, un affrontement qui exige force, courage et fermeté, mais aussi souplesse et grandeur d’esprit, discrétion abstention et sagesse. Ibrahim a été seul, sur la terre à porter le message de l’appel à Allah dans une confrontation avec tout l’associationnisme, il était à lui tout une communauté qui accomplissait l’appel et combattait l’associationnisme.
« Ibrahim était un guide parfait. Il était soumis au Allah Voué exclusivement à Lui.»( an-Nahl 120)
Ibrahim appelait son peuple à Allah par la logique et la sagesse, la souplesse et les bonnes manières , la fermeté et le courage, Il était ferme et courageux ne grainant pas que son peuple ne le détourne.
Il était souple et aimable avec eux, ne voulant pas que son peuple l’évite.
Le Coran nous cite quelques exemples de l’appel d’Ibrahim :
« En effet, Nous avons mis auparavant Ibrahim sur le droit chemin. Et Nous en avions bonne connaissance. Quand il dit à son père et à son peuple : Que sont ces statues auxquelles vous vous attachez ? Ils dirent : Nous avons trouvé nos ancêtres les adorent. Il dit : Certainement vous avez été vous et vos ancêtres dans un égarement évident. Ils dirent : Viens-tu avec nous la vérité ou plaisantes-tu ? Il dit :Mais votre Seigneur est plutôt le Seigneur des cieux et de la terre, et c’est Lui qui les a créés. Et je suis de ceux qui en témoignent . Et par Allah ! je ruserai certes contre vos idoles une fois que vous serez partis» ( al-Anbiya 51-56 )
« Ibrahim dit à Azar, son père : prends-tu des idoles pour divinités ? Je te vois , toi et ton peuple, dans un égarement évident !» ( al-An’am 74)
« Et Ibrahim ,quand il dit à son peuple :Adorez Allah et craignez-Le. Cela vous est bien meilleur si vous saviez. Vous n’adorez que des idoles en dehors d’Allah, et vous forgez un mensonge. Ceux que vous adorez en dehors d’Allah ne possèdent aucun moyen pour vous procurez nourriture ; recherchez votre subsistance auprès d’Allah. Adorez-Le et soyez-Lui reconnaissants. C’est à Lui que vous serez ramenés.»( al-Ankabut 16-17 )
« Et mentionne dans Le livre, Ibrahim. C’était un très véridique et un Prophète. Lorsqu’il dit à son père : Ô mon père, pourquoi adores-tu ce qui n’entend ni ne voit, et ne te profite en rien ? Ô mon père, il m’est venu de la science ce que tu n’as pas reçu ; suis-moi, donc je te guiderai sur une voie droite. Ô mon père , n’adore pas le Diable, car le Diable désobéit au Tout Miséricordieux, Ô mon père, je crains qu’un châtiment venant du Tout Miséricordieux ne te touche et que tu ne deviennes un allié du Diable. Il dit Ô Ibrahim, aurai-je du dédain pour mes divinités ? Si tu ne cesses pas, certes, je te lapiderai, éloigne-toi de moi bien longtemps. Paix sur toi, dit Ibrahim. J’implorerai mon Seigneur de te pardonner car il m’a toujours comblé de Ses bienfaits.»( Maryam, 41-47 )
Dans ce dialogue entre Ibrahim et son père , le premier s’appuie sur la logique, la connaissance, la pitié et la clémence ainsi que les bonnes manières. De l’autre, l’absence de toute logique, le terrorisme et la dureté.
5- Le défi et l’initiative
L’appel vit par le défi et l’initiative, en les perdant, il perd le terrain de son activité et tout rôle dans la vie des gens. La nature du travail de l’apôtre exige de lui qu’il soit toujours du côté de l’initiative et de l’action, poussant le tyran à se retrouver dans la position de la réaction et de la défense. Si non, l’apôtre ne pourra pas affronter le tyran, car le déséquilibre entre l’apôtre et le tyran est évident, que ce soit au niveau des possibilités d’action qu’à celui des moyens de mouvement. Si l’apôtre conserve les rênes de l’initiative et du défi, le tyran se verra contraint de prendre la position de la réaction et de la défense, se retrouvant ainsi en situation de faiblesse.
Malgré les nombreuses possibilités dont dispose le tyran, que ce soit en argent, puissance ou information, l’apôtre ne doit lui laisser aucune occasion d’agir, il ne devra le laisser échapper à une réaction que pour se retrouver dans une autre. La différence entre les deux positions réside dans la mission consistant à appeler vers Allah, à libérer les gens du pouvoir du tyran, alors que le souci du tyran consiste à maintenir son influence et son pouvoir, et c’est précisément cette différence qui place l’apôtre en position d’action et de la force , alors que le tyran se retrouve en position de réaction et de faiblesse.
Le faible nombre des apôtres n’est pas nécessairement un facteur négatif, Ibrahim était seul : « Ibrahim était un guide parfait. Il était soumis à Allah »
Lisons l’initiative d’Ibrahim relative à la mise en morceaux des idoles.
Ibrahim trouva que son peuple avait besoin d’une secousse vigoureuse capable de les réveiller et de les ramener au Vrai, il décida alors de s’en prendre à leurs idoles, les mettant en pièces lorsqu’il en aurait l’occasion. Il se mit à attendre l’occasion pour entrer seul dans le temple des idoles et les mettre en pièces, jusqu’au jour où ils sortirent de la ville. Il accourut vers les idoles et le Coran raconte :
« Et par Allah !je ruserai certes contre vos idoles une fois que vous serez partis. Il les mit en pièces, hormis la plus grande . Peut-être qu’ils reviendraient vers elle. Ils dirent : Qui a fait cela à nos divinités ? il est certes parmi les injustes ( certains ) dirent : Nous avons entendu un jeune homme médire d’elles ; il s’appelle Ibrahim » ( (al-Anbiya 57-60 ).
Il ne se priva pas de railler les idoles, voulant même les frapper et les casser, il leur offre à manger, et leur demande : Ne mangez-vous pas ? Qu’avez-vous à ne pas parler ? Lisons de ne nouveau le Coran :
« Du nombre de ses coreligionnaires, certes, fut Ibrahim. Quand il vint à son Seigneur, un cœur sain. Quand il dit à son père et à son peuple : Qu’est-ce que vous adorez ? » ( as-Saffat,83-85)
« Puis il jeta un regard attentif sur les étoiles, et dit : Je suis malade. Ils lui tournèrent le dos et s’en allèrent. Alors ils se glissèrent vers leurs divinités et dit : Ne mangez-vous pas ? Qu’avez-vous à ne pas parler ? Puis il se mit furtivement à les frapper de sa main droite.
Alors ( les gens ) vinrent à lui en courant. Il dit : Adorez-vous ce que vous-même sculptez, alors que c’est Allah qui vous a créés, vous et ce que vous fabriquez ? Ils dirent : Qu’on lui construise un four et qu’on le lance dans la fournaise ! Ils voulurent lui jouer un mauvais tour ; mais ce sont eux que Nous mîmes à bas. » ( As- Saffat,88-98)
6 – L’isolement et l’émigration
La proclamation de l’appel est intimement lié à l’isolement et l’émigration, c’est pour cela que l’appel est une déclaration d’affrontement et de guerre au tyran et aux institutions qui lui sont liées. L’appel à l’Unicité est un appel à Unifier le Très-Haut au niveau de la direction, la souveraineté et le gouvernement dans la vie des gens.
Une autre dimension de cet appel consiste à refuser toute soumission et direction autre que celle du Très-Haut, de Son pouvoir ainsi que de celui qui ordonne en Son Nom et Son pouvoir. Cet ordre est précisément une déclaration de guerre et d’affrontement, il s’agit d’une des guerres les plus terribles, car elle est menée contre la puissance, l’influence et le pouvoir. Cette lutte est au cœur de l’appel à l’Unicité.
Dans cette bataille le tyran utilise tous ses moyens et ses capacités pour extirper les propagateurs de la foi, les exterminer et les opprimer, afin d’étouffer leur rôle dans la société. Pour faire face à cette campagne féroce, l’apôtre devra s’isoler et émigrer.
L’isolement n’est pas l’émigration. Dans l’isolement, le propagateur de la foi abandonne la sphère de l’influence politique et de l’endoctrinement à l’ennemi.
Dans l’émigration, il échappe à la poigne de la terre et à la pire campagne menée par le tyran pour extirper l’appel. Dans l’histoire des compagnons de la caverne, qui ont cru en Allah, affronté leur peuple et déclaré l’appel à l’Unicité dans le palais, nous trouvons les deux phénomènes, l’isolement et l’émigration. Ces jeunes n’ont trouvé d’autre issue, après avoir proclamé l’appel à l’Unicité dans le cadre du palais, que de s’isoler de leur peuple et de ce qu’ils adorent, pour se réfugier dans la caverne.
« Et quand vous vous serez séparés d’eux et de ce qu’ils adorent en dehors d’Allah, réfugiez-vous dans la caverne : Votre Seigneur répandra de Sa miséricorde sur vous et disposera pour vous un adoucissement à votre sort.» ( Al-kahf, 16)
L’isolement et l’émigration sont deux actes de coupure profonde des relations sociales, politiques, économiques, nationales et familiales, remplacées par un autre tissu de relations, et c’est ce qui en fait des actes extrêmement douloureux au cœur humain.
Rares sont les choses aussi éprouvantes que celles où l’homme rompt ses relations familiales, nationales, sociales, économiques et politiques pour les remplacer par d’autres, de nature différente.
C’est pourquoi Allah récompense généreusement l’exil et l’émigration, s’ils sont accomplis pour Allah, il en fait un réceptacle de Sa miséricorde dans la vie de l’homme.
Lorsque le peuple d’Ibrahim s’attaqua à lui et le menaça de lapidation car ce dernier ne cessait de proclamer son appel, son père lui donna l’ordre de les quitter et de s’éloigner d’eux. Ibrahim décida de s’en isoler de couper ses relations avec eux et séparer sa vie de la leur.
« Il dit : Ô Ibrahim, aurai-je du dédain pour mes divinités ? Si tu ne cesses pas, certes , je te lapiderai, éloigne-toi de moi pour bien longtemps » ( Mariam, 46 ).
« Paix sur toi, dit Ibrahim. J’implorerai mon Seigneur de te pardonner car Il m’a toujours comblé de Ses bienfaits. » ( Mariam, 47-48)
Le Coran rappelle que lorsqu’Ibrahim s’isola de son peuple et de ce qu’ils adoraient, Allah lui fit don de Ishaq et de Yaqub, il en fit des prophètes, leur accorda Sa miséricorde et fit de leur langue une langue sincère.
« Puis, lorsqu’il se fut séparé d’eux et de ce qu’ils adoraient en dehors d’Allah, Nous lui fîmes don d’Ishaq et de Yaqub ; et de chacun Nous fîmes un prophète. Et Nous leur donnâmes de Notre miséricorde et Nous leur accordâmes un langage sublime de vérité. » ( Mariam, 49-50 )
7 – Proclamation du pèlerinage
L’acte le plus important qu’Ibrahim accomplit, après celui de l’appel à l’Unicité, est l’appel au pèlerinage, la proclamation du pèlerinage, au sein des gens, comme le Très-Haut le lui avait ordonné : « Et fais une annonce aux gens pour le pèlerinage. Ils viendront à toi, à pied, et aussi sur toute monture, venant de tout chemin éloigné. » ( Al-Hajj, 27)
Au début, Ibrahim proclama parmi les gens l’Unicité, ce fut la première étape de son action, qui est évidemment la plus pénible et la plus difficile. Dans la seconde étape, après que l’Unicité se soit installée dans les cœurs d’une communauté, Ibrahim proclama l’élévation sur terre d’une solide base pour l’Unicité, dans la Mosquée sacrée,qui est la ka’aba : « Allah a institué la ka’aba, la Maison Sacrée, comme un lieu de rassemblement pour les gens. » ( al-Ma’ida,97 )
Ibrahim a ainsi fondé pour l’Unicité une base inébranlable sur terre, faisant du pèlerinage à la Maison sacrée un rassemblement humain de tous les croyants sur terre, venant de toutes les contrées du monde comme Allah le lui avait de tout chemin éloigné. » ( Al-Hajj,27 )
Ibrahim al-khalil a réalisé, en élemant la ka’ba et la proclamation du pèlerinage, la stabilité de l’Unicité sur terre et dans l’histoire de l’humanité.
Après que le Seigneur l’ait légiféré par l’intermédiaire d’Ibrahim, le pèlerinage est devenu la citadelle de l’Unicité, un lieu ferme et sécurisant pour les croyants en l’Unicité, qui rassemble les croyants de toutes les parties de la terre, en en faisant une force capable de repousser toute agression contre le mouvement de l’Unicité et de la Maison Sacrée, un citadelle et un lieu de sécurité vers lequel les croyants se dirigent tous les ans.
« Nous fîmes de la Maison un lieu de visite et un asile pour les gens . » ( al-Baqara, 125).
Le Très-Haut chargea Ibrahim de purifier la Maison, de la préparer pour les rites et les prières.
« Et Nous confiâmes à Ibrahim et à Ismâ’il ceci : Purifiez ma Maison pour ceux qui tournent autour, y font retraite pieuse, s’y inclinent et s’y prosternent » ( Al-Baqara, 125)
Ibrahim fut l’avant-garde de l’Unicité, dans le sens de l’homme politique qui a élu domicile sur terre, depuis que le Seigneur l’a nommé Imam de l’Unicité sur la terre entière : « Je vais faire de toi un exemple ( Imam) pour les gens »
Ibrahim fut le premier à instaurer les bases humaines de l’Unicité, rassemblant les croyants, en faisant d’eux un groupe fort, aux rangs serrés, qui affronte les défis se l’associationnisme avec force et honnêteté. Il fut véritablement le père des croyants et le premier à nous appeler musulmans.
« La religion, celle de votre père Ibrahim, lequel vous a déjà nommés Musulmans » (Al-Hajj,78).