Abstract
Sayyidย ย Muhammadย ย Bรขqirย Al-Hakรฎm
Notre recherche portera sur plusieurs questions relatives ร ce thรชme coranique gรฉnรฉral. Elle sera divisรฉe en quatre partiesย :
I-ย La diffรฉrence entre le rรฉcit coranique et lesย ย autresย ย rรฉcits
Nous y traiterons deux aspects :
1ย ย ย ย ย –ย laย relationย entreย leย rรฉcit coraniqueย etย l’objectif gรฉnรฉral de la rรฉvรฉlation du Livre Divin.
2ย ย ย ย ย – Les caractรฉristiques essentielles du rรฉcit dans le Coranย : quatre d’entre elles se rapportent au contenu et la cinquiรชme concerne le style.
IIย ย –ย ย ย ย ย Lesย ย principauxย objectifsย duย ย rรฉcit
Nous en distinguons troisย :
1ย – Les objectifs ร ยซย dimension apostoliqueย ยป en rapport avec les messages et la rรฉvรฉlation divine. a – La confirmation de la rรฉvรฉlation et du message. b –ย ย ย Laย similitude deย iaย religionย et duย dogmeย divin chez tous les prophรชtes.
c – L’identitรฉ des moyens et des mรฉthodes employรฉs par ces apรดtresย ; l’identitรฉ des moyens adoptรฉs par leurs communautรฉs pour les affronter. d – L’authenticitรฉ des avertissements divins apportรฉs par les messagers.
e – La dรฉmonstration des faveurs divines accordรฉes ร ces prophรชtes et celle de Sa misรฉricorde ร leur รฉgard.
ย – Les tentations exercรฉes par Satan sur les humains et son inimitiรฉ endรฉmique ร leur encontre. g – Les fins et l’objectif de l’envoi des prophรชtes et des messagers.
2ย –ย Lesย objectifsย ร ย ย ย ยปย dimensionย pรฉdagogiqueย ย ยปย en rapport avec les aspects psychologique et spirituel de rhomme.
a – Eduquer rhomme et le familiariser avec la foi et
le monde invisible.
b – L’รฉduquer ร croire ร la globalitรฉ du pouvoir divin.
c – L’รฉduquer ร faire le bien et ร รฉviter le mal.
d – L’รฉduquer ร se soumettre ร la volontรฉ de Dieu, ร Sa
sagesse et Son dรฉcret.
3ย – Les objectifs ร ย ยปย dimension socialeย ย ยป en rapport avecย ย laย ย sociรฉtรฉ,ย ย sonย ย histoireย ย etย ย lesย ย facteursย ย qui interviennentย ย ย dansย ย ย sonย ย ย cours,ย ย ย ainsiย ย ย queย ย ย la dรฉmonstrationย ย deย ย l’applicationย ย desย ย loisย ย historiques sur l’activitรฉ humaine, comme par exempleย :
a – La corrรฉlation entre les changements sociaux et universelsย ย etย ย lesย changementsย ย psychologiquesย ย de i’homme en tant qu’individu.
bย –ย L’inรฉluctabilitรฉย deย laย victoireย duย Vraiย contreย le faux, du soutien divin aux prophรชtes et du dรฉnouement du combat en leur intรฉrรชt.
c – La mise ร Pรฉpreuve des humains.
dย –ย Laย ย rรฉalisationย ย duย changementย socialย ย aprรชsย de nombreux malheurs, adversitรฉs et รฉpreuves.
-Les caractรฉrรฏstiques du rรฉcit dans le Coran
1- La rรฉpรฉtition
2ย ย ย ย – L’insistance sur les rรฉcits รฉvoquant seulement les prophรชtes du Moyen-Orient.
3ย ย ย ย – L’insistance sur l’histoire de certains prophรชtes, telle que celles de (Moรฏse) et d’lbrร hรฎm (Abraham).
4ย ย ย ย – Le style du rรฉcit dans le Coran.
I V – La quatriรชme partie consistera en une รฉtude du rรฉcit, dans laquelle on abordera l’histoire de Mรปsรข en particulier, รฉtant donnรฉ qu’elle fut longuement rapportรฉe et qu’elle apparaรฎt ร plusieurs reprises dans le Coran. Nous pourrons, par la suite, appliquer cette รฉtude sur les autres rรฉcits.
I-ย Laย diffรฉrenceย entreย lesย rรฉcits
coraniques etย lesย autresย rรฉcits
1-ย ย Leย ย rรฉcitย ย coraniqueย ย etย ย Pobjectifย ย ย gรฉnรฉralย ย de laย ย ย rรฉvรฉlation
Les rรฉcits coraniques se distinguent des autres rรฉcits par un point crucial en rapport avec l’objectif mรชme pour lequel ils furent relatรฉs. Ce point dรฉterminera, comme nous le verrons, d’autres caractรฉristiques et spรฉcificitรฉs. Malgrรฉ l’intรฉrรชt portรฉ par le Coran ร l’aspect esthรฉtique, le rรฉcit ne constitue pas une oeuvre littรฉraire indรฉpendante en soi, ou dans ses modes d’expression, le but ne vise point ร rapporter les modes de vie anciens, encore moins ร procurer une
distraction aux lecteurs, comme le font certains historiens ou conteurs.
L’objectif du rรฉcit dans le Livre Divin contribue, en collaboration avec d’autres moyens, ร rรฉaliser les fins religieuses qu’il prรดne, et oรผ le rรฉcit est indubitablement l’un des plus importantes.
Le Coran, tel que nous l’avons dรฉjร mentionnรฉ dans notre รฉtude intitulรฉe ย ยป L’objectif de la rรฉvรฉlation coranique ย ยป est un message religieux aspirant, avant tout, ร opรฉrer un changement dont les multiples dimensions se rรฉsument dans les thรชmes suivantsย :
1ย ย ย ย –ย ย Effectuer un changement social radical.
2ย ย ย ย – Indiquer la voie appropriรฉe pour la vie humaine, et grร ce ร laquelle peut s’opรฉrer ce changement exprimรฉ dans le Livre Saint par ยซย le droit cheminย ยป, ยซย As-sirร t al mustaqรฎmย ยป.
3ย ย ย ย – Concevoir la base rรฉvolutionnaire capable d’assumer cetteย responsabilitรฉ.
Pour atteintre cet objectif, des moyens et des mรฉthodes spรฉcifiques รฉtaient nรฉcessaires, nous pouvoqs les remarquer dans les aspects suivants :
1ย ย ย ย – L’รฉchelonnement de la rรฉvรฉlation du Coran.
2ย ย ย ย – La fagon dont furent exposรฉs les diverses idรฉes, prescriptions, thรชses ainsi que les concepts.
3ย ย ย ย – Le lien entre la rรฉvรฉlation du Coran et l’ensemble des รฉvรฉnements et des faits qui constituent ยซย les causes de la rรฉvรฉlationย ยป.
4ย ย ย ย – L’expression de la rรฉvรฉlation du Coran en langue arabe exclusivement.
5ย ย ย ย – La disparitรฉ des styles adoptรฉs dans l’exposรฉ des diversย ย thรชmesย ย :ย ย prolixitรฉย ย etย ย dรฉtails,ย ย concisionย ย et
sobriรฉtรฉ.
6ย ย ย ย – La particularitรฉ du style coranique qui incorpore les images aux scรชnes ou expose plusieurs sujets dans un mรชme passage.
7ย ย ย ย – La diversitรฉ du style et du contenu s’agissant des versets mecquois ou mรฉdinois.
8ย ย ย ย – La prรฉsence de l’abrogation, du prรฉcis, de l’implicite et du restreint dans les versets.
9ย ย ย ย –ย L’รฉlaborationย dรฉtaillรฉeย desย prescriptionsย lรฉgales islamiques.
1 0 – La prรฉsence de certains aspects personnels de la vie du prophรชte Muhammad.
Ce qui explique par ailleurs le nombre considรฉrable d’รฉtudes coraniques portant sur les versets abrogeants et abrogรฉs, les versets clairs et implicites, les versets mecquois et mรฉdinois, les causes de la rรฉvรฉlation et diverses techniques relatives au style coranique.
L’objectif gรฉnรฉral de la rรฉvรฉlation du Livre Divin a aussi rejailli sur le rรฉcit, c’est pourquoi il ne peut qu’รชtre pris en considรฉration lors de l’รฉtude de ses caractรฉristiques et spรฉcificitรฉs, que ce soit au niveau du contenu ou du style adoptรฉ.
2-ย ย Lesย ย caractรฉristiquesย ย duย ย rรฉcitย ย coranique
A partir de ces caractรฉristiques, nous pouvons dรฉlimiter ia diffรฉrence entre ce rรฉcit et tous les autres. Elles ont d’ailleurs รฉtรฉ abordรฉes par le Coran sacrรฉ dans Pun de ses versets qui cite :
ยซDans leurs rรฉcits il y a certes une legon pour les gens douรฉs d’intelligence. Ce n’est point lร un rรฉcit fabriquรฉ. C’est au contraire la confirmation de ce qui existait dรฉjร avant lui,ย un exposรฉ dรฉtaillรฉ de
toute chose, un guide et une misรฉricorde pour des gens qui croientยป (Yรปsuf, 111) Laย parole divine dรฉfinit le rรฉcit coranique par les traits suivantsย : le rรฉalisme, l’authenticitรฉ, la sagesse et la moralitรฉ.
a – le rรฉalisme signifie l’รฉvocation des รฉvรฉnements et des scรชnes en relation avec la vie, ses rรฉalitรฉs et ses nรฉcessitรฉs humaines, pressenties tout au long de l’histoire, au lieu du rรฉcit centrรฉ sur l’imaginaire, les espoirs et des dรฉsirs de l’homme. Car le Coran vise, ร travers les histoires et les รฉvรฉnements prophรฉtiques, ร une relecture de l’histoire humaine et des faits rรฉels antรฉrieurement vรฉcus par les nations dรฉfuntes ou par les messages divins. II incite rhomme ร poursuivre cette lecture au prรฉsent, afin d’en tirer profit et la prendre pour exemple dans son existence, son action, ses positions et ses aspirations, qu’elles soient vers l’avenir ou vers les perfections divines.
Or, si le rรฉcit se dรฉtournait de ce rรฉalisme, il cesserait d’รชtre profitable aux hommes et serait restreint aux illusions et suppositions, ce qui les priverait de ressentir ses effets ou d’y croire, moralement et spirituellement.
Dans son cheminement vers la perfection, l’homme a besoin de s’รฉlancer ร partir de ยซย la rรฉalitรฉย ยป sinon il s’รฉgarerait dans les labyrinthes des espoirs et des souhaits. Le Coran a d’ailleurs traitรฉ cet รฉtat de rhomme en รฉvoquant les Juifs qui font partie des gens du Livreย ย :
ยซEt il y a parmi eux des illettrรฉs qui ne savent rien du Livre hormis des prรฉtentions et ils ne font que des conjecturesยป (al-Baqara, 78).
N’ayant pas pris un point de dรฉpart rรฉaliste, l’homme s’avรชre incapable de parvenir ร ses fins, raison pour laquelle le Livre Sacrรฉ a tentรฉ de traiter, par le biais du rรฉcit, ia rรฉalitรฉ vรฉcue par les Musulmans ร l’รฉpoque du prophรชte : il rappelle ce qui correspond ร la rรฉalitรฉ tout comme il traite de ce que vivront les gรฉnรฉrations futures.
Certaines citations rapportรฉes des Imams de la famille du Prophรชte peuvent expliquer ce point, telles que : ยซย Le Coran est immortelย ยป ou ยซย Le Coran durera tant que dureront le soleil et la luneย ยป, paroles qui soulignent cette dimension et cette spรฉcificitรฉ du rรฉcit coranique. II est mรชme probable que le verset sus-mentionnรฉ (Yรปsuf) ยซla confirmation de ce qui existait avant luiยปย ย soit une indication de ce trait.
b- L’authenticitรฉ de la narration des รฉvรฉnements et des faits historiques concernant les envoyรฉs de Dieu, au cours de leur existence, et ce face aux ยซย mensongesย ยป, digressions et affabulations qui furent forgรฉs avec prรฉmรฉditation, confusion ou ignorance et rapportรฉs dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Les rรฉcits et les รฉvรฉnements relatรฉs dans le Coran sont des rรฉalitรฉs immuables, que le mensonge, l’erreur et l’รฉquivoque n’ont pas altรฉrรฉes, comme ce fut le cas pour les livres antรฉrieurs, car le Coran est l’inspiration divine, aucun atome du ciel et de la terre n’รฉchappe au Savoir divin. II sait ce que l’ceil ne peut voir et ce que le cceur veut cacher, le prรฉsent, le passรฉ et l’avenir sont รฉquivalents pour Lui. Le verset suivant affirme cette vรฉritรฉย :
ยซCe n’est point lร un rรฉcit fabriquรฉยป
IIย estย nรฉcessaireย deย clarifierย laย diffรฉrenceย entre
ces deux caractรฉristiques apparemment voisines : le rรฉalisme signifie ce qui a cours dans la vie des humains, il peut รชtre authentique ou mensonger. Quant ร l’authenticitรฉ, c’est ce qui est rรฉellement arrivรฉ.
Ces deux caractรฉristiques distinctes nous ouvrent des perspectives dans l’รฉtude comparative entre les rรฉcits coraniques et ceux mentionnรฉs dans les deux testaments, en ce qui conceme la compatibilitรฉ entre les รฉvรฉnements ou les faits, les conceptions, les comportements et les rรฉalitรฉs de l’existence humaine.
La deuxiรชme caractรฉristique nous permet, quant ร elle, d’amorcer une comparaison historique entre les รฉvรฉnements rapportรฉs par le Coran et les informations historiques rรฉvรฉlรฉes par les recherches archรฉologiques.
Certains chercheurs dans ce domaine ont adoptรฉ une opinion diffรฉrente concernant les faits relatรฉs par le Livre bรฉni. lls ont jugรฉ que ce dernier ne se souciait pas d’affirmer l’authenticitรฉ des รฉvรฉnements historiques รฉvoquรฉs, il se contentait d’รฉvoquer les plus connus par les gens de l’รฉpoque de la rรฉvรฉlation, pour l’unique fin d’en dรฉduire les enseignements nรฉcessaires. Dans cette optique, il pouvait rapporter des rรฉcits mรชme s’ils n’รฉtaient pas authentiques et mรชme s’ils n’รฉtaient pas relatรฉs de fagon prรฉcise.
Mais Allร ma M. H. Tabatabร ’i a longuement discutรฉ ce point de vue, รฉcrivant : ย ยป Le Coran n’est pas un ouvrage historique et encore moins un recueil des contes imaginaires. C’est un livre prรฉcieux et unique, qui n’admet le faux en aucun cas, II ne rรฉvรชle que la vรฉritรฉ, excluant toute erreur. Ce n’est pas seulement par foi en Dieu et en son messager que l’on nie que le
Coran puisse renfermer le faux et le mensonge, mais parce qu’il affirme รชtre la parole divine, rรฉvรฉlรฉe pour orienter les humains vers leur vrai bonheur et le Vrai. II se doit donc pour tout commentateur du Coran de considรฉrer son contenu vรฉridiqueย ยป.
c- L’รฉducation รค une รฉthique humaine รฉlevรฉe, opposรฉe ร celle fondรฉe sur les sensations, les instincts et les rรฉactions รฉmotionnelles personnelles. Le rรฉcit coranique est qualifiรฉ de ยซย moralย ยป car le cheminement de rhomme, sur les plans individuel et collectif, se dรฉroule sur la base de la moralitรฉ, aprรชs la foi en Allah, dans les messages et le Jour dernier ; de plus, la moralitรฉ รฉievรฉe reprรฉsente raccomplissement rรฉel du mouvement humain. C’est pourquoi l’assise sociale humaine, du point de vue de l’lslam, est une assise morale, !e comportement รฉlevรฉ de l’homme est un comportement moral. Le messager d’Allah a d’ailleurs dit : ยซย Je fus certes envoyรฉ pour complรฉter les noblesses de la moralitรฉย ยป.
Le rรฉcit coranique fut donc toujours ร caractรชre moral : il inculque ia foi en Dieu et dans le monde invisible, la soumission ร la sagesse divine et aux principes suprรชmes de Pรฉthique humaine, tels que la patience, le dรฉvouement, i’amour d’Allah le Trรชs-Haut, le sacrifice pour Sa cause, le courage et la droiture.
C’est le sens des concepts de ยซย guideย ยป et ยซย misรฉricordeย ยป du verset ci-dessus extrait de la sourate Yรปsuf.
d- La sagesse dans le dรฉvoilement des vรฉritรฉs universelies, des lois historiques et des causes qui influent sur le processus humain, sur les relations socialesย ย ย ainsiย ย ย queย ย ย surย ย ย l’existenceย ย ย cosmique
divertissants.
Sheikhย ย Muhammadย Abdรปย ย avaitย tentรฉย ย d’expliquer
l’absence de dรฉtails dans les rรฉcits, considรฉrant que la prolixitรฉ des dรฉtails introduisait nรฉcessairement des inexactitudes. Afin de les รฉviter, le Coran s’est limitรฉ ร n’รฉvoquer que des gรฉnรฉralitรฉs.
Ce jugement est certes erronรฉ pour deux raisons : !a premiรชre est que le Coran est une rรฉvรฉlation divine, il est donc inconcevable d’y supposer des erreurs ou des รฉquivoques aussi bien dans ses gรฉnรฉralitรฉs que dans ses dรฉtails. En second lieu, ce Livre divin dรฉtaille minutieusement la vie de certains messagers pour des raisons bien dรฉterminรฉes, comme pour nier la crucification de Jรฉsus ou raconter les circonstances accompagnant sa naissance. De nombreux dรฉtails parsรชment รฉgalement la vie de Mรปsรข, depuis sa naissance, en passant par son รฉducation, sa sortie d’Egypte, et jusqu’ร son retour.
Aรผama Tabatabร ’รฎ a รฉvoquรฉ cette particularitรฉ du rรฉcit coranique, รฉcrivant : ยซย Le Coran Sacrรฉ est un livre d’appel ร la foi et de guidance, il ne se dรฉtourne guรชre de sa mission. Ce n’est donc point une oeuvre historique et encore moins un rรฉcit narratif. II ne vise pas ร l’รฉtude des faits historiques, ni รค emprunter les moyens de l’art du conte, II ne s’intรฉresse ni ร la gรฉnรฉalogie, ni aux dรฉterminations temporelles et spatiales, ni ร d’autres traits pertinents indispensables par ailleurs ร toute รฉtude historique ou au rรฉcit imaginaireย ยป (al-Mรฎzร n, 7, 167).
II- Les objectifs du rรฉcit dans le Coran
La rรฉcit a รฉtรฉ congu pour contribuer au processus du changement humain dans ses divers aspects.ย La
question se pose donc sur les objectifs du rรฉcit coranique.
En premier lieu, nous remarquons que le rรฉcit comprend aussi bien dans son contenu que dans ses buts, les objectifs pour lesquels le Coran mรชme fut rรฉvรฉlรฉ. Etant donnรฉ l’abondance des objectifs et leurs ramifications, nous limiterons notre exposรฉ aux principaux afin de comprendre l’importance du rรดle du rรฉcit et son utilitรฉ dans ce cadre.
Ces objectifs se rรฉpartissent en troisย :
1-ย ย ย Lesย ย ย objectifsย ย ย apostoliquesย ย :
a – L’affirmation de la rรฉvรฉlation et du message : le Coran sacrรฉ ne provient pas du Prophรชte Muhammad, mais il lui fut rรฉvรฉlรฉ par Dieu pour orienter l’humanitรฉ vers son salut. Cet objectif a dรฉjร รฉtรฉ traitรฉ dans notre รฉtude intitulรฉe ย ยป Le caractรชre inimitable du Coran ย ยป oรผ nous avons soulignรฉ que les propos du dernier des messagers avaient relatรฉ avec beaucoup de prรฉcision, de dรฉtails, de sรฉrรฉnitรฉ et de confiance, les rรฉcits des nations antรฉrieures, de leurs prophรชtes et messagers, en prenant bien sรปr en considรฉration leur environnement culturel et social, dans le but de dรฉvoiler une vรฉritรฉ sรปre et inรฉbranlable : la provenance de toutes ces informations d’une origine invisible, au courant de tous les secrets, qui n’est autre que Dieu.
Cette vรฉritรฉ fut ร plusieurs reprises affirmรฉe dans le Coran. Un verset de la sourate Yรปsuf rappelle : ยซNous te rapportons Nous-mรชmes le meilleur rรฉcit en t’inspirant ce Coran mรชme si certainement tu รฉtais auparavant parmi les distraitsยป (Yรปsuf, 3)
A la fin de ce rรฉcit, au sein de cette mรชme sourate,
nous lisons : ยซCela fait partie des nouvelles de l’inconnu que Nous t’inspirons. Tu n’รฉtais pas avec eux lorsqu’ils tombรชrent d’accord dans leurs intriguesยป (Yรปsuf, 102)
Un autre verset figurant dans Al-Qasas rรฉvรชle, aprรชs avoir relatรฉ l’histoire de Mรปsรข : ยซTu n’รฉtais pas le long de la rive Ouest quand Nous arrรชtร mes irrรฉvocablement de confier la chose (le Message) ร Moรฏse et tu n’รฉtais point parmi les tรฉmoins. Mais Nous avons fait naรฎtre des gรฉnรฉrations et la durรฉe de leur existence a รฉtรฉ trop longue. Tu n’รฉtais nullement installรฉ ร Madyan pour รชtre (aujourd’hui) en mesure de leur faire le rรฉcit de Nos miracles, mais Nous avons fait de toi un messager. Tu n’รฉtais point du cรดtรฉ du mont Tor quand Nous appelร mes (Moรฏse), mais c’est lร un effet de la misรฉricorde de ton Seigneur afin que tu avertisses un peuple qui n’ont regu aucun avertisseur avant toi, peut-รชtre se rappelleront-ilsยป (al-Qasas, 44-46)
Un verset au dรฉbut de l’histoire de Myriam de la sourate ‘รI-‘Umrร n cite : ยซCela fait partie des nouvelles de l’lnconnu que Nous t’inspirons. Tu n’รฉtais pas parmi eux alors qu’ils jetaient leurs calames pour savoir qui d’entre eux prendrait Marie ร sa charge et tu n’รฉtais pas parmi eux alors qu’ils se disputaientยป (รl-‘lmrร n,ย 44)
Cette vรฉritรฉ fut rรฉitรฉrรฉe dans l’histoire d’Adam, rapportรฉe dans la Sourate Sร d : ยซDis : ยซย c’est lรค une trรชs grande nouvelleย ยป. … dont pourtant vous vous dรฉtournez. Je n’avais aucune connaissance des querelles de la Cour sublime. On ne fait que m’inspirer que je ne
suis qu’un avertisseur en toute clartรฉยป (Sร d, 67-70)
Ainsi que dans celle de Nรปh (Noรฉ) mentionnรฉe dans la sourate Hรปd : ยซVoici quelques-unes des nouvelles de l’inconnu que Nous t’inspirons. Tu n’รฉtais point de nature ร les connaรฎtre ni toi ni ton peuple avant ceci. Patiente ! Le lendemain appartient assurรฉment aux gens pieuxยป (Hรปd, 49)
Tous ces versets bรฉnis affirment que le rรฉcit fut abordรฉ par le Coran pour confirmer le concept de la rรฉvรฉlation,ย primordial dans iaย loi islamique.
b – L’identitรฉ de la religion et du dogme pour tous les prophรชtes, quel qu’ait รฉtรฉ leur nombre.
En effet, le principe reiigieux pour leque! ces apรดtres furent envoyรฉs est le mรชme chez tous, l’origine de leur religion est unique et tous les prophรชtes forment une seule communautรฉ, qui adore l’Unique Dieu et appelle ร L’adorer.
Cette vรฉritรฉ fut abordรฉe par le Coran en divers endroitsย :
ยซNous avons effectivement suscitรฉ dans chaque nation un Messager (pour leur dire) : ยซย Adorez Dieu et รฉvitez l’aberration de toutes les forces trompeusesย ยป. Parmi eux, il en est que Dieu a guidรฉs sur le droit chemin et d’autres mรฉritent l’errance. Parcourez donc la terre et voyez comment fut le lendemain de ceux qui traitaient (Nos messagers) de menteursยป (An-Nahi, 36).
ยซNous avons descendu la Torah contenant une bonne direction et une lumiรชre. C’est sur sa base que rendent la justice ceux qui ont suivi Moรฏse, ies prophรชtes qui se sont soumis ร Dieu ainsi que les
gens au comportement divin et les docteurs…ยป (al-Mร ’ida, 44)
L’objectif รฉtant de
–ย mettreย en valeur leย rapport รฉtroit entreย l’lslam et toutes les autres religions divines propagรฉes par les prรฉcรฉdents messagers et prophรชtes.ย L’lslam est !eur prolongement, il est l’รฉpilogue des religions auquel toute l’humanitรฉ devrait aboutir, rompant de la sorte toute affiliation aux dogmes antรฉcรฉdents bien qu’ils aientย ย รฉtรฉย ย rรฉellementย ย rรฉvรฉlรฉsย ย parย Dieu.ย ย L’lslamย ย les reconnaรฎt mais s’il fut rรฉvรฉlรฉ, c’est pour asseoir son hรฉgรฉmonie.
ยซNous t’avons fait descendre le Livre en toute vรฉritรฉ et bon droit, confirmant ce qui l’a prรฉcรฉdรฉ du Livre et le dominantยปย ย (al-Mร ’ida, 48)
–ย certifier que L’lslam n’est point une hรฉrรฉsie dans l’histoire des messages auxquels il se rattache tant auย ย niveauย ย deย ย sesย ย objectifsย ย queย ย deย ย sesย ย idรฉesย ย et conceptions.
ยซDis : ยซย Je ne suis nullement une innovation parmi les Messagers et je ne sais pas ce qui sera fait de moi ni de vousย ยปยป (al-Ahqร f, 9)
L’lslam est le prolongement de ces messages divins qui, ร leur tour, sont ses racines historiques. II s’agit donc d’un message moral dont le rรดle consiste ร modifierย ce prolongement de l’histoire humaine et c’est pourquoi il compte un grand norrvbre d’adeptes et de ferventsย croyants. C’est d’ailleurs dans cette optique que le Coran rapporte l’histoire de plusieurs prophรชtes dans une mรชme sourate, mentionnรฉe de fagon รค confirmer
cette cohรฉsion รฉtroite qui les relient au niveau de la
rรฉvรฉlation ainsi que dans leur vocation.
Unย ย exempleย ย concretย ย figureย ย dansย ย laย ย sourateย ย Al-
Anbiyร ’ย :
ยซNous avons effectivement donnรฉ รค Moรฏse et ร Aaron la distinction entre le vrai et le faux ainsi qu’une Lumiรชre et un Rappel pour ceux qui craignent Dieu…. Nous avons effectivement donnรฉ ร Abraham sa saine orientation et Nous en avions connaissance… lls voulurent lui jouer un mauvais tour mais Nous fรฎmes d’eux les perdants. Nous le sauvร mes de mรชme que Loth (en les amenant) ร la terre que Nous avons bรฉnie pour les habitants de l’univers. Nous lui donnร mes Isaร c et Jacob en surplus et Nous en fรฎmes tous des gens vertueux…. Et Loth, Nous lui donnร mes sagesse, jugement et savoir et Nous le sauvร mes de la citรฉ qui pratiquait !e vice…. Et Noรฉ, quand il Nous appela auparavant, Nous rรฉpondรฎmes alors รค son appel et le sauvร mes, lui et les siens, du grand mal qui les affligeait… Et David et Salomon quand ils jugeaient รค propos du champ lorsque les troupeaux de ces gens s’y rรฉpandirent de nuit et Nous รฉtions tรฉmoin de leur jugement… Et ร Salomon (Nous soumรฎmes) le vent soufflant avec force et courant sur son ordre vers la terre que Nous avions bรฉnie et Nous sommes au courant de toute chose… Et Job, quand il appela son Seigneur : ยซย Le mal’m’a touchรฉ dans mon corps et Tu es le plus MisรฉrJcordieux de tous les rnisรฉricordieuxย ยป. Nous rรฉpondรฎmes ร son appel, dissipร mes le mal dont il souffrait et lui donnร mes les membresย deย saย famille…ย ย Et Ismaรซl,ย Idrรฎsย et
Dhoulkifl, tous appartenaient aux patients. Nous les fรฎmes entrer dans Notre misรฉricorde… Et l’homme ร la baleine quand II s’en alla plein de colรชre, croyant que Nous n’allions pas l’emprisonner (dans le ventre du poisson). II appela alors dans les tรฉnรชbres. ยซย II n’y a de Dieu que Toi, gloire et puretรฉ ร Toi ! J’appartenais vraiment aux injustesย ยป Nous rรฉpondรฎmes ร son appel et le sauvร mes de ce qui l’oppressait. C’est ainsi que Nous sauvons les croyants. Et Zacharie, quand II appela son Seigneur : ยซย Seigneur ! Ne me laisse point sans enfants et Tu es le meilleur des hรฉritiersย ยป Nous rรฉpondรฎmes ร son appel et lui donnร mes Jean. C’รฉtaient des gens empressรฉs ร faire les oeuvres de bien. lls Nous invoquaient par ambition et par crainte et ils รฉtaient รค Notre รฉgard plein de recueillement. Et celle qui dรฉfendit l’intรฉgritรฉ de sa chastetรฉ. Nous alors insufflรฉ en elle de Notre souffle vital et fรฎmes d’elle et de son fils un signe pour les habitants de l’univers. C’est celle-ci votre communautรฉ, n’en formant qu’une seule et unique, et c’est Moi votre Seigneur et Maรฎtre. Adorez-Moi donc !ยป (48-92)
Dans cet exposรฉ de rรฉcits prophรฉtiques, !e Livre divin tend ร indiquer ce concept d’unitรฉ profondรฉment ancrรฉ dans la communautรฉ pieuse croyant en un Dieu Unique. D’autres objectifs peuvent รชtre relevรฉs dans ces versets, le plus important รฉtant l’indication des faveurs divines communes qui leur furent prodiguรฉes.
Un autre exemple coranique indiquant l’identitรฉ du dogme principal chez tous les prophรชtes, figure dans la sourate Al-A’rร fย :
ย ยซNous avons effectivement envoyรฉ Noรฉ ร son peuple. II leur dit : ยซย ร mon peuple ! Adorez servilement Dieu ! Vous n’avez point de Dieu autre que Lui. Je crains vraiment pour vous le supplice d’un trรชs grand jourย ยปยป
ยซEt รค Aad leur frรชre Hรปd, II dit : ยซย ร mon peuple ! Adorez servilement Dieu ! Vous n’avez point de Dieu autre que Lui. Ne craignez-vous donc pas Dieuย ย ?ย ยปยป
ยซEt aux Madianites leur frรชre Shu’ayb. II dit : ยซย ร mon peuple ! Adorez servilement Dieu ! Vous n’avez point de Dieu autre que Lui. Voilร que vous est venue une preuve รฉvidente de votre Seigneurย ยปยป (al-A’rร f).
En dรฉbutant par l’histoire de chaque prophรชte de cette maniรชre, l’unicitรฉ du dogme et de la religion est affirmรฉe chez tous : Dieu est Unique, le dogme est un, les apรดtres forment une communautรฉ unique et la religion est une.
– Dรฉmontrer que les moyens et les mรฉthodes adoptรฉs par ies envoyรฉs de Dieu furent les mรชmes, tout comme furent identiques les rรฉactions de leurs nations et leur accueil des messages. De mรชme, les facteurs, les causes et les manifestations auxquels furent confrontรฉs les diffรฉrents prophรชtes sont identiques. Cette identitรฉ pergue dans plusieurs domaines fut abordรฉe par quelques versets dont :
ยซCombien de fois un prophรชte a vu combattre ร ses cรดtรฉs nombre de gens ร la nature divine ! lls ne se sont nullement dรฉcouragรฉs a la suite de ce qui leur รฉtait arrivรฉ sur le chemin de Dieu…ยป
Parfois le Coran รฉvoque l’histoire des prophรชtes d’une fagon gรฉnรฉrale, dans le but de certifier cette unitรฉ qui ies assemble, comme dans la sourate Ibrร hรฎm : ยซLeurs messagers leur ont apportรฉ les preuves รฉvidentes, mais ils leur firent rentrer leurs paroles bienfaisantes dans leurs bouches…ยป
L’insistance du Coran sur cette vรฉritรฉ vise ร montrer la justesse des attitudes des prophรชtes et des moyens utilisรฉs, ainsi que leurs consรฉquences et leur impact, et ensuite ร Ia confirmer. Conformรฉment ร ces objectifs, de nombreux rรฉcits concernant les prophรชtes figurent, rรฉunis, oรผ est reprise la mรฉthode de la propagation divine.
La sourate Hรปd relateย :
ยซNous avons dรฉjรค envoyรฉ Noรฉ ร son peuple : ยซย Je suis pour vous un avertissement explicite afin que vous n’adoriez qu’Allah. Je crains pour vous le chร timent d’un jour douloureux.ย ยป Les notables de son peuple qui avaient mรฉcru, dirent alors : ยซย Nous ne voyons en toi qu’un homme comme nous ; et nous voyons que ce sont seulement les vils parmi nous qui te suivent sans rรฉflรฉchir ; et nous ne voyons en vous aucune supรฉrioritรฉ sur nous. Plutรดt, nous pensons que vous รชtes des menteursย ยป. II dit : ยซย รด mon peuple ! Que vous en semble ? Si je me conforme ร une preuve de mon Seigneur, si une Misรฉricorde, (prophรฉtie) รฉchappรคnt รค vous yeux, est venue ร moi de Sa part, devrons-nous vous l’imposer alors que vous la rรฉpugnez ? ร mon peuple, je ne vous demande pas de richesse en retour. Mon salaire n’incombe qu’รค Allah….ยป
Sa communautรฉ lui rรฉplique alors : ยซร Noรฉ, tu as disputรฉ avec nous et multipliรฉ les discussions. Apporte-nous donc ce dont tu nous menaces, si tu es du nombre des vรฉridiquesยป (Hรปd, 25-32)
Cette mรชme situation est reprise avec le prophรชte Hรปd, de la tribu de ‘รd, ainsi qu’avec le prophรชte Sร lih, de la tribu Thamรปdย .
d – i’attestation desย heureuses nouvelles et des
avertissementsย : en effet, Dieu a promis ร ceux qui
Lui obรฉissent, Sa clรฉmence et Son pardon, et a averti
ceux qui Lui dรฉsobรฉissent qu’ils subiront une torture
douloureuse. Afin de prouver la rรฉalitรฉ de ces nouvelles
et avertissements,ย le Coran sacrรฉ aย relatรฉ certains
faits qui les confirment. En voici quelques exemplesย :
ยซQuand ils entrรชrent chez lui et dirent : ยซย Salamย ยป
– ils dirent : ยซย Nous avons peur de vousย ยป. lls dirent :
ยซย N’aie pas peur ! Nousย t’annongons une bonne
nouvelle [ia naissance] d’un gargon plein de savoirยป
(al-Hijr,ย ย 52-53)
Ce verset exprime la clรฉmence et l’heureuse nouvelle. Quant aux versets suivants : ยซPuis lorsque les envoyรฉs vinrent auprรชs de la famille de Lot, celui-ci dit : ยซย Vous รชtes des gens inconnusย ยป. lls dirent : ยซย Nous sommes plutรดt venus รค toi en apportant (le chร timent) ร propos duquel ils doutaient. Et nous venons ร toi avec la vรฉritรฉ. Et nous sommes vรฉhdiques. Pars donc avec ta famille en fin de nuit et suis leurs arriรชres ; et que nul d’entre vous ne se retourne. Et allez lร oรผ on vous le commandeย ยป. Et Nous lui annongร mes cet ordre : que ces gens-lร , au matin, seront anรฉantis jusqu’au dernierยป (al-Hijr, 66), ils rรฉvรชlent d’urรฏe part, l’indulgence accordรฉe au prophรชte Lot et de l’autre, le
chร timent infligรฉ ร sa nation.
Or, dans le rรฉcit rapportรฉ par ces paroles : ยซCertes, les gens d’al-Hijr ont traitรฉ de menteurs les messagers. Nous leur avons montrรฉ Nos miracles, mais ils s’en รฉtaient dรฉtournรฉs. Et ils taillaient des maisons dans les montagnes, vivant en sรฉcuritรฉ. Puis au matin le Cri les saisit. Ce qu’ils avaient acquis ne leur a donc point profitรฉยป (al-Hijr, 80-84). Ce chร timent fut rรฉservรฉ aux incrรฉdules qui dรฉmentirent les avertissementsย divins.
e – l’รฉnoncรฉ des faveurs octroyรฉes par Dieu ร Ses prophรชtes, telles que Son indulgence et Son agrรฉment, confirmant les liens qui ies unissent ร Lui. Ce concept fut affirmรฉ par le Livre Saint ร plusieurs reprises et en diffรฉrents endroitsย :
ยซQuiconque obรฉit ร Allah et ร Son messager… ceux-lร seront avec ceux qu’Allah a comblรฉs de Ses bienfaits : les prophรชtes, les vรฉridiques, les martyrs et les vertueux. Et quels bons compagnons que ceux-lร ยป (an-Nisร ’, 69) ainsi que dans les rรฉcits prophรฉtiques tels que ceux de Sulaymร n (Salomon), Dร wรปd (David), Ibrร hรฎm (Abraham), Maryam (Marie), ‘lsa (Jรฉsus), .Zakaria (Zacharie), Yรปnus (Jonas) et Mรปsรข (Moรฏse).
Les prophรชtes subissent habituellement toutes sortes de souffrances et d’affliction qui pourraient laisser croire ร certains naรฏfs qu’Allah abandonne Ses apรดtres, d’oรผ l’importance de ces propos qui affirment au contraire qu’รผs bรฉnรฉficient de ia grร ce divine comme signe de Son attachement ร leur รฉgard. Quelques รฉpisodes de ces rรฉcits ont pour objectif de mettre l’accentย ย surย ย cesย ย faveursย ย accordรฉesย ย ร ย ย diffรฉrentes
occasions. La sourate al-‘Anbiyร ’ illustre ce point.
Dans la sourate Maryam, le Coran conclut par ces parolesย :
ยซVoilร ceux qu’Allah a comblรฉs de Ses faveurs, parmi les prophรชtes, parmi les descendants d’Adam, et aussi parmi ceux que Nous avons transportรฉs en compagnie de Noรฉ, et parmi la descendance d’Abraham et d’lsraรซl, et parmi ceux que Nous avons guidรฉs et choisisยป (Maryam, 58).
f – signaier le rรดle nรฉfaste exercรฉ par Satan sur l’homme ainsi que son animositรฉ endรฉmique รค son encontre, cherchant toute occasion pour lui porter nuisance. II s’agit de prรฉvenir les humains de son attitude rรฉelle ร ieur รฉgard.
Le rรฉcit rรฉflรชte nettement ces vรฉritรฉs et ces relations amenant l’homme ร la prudence. Raison pour laquelle la confrontation d’Adam et de Satan est reprise, sous diverses formes. Nous pouvons mรชme dire que le rรฉcit d’Adam vise ร illustrer ce thรชme.
g – expliquer la finalitรฉ de l’envoi des messagers et des prophรชtes. Elle consiste ร communiquer les messages divins, ร orienter les humains vers le Vrai, ร les purifier, ร rรฉsoudre leurs diffรฉrends, ร faire rรฉgner la justรฎce, ร combattre la corruption et surtout ร prรฉsenter les arguments divins.
ยซAllah envoya des prophรชtes comme annonciateurs et avertisseurs ; et II fit descendre avec eux le Livre contenant la vรฉritรฉ, pour rรฉgler parmi les gens leurs divergencesยป (al-Baqara, 213)
109
ยซen
jour du jugement dernier.
c – Eduquer rhomme ร une moralitรฉ vertueuse, en l’incitant ร faire le bien, ร se dรฉtourner du mal et de la corruption et en dรฉmontrant les consรฉquences inรฉvitables des actions humaines. Les exemples figurent dans les rรฉcits des fils d’Adam, du propriรฉtaire des deux jardins, des fils d’lsra’รฎl suite ร leur dรฉsobรฉissance, du barrage de Ma’rib, des deux propriรฉtaires des deux jardins et des habitants des fossรฉs, histoires qui enseignent la patience, le dรฉvouement et l’endurance.
d – L’รฉduquer ร se soumettre ร la volontรฉ et ร la sagesse divines qui se manifestent dans les relations cosmiques et sociales de ce monde ainsi que dans la sagesse humaine, comme les faits avec la mรชre de Mรปsรข qui fut inspirรฉe de jeter son fils ร l’eau. L’histoire de la rencontre de Mรปsรข avec ยซl’un de Nos serviteurs ร qui Nous avions donnรฉ une grร ce, de Notre part et ร qui Nous avions enseignรฉ une science รฉmanant de Nousยป.
3ย ย ย –ย ย ย Lesย objectifsย ย sociauxย ย etย ย historiques
II s’agit de l’exposition des lois historiques qui rรฉgissent le mouvement de l’homme et de la sociรฉtรฉ humaine.
En effet, la sociรฉtรฉ humaine est soumise, dans son mouvement et son รฉvolution, ร des lois bien รฉtabiies. Certaines furent rapportรฉes par le Livre divin qui leur accorde une importance non nรฉgligeable. Le rรฉcit contribue ร les concrรฉtiser en rapportant les รฉvรฉnements survenus. Nous indiquerons quelques-unes de ces lois en relatant les rรฉcits correspondants.
a – La relation entre le changement social et le changement spirituel et psychologique dans la sociรฉtรฉ. Les versets s’y rapportant rรฉvรชlent :
ยซC’est qu’en effet Allah ne modifie pas un bienfait dont II a gratifiรฉ un peuple avant que celui-ci change ce qui est en lui-mรชme… II en fut de mรชme des gens de Pharaon et ceux qui avant eux avaient traitรฉ de mensonges les signes de leur Seigneur…ยป (Al-Anfร l,ย ย 53-54)
ยซEn vรฉritรฉ, Allah ne modifie point l’รฉtat d’un peuple, tant que les [individus qui le composent] ne modifient pas ce qui est en eux-mรชmesยป (ar-Ra’d,
11)
ยซSi les habitants des citรฉs avaient cru et avaient
รฉtรฉ pieux, Nous leur aurions certainement accordรฉ
des bรฉnรฉdictions du ciel et de la terre. Mais ils
ont dรฉmenti et Nous les avons donc saisis, pour ce
qu’ils avaient acquisยป (Al-A’rร f,ย 96)
Parmiย ย lesย ย exemplesย ย lesย ย plusย ย expressifsย ย deย ย cet
objectif,ย citons des passages deย la sourateย al-A’rร f
oรป sont exposรฉs les rรฉcits de Nรปh, Hรปd, Sร lih, Lot et
Shu’ayb,ย ย etย ย ce ย ย quiย ย leurย ย arrivaย ย lorsqu’ilsย ย furent
confrontรฉs ร leurs peuples rรฉsume cette loi gรฉnรฉrale :
ยซNous n’avons envoyรฉ aucun prophรชte dans une citรฉ
sans que Nous n’ayons pris ses habitants ensuite
par l’adversitรฉ et la dรฉtresse afin qu’ils’ implorent
(le pardon). Puis Nous avons changรฉ leur mauvaise
condition en y substituant le bien, au point qu’ayant
grandi en nombre et en richesse, ils dirent :ย ยซย la
dรฉtresse et l’aisance ont touchรฉ nos ancรชtres aussiย ยป.
Et bien, Nous les avons saisis soudain, sans qu’ils
s’en rendent compteยป (al-A’rร f, 94-95).
L’histoire de Pharaon avec Mรปsรข, telle qu’elle figure dans la sourate al-Anfร l dans les versets 53-54 traite aussi cette loi. Ceci est rappelรฉ encore pius clairement dans l’histoire de Mรปsรข, telle qu’elle est exposรฉe dans al-A’rร f, rรฉvรฉlรฉe avant al-Anfร l. Nous pouvons le comprendre par les indices suivantsย :
–ย ย ย ce rรฉcit vient ร la suite des versets qui mentionnent cette loi.
–ย ย ย le contenu du rรฉcit exhorte d’abord ร la patience et ร l’imploration de l’assistance divine puis rappelle l’obstination des gens de Pharaon ร dรฉmentir l’apostolat et ร tyranniser ses partisans, pour finalement conclure par le chร timent infligรฉย ร ย Pharaon et ses partisans, en opposition ร la rรฉcompense octroyรฉe aux Fils d’lsra’รฎl en leur concรฉdant l’hรฉritage de la terre.
b- La loi qui atteste la victoire du Vrai contre le Faux et qui fut mentionnรฉe ร plusieurs reprisesย :
ยซEt dis : ยซย La Vรฉritรฉ est venue. L’Erreur a disparu. Car l’Erreur est destinรฉe ร disparaรฎtreย ยปยป (al-lsrร ’, 81)
En ce qui concerne ce sujet, le livre divin a confirmรฉ que les envoyรฉs de Dieu, quelles qu’aient รฉtรฉ ieurs endurances et souffrances, sont ceux qui jouiront du soutien de Dieu, grร ce auquel toute lutte entre eux et leurs ennemis, au sein mรชme de leurs communautรฉs, se dรฉnouera en leur faveur :
ยซEt Nous avons certes รฉcrit dans le Zabรปr aprรชs l’avoir mentionnรฉ que la terre sera hรฉritรฉe par Mes bons serviteursยป (Al-Anbiyร ’, 105) ; ยซNous secourrons certes Nos messagers et ceux qui croient, dans la vie prรฉsente comme au jour oรป les
sourate al-Mu’minรปn ( 23-30). Ces paroles viennent aprรชs un exposรฉ sur la crรฉation de rhomme et les faveurs divines. Elles sont conclues par ces mots : ยซVoilร bien des signes. Nous sommes certes Celui qui รฉprouveยป.
Cette sourate aborde par la suite les autres envoyรฉs de Dieu et les siรชcles passรฉs, en exposant les afflictions dues ร la rรฉvรฉlation du message ainsi que les chร timents infligรฉs ร ceux qui l’ont contredit. Elle รฉvoque Mรปsรข et ‘รฎsร et s’adresse aux messagers, leur enjoignant de se nourrir sainement et d’effectuer de bonnes actions, avant de conclure : ยซCette communautรฉ, la vรดtre, est une seule communautรฉ, tandis que Je suis votre Seigneur. Craignez-Moi donc !ยป Elle mentionne de plus l’hรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉ des รชtres humains, et l’assistance qui leur parvient en biens et en progรฉniture, ce qui constitue aussi une รฉpreuve en soi, ainsi qu’en ses consรฉquences.
d – l’avรชnement de la victoire divine ne se rรฉalise qu’aprรชs les malheurs et les adversitรฉs endurรฉs. Dieu rappelleย ย :
ยซQuand les messagers faillirent perdre espoir (et
que leurs adeptes) eurent pensรฉ qu’ils รฉtaient dupรฉs,
voilร que vint ร eux Notre secours. Et furent sauvรฉs
ceux que Nous voulรปmes.ยป (Yรปsuf, 11 0)
Cette vรฉritรฉ est affirmรฉe dans les rรฉcits coraniques
qui relatent l’histoire et le combat des compagnons
de Jรฉsus, figurant dans la sourate As-Saff.ย Elle l’est
aussi dans l’histoire du conseil des notables chez les
fils d’lsra’รฎl, rapportรฉe par la sourate Al-Baqara. Ainsi
que dans le rรฉcit de Nรปh รฉvoquรฉ dans la sourate Hรปd.
III-ย ย Caractรฉristiquesย ย gรฉnรฉralesย ย duย ย rรฉcit
coranique
A la lumiรชre des objectifs dรฉgagรฉs, nous allons aborder les caractรฉristiques essentielles qui se sont manifestรฉes au cours de notre รฉtude.
1-Laย rรฉpรฉtitionย duย rรฉcitย dansย leย Livreย bรฉni
L’uneย des caractรฉristiques semble รชtre la rรฉpรฉtition du mรชme rรฉcit ร diffรฉrents emplacements du Coran.
Quelques doutes furent suscitรฉs ร propos de ce phรฉnomรชne. disant : ayant figurรฉ dans le Coran une premiรชre fois, le rรฉcit a รฉpuisรฉ ses objectifs religieux, pรฉdagogiques et historiques, pourquoi le mentionner donc plusieurs autres foisย ?
Nous trouvons une indication ร ce propos dans al-Mufradร t de Rร ghib al-Asfahร nรฎ ainsi que dans l’introduction ร At-Tibyร n d’at-Tรปsรฎ, qui expliqua cette caractรฉristique par le fait que les sourates รฉtaient envoyรฉes aux diffรฉrentes tribus au fur et ร mesure qu’elles รฉtaient rรฉvรฉlรฉes au prophรชte Muhammad. Or, si ces rรฉcits n’avaient pas รฉtรฉ repris, certaines tribus n’auraient connu que l’histoire de Mรปsรข, par exemple, alors que d’autres n’auraient รฉtรฉ informรฉes que de celle de Jรฉsus et ainsi de suite. Par Sa clรฉmence, conclut At-Tรปsรฎ, Dieu voulut diffuser ces rรฉcits aux quatre coins du monde, afin de les rendre cรฉlรชbres et qu’ilsย soientย assimilรฉs.
Seion At-Tรปsรฎ, deux facteurs expliquent ia rรฉpรฉtition du rรฉcitย :
1ย – La dispersion des passages coraniques aident ร
la propagation des diffรฉrents rรฉcits.
2 – La comprรฉhension du Coran chez ceux qui regoivent la rรฉvรฉlation dans sa totalitรฉ.
II est vrai que l’argmentation de sheikh At-Tรปsรฎ ne traite pas la question de fagon dรฉfinitive, elle dรฉmontre nรฉanmoins que ce sujet fut abordรฉ dans les รฉtudes coraniques chez les plus anciens.
Nous citerons d’autres explications ร cette caractรฉristiqueย ย :
a – La rรฉpรฉtition est due ร la diversitรฉ des objectifs religieux dรฉcoulant du mรชme rรฉcit. Un rรฉcit pourrait remplir un objectif en un endroit et un autre en un autre endroit.
b – Le Coran sacrรฉ se sert du rรฉcit pour appuyer certains concepts islamiques au sein de la nation musulmane et ce, en partant de sa rรฉalitรฉ vรฉcue pour la rattacher ร celle du rรฉcit, tant au niveau du contenu que du but. Mais ce rattachement du concept islamique dรฉduit du rรฉcit ร la rรฉalitรฉ vรฉcue par les Musulmans pourrait entraรฎner une comprรฉhension erronรฉe de ce concept, qui risquerait d’รชtre restreint au contexte du rรฉcit. La rรฉitรฉration de ce dernier รฉvite d’une part toute dรฉlimitation du concept et permet d’autre part sa gรฉnรฉralisation aux rรฉalitรฉs simiiaires, en le dotant des spรฉcifitรฉs morales ou historiques conformes aux รฉvรฉnements et aux rรฉalitรฉs.
c – La rรฉpรฉtition pourrait รชtre un facteur d’efficacitรฉ du rรฉcit en tant que stimulant pour la nation, la prรฉvenant du lien entre sa rรฉalitรฉ vรฉcue, et le concept musulman dont elle doit puiser l’esprit et la mรฉthode.
Laย rรฉitรฉrationย duย rรฉcitย serviraitย doncย ร ย investirย ce stimulant en cas de besoin.
Ces deux derniรชres causes sont certes les pius probables dans le cas de l’histoire de Mรปsรข, dont l’esprit diffรชre selon sa situation dans les sourates mecquoises ou mรฉdinoises. Dans les premiรชres, elle se concentre surtout sur la relation de Mรปsรข avec Pharaon et ses partisans, sans trop s’attarder sur ses relations avec son peuple, les fils d’lsra’รฎl, ร l’exception de deux passages qui rรฉvรชlent leur dรฉviation du dogme divin. Dans !es secondes, c’est surtout ses rapports avec son peupie, dans les divers aspects sociaux et politiques, qui sont mis en valeur. La rรฉpรฉtition de ce rรฉcit dans les sourates mecquoises aspirerait donc รค trouver un remรชde spirituel aux diverses situations auxquelles furent confrontรฉs le prophรชte Muhammad et les Musulmans, en รฉlargissant le cadre du concept gรฉnรฉral de l’histoire de Mรปsรข, soit dans sa relation avec les tyrans de son peuple, ou dans les rรชgles qui la rรฉgissent, pour conclure ร ia simรผaritรฉ, quels que soient les รฉvรฉnements ou les positions rencontrรฉs. Cette interprรฉtation fut d’aiileurs mentionnรฉe dans quelques versets de la sourate al-Furqร neย :
ยซEt ceux qui ne croient pas disent : ยซย Pourquoi n’a-t-on pas fait descendre sur lui le Coran en une seule fois ?ย ยป Nous l’avons rรฉvรฉlรฉ ainsi pour raffermir ton cosur. Et Nous l’avons rรฉcitรฉ soigneusement. lls ne t’apporteront aucune parabole, sans que Nous ne t’apportions la vรฉritรฉ avec la meilleure interprรฉtation. Ceux qui seront traรฎnรฉs sur leurs visages vers l’Enfer, ceux-lร seront dans la pire des situations et les plus รฉgarรฉs
hors du chemin droitยป (al-Furqร ne, 32-34). Ces versets rappellent les causes de la rรฉvรฉlation progressive du Coran, c’est-ร -dire pour renforcer la position du prophรชte d’une part et prรฉsenter d’autre part le Vrai ainsi qu’une meilleure interprรฉtation des รฉvรฉnements et des enseignements puisรฉs dans l’histoire de Mรปsรข.
d – L’appel islamique a traversรฉ plusieurs รฉtapes, que le Coran accompagnait et reflรฉtait dans ses contributions et la nature de son style. Ce qui nรฉcessitait un exposรฉ du rรฉcit avec des styles variรฉs, รฉtant donnรฉ la nature de la vocation et la modalitรฉ d’exposition des concepts et des expressions, comme nous le voyons dans les rรฉcits prophรฉtiques rรฉvรฉlรฉs dans les sourates mecquoises courtes, puis dรฉveloppรฉes dans les sourates mecquoises plus avancรฉes ou mรฉdinoises.
e – La rรฉpรฉtition du rรฉcit telle qu’elle se prรฉsente dans le Coran ne signifie pas leur reprise telles quelles. Les dรฉtails mentionnรฉs et la fagon d’exposer le rรฉcit diffรชrent, l’imprรชgnant ร chaque fois d’un concept religieux diffรฉrent. Cette texture coranique nรฉcessite la rรฉitรฉration des rรฉcits afin de rรฉaliser l’objectif spรฉcifique distinct de celui qui รฉmanerait d’une autre texture du mรชme rรฉcit. Lร aussi, l’รฉtude pratique de l’histoire de Mรปsรข contribuera ร รฉlucider ces traits.
As-Suyรปtรฎ a, de son cรดtรฉ, รฉnumรฉrรฉ plusieurs causes dans Al-ltqร n, originellement attribuรฉes ร al-Badr b. Jama’a. En plus de celles formulรฉes par Sheikh At-Tรปsรฎ et rapportรฉes ci-dessus, il considรชre que cette rรฉpรฉtition est un moyen de dรฉfier les Arabes au sujet
de l’รฉlaboration d’un livre semblable (le Coran).
2-ย ย Laย ย limitationย ย desย ย rรฉcitsย ย auxย ย prophรชtesย ย du Moyenย ย Orient
L’autre phรฉnomรชne repรฉrรฉ dans le Livre de Dieu est qu’ll n’รฉvoque que les envoyรฉs au Moyen Orient, c’est-ร -dire la rรฉgion qui concerne les Arabes, chez qui ce livre divin sera rรฉvรฉlรฉ. Ce qui pourrait laisser croire entre autre que les prophรฉties รฉtaient apparues dans cette contrรฉe, puis s’รฉtaient propagรฉes dans le reste du monde.
Cette thรชse est soutenue par l’histoire des prophรฉties et l’histoire humaine, mentionnรฉe dans la Thora, dans certaines recherches archรฉoiogiques ainsi que dans quelques rรฉcits rapportรฉs par les descendants de ia familie du prophรชte, ce qui attribuerait l’apparition de ce phรฉnomรชne ร la rรฉalitรฉ historique de l’existence humaine.
Or, des tรฉmoignages du Coran rรฉfutent cette interprรฉtation et certifient l’existence de nombreux prophรชtes non mentionnรฉs dans le Livre Sacrรฉ, bien que leur vie a dรป รชtre riche en รฉvรฉnements, ร l’instar des autres : ยซEt il y a des messagers dont Nous t’avons racontรฉ l’histoire prรฉcรฉdemment, et des messagers dont Nous ne t’avons point racontรฉ l’histoireยป (an-Nisร ’, 164). Cette sourate mรฉdinoise fut rรฉvรฉlรฉe aprรซs de nombreuses sourates, rรฉcits prophรฉtiques.
Certains versets rรฉvรชlent que les prophรชtes et messagers furent envoyรฉs vers toutes les citรฉs et les contrรฉes afin de convertir les hommes et d’y exposer lesย argumentsย divins.ย Le versetย ย 165ย succรฉdantย aux
deux versets ci-dessus de la sourate an-Nisร ’ cite ร ce propos : ยซen tant que messagers, annonciateurs et avertisseurs, afin qu’aprรชs la venue des messagers il n’y eรปt pour les gens point d’argument devant Allah. Allah est Puissant et Sageยป
D’autres versets rapportent aussiย :
ยซNous avons envoyรฉ dans chaque communautรฉ un messager, [pour leur dire] : ยซย Adorez Allah et รฉcartez-vous du taghรปtย ยปยป (an-Nahl, 36). Dans d’autres versets, le terme ยซย tรฉmoinย ยป remplace ยซย prophรชteย ยป ou ยซย envoyรฉย ยป comme dans an-Nisร ’, 41 ou an-Nahl, 84.
Une autre interprรฉtation serait aussi valable pour expliquer ce phรฉnomรชne : celle qui dรฉcoule de l’objectif principal du rรฉcit qui implique la dรฉduction des enseignements et des lois historiques.
Le Coran aborde les traits gรฉnรฉraux communs chez les prophรชtes, et parfois certains dรฉtails minutieux sans aspirer pour autant ร relater la biographie des prophรชtes ou leurs histoires.
Or, l’impact du rรฉcit sur la rรฉalisation de ces objectifs dรฉpend de la conformitรฉ de ses conditions ร celles de la communautรฉ destinataire. C’est pourquoi le rรฉcit extrait de l’histoire mรชme de la nation, de sa rรฉalitรฉ et de sa vie, est plus apte ร confirmer les lois historiques et ร influer sur la rรฉalitรฉ spirituelle et psychologique du groupe.
Ce qui pourrait bien signifier que le Coran se fixe ร travers cette interaction avec l’histoire ร opรฉrer en premier lieu un changement chez les peuples qui occupent cette rรฉgion, afin que ces dernier s’รฉlancent, dans en second iieu, vers les autres populations pour les convertir aux mรชmes principes.ย II est certes vrai
que le rรฉcit extrait de l’histoire plausible des prophรฉties chez les Hindous ou les chinois exercerait une influence plus certaine sur ces peuples, mais le message islamique aspirait lors de sa rรฉvรฉlation ร opรฉrer un changement chez les Arabes et les populations voisines. La relatation des histoires puisรฉes chez les communautรฉs รฉtrangรชres aurait รฉcartรฉ le rรฉcit du rรฉalisme indispensable ร son impact.
De plus, le rรฉcit se rapportant ร chaque prophรชte jouit d’une influence spรฉcifique liรฉe au milieu auquel il appartient, car il concrรฉtise le vรฉcu de cet environnement, l’imprรฉgnant รฉmotionellement et sentimentalement. Parallรชlement, il exerce son impact gรฉnรฉral, dans le cadre des concepts universels et des lois historiques qu’ii inspire et des enseignements qu’il implique, ce qui concerne tous les autres peuples, C’est ainsi que le Coran rรฉalise sa dimension universeile globale et subsiste tout en influant sur tous les milieux humains.
II faut considรฉrer que ies prophรชtes tels que Nรปh (Noรฉ), Ibrร hรฎm, Mรปsรข, ‘รฎsร reprรฉsentent les principes gรฉnรฉraux des prophรฉties dans le monde. Le prophรชte Muhammad, le sceau de ia prophรฉtie, est leur prolongement. Mais le Coran ne s’est pas contentรฉ d’รฉvoquer ces envoyรฉs de Dieu, mais il a aussi parlรฉ de Sร lih, Shu’ayb, Hรปd, Yรปnus, Idrรฎs et beaucoup d’autres dont le rรดle ne fut pas aussi prรฉpondรฉrant que les premiers. Aliah sait mieux que quiconque.
3- La confirmation desย histoires de Mรปsรข etย d’lbrร hรฎm
Nous remarquons aussi que le Livre saint a notรฉ,
dans ses rรฉcits de certains prophรชtes, plus de dรฉtails de leur vie et de leur environnement, et ce malgrรฉ les thรชses qui soutiennent Punitรฉ des caractรชres communs de l’action de tous les apรดtres. Cette mise en valeur octroyรฉe ร ces grands hommes signifierait-elle leur prioritรฉ par rapport aux autres ? Ou y aurait-il d’autres raisonsย ย ?
En rรฉalitรฉ, certains messagers pourraient รชtre considรฉrรฉs favorisรฉs par rapport aux autres. Le Coran a explicitement exprimรฉ que les prophรชtes Nรปh, Mรปsรข, et ‘รฎsรข รฉtaient les meilleurs les qualifiant d’hommes de rรฉsolution. Mais ce jugement n’implique pas nรฉcessairement leur prรฉfรฉrence. Le Livre saint ne vise pas ร รฉvaluer leurs actions et encore moins ร comparer leurs mรฉrites respectifs. Les objectifs principaux demeurent la dรฉduction des enseignements, la confirmation des prophรฉties, la prรฉsentation des arguments et l’attestation de l’authenticitรฉ de la prophรฉtie de Muhammad, et celle du contenu de son message.
Les versets suivants indiquentย : ยซEt tout ce que Nous te racontons des rรฉcits des messagers, c’est pour en raffermir ton cceur. Et de ceux-ciย ย ย t’estย ย ย venueย ย ย laย ย ย vรฉritรฉย ย ย ainsiย ย qu’une exhortation et un rappel aux croyantsยป (Hรปd, 1 20) ยซDans leurs rรฉcits il y a certes une legon pour les gens douรฉs d’intelligence. Ce n’est point lร un rรฉcit fabriquรฉ…y> (Yรปsuf, 111)
lls permettent de dรฉduire que l’une des causes de cette proรผxitรฉ pergue dans Pรฉvocation de certaines personnalitรฉs prophรฉtiques dans ie Coran rรฉside dans
la orรฉsence de disciole
l’envoi du messager arabe qui sera le libรฉrateur, et l’envoi du messager est une rรฉponse ร l’invocation d’lbrร hรฎm.
e- Octroyer au message islamique une certaine indรฉpendance ร l’รฉgard du judaรฏsme et du christianisme, et libรฉrer le milieu qui accueillait l’lslam du sentiment de subordination envers les thรฉologiens israรฉlites et chrรฉtiens. Ces derniers รฉtaient considรฉrรฉs en tant que gens du Livre et de connaissance des religions et des messages divins, leurs religions รฉtaient pergues comme l’origine de toutes les autres. Le Coran renie catรฉgoriquement cette prรฉtention en disant :
ยซAbraham n’รฉtait ni juif ni chrรฉtien. II รฉtait entiรชrement soumis ร Allah (Musulman). Et il n’รฉtait point du nombre des associateurs. Certes les hommes les plus dignes de se rรฉclamer d’Abraham, sont ceux qui l’ont sulvi, ainsi que ce prophรชte-ci, et ceux qui ont la foi. Et Allah est l’alliรฉ des croyantsยป (รl-‘lmrร n,ย ย 67-68)
D’oรผ Pimportance qui rรฉside dans la parole coranique au sujet de l’รฉdification de la Ka’ba, qui jouit d’une grande considรฉration chez les Arabes, par Ibrahim mรชme, et son appel au pรชlerรฏnage, rite religieux absent dans les deux premiรชres reiigions. La proclamation de cet รฉdifice en tant que qibla des musulmans (vers laquelle ils se dirรฎgent pendant leurs priรชres et d’autres cultes) certifie l’indรฉpendance du message dans ces aspects. Le fait de se dรฉtourner de Jรฉrusalem qui jouit d’une vรฉnรฉration particuliรชre pour avoir รฉtรฉ le bercail des diffรฉrentes religions, et pour avoir renfermรฉ les tombeaux de nombreux prophรชtes, dont Ibrahimย ย ย etย ย ย sesย descendantsย des Fils d’lsraรซl,
nรฉcessitent d’accorder une importance รฉgale ร la Ka’ba en rappelant sa construction par le prophรชte Ibrahim.
Quant au messager de Dieu, Mรปsรข, l’importance de ses rรฉcits auraient plusieurs causesย :
a – Son rรดle au sein du judaรฏsme et du peuple israรฉlite et sa contribution dans les rรฉalisations politiques, sociales et mรชme lรฉgislatives effectuรฉes.
b – La ressemblance des รฉpreuves traversรฉes pai ce prophรชte ร celles du dernier des messagers Muhammad, aussi bien dans sa lutte contre la tyrannie pharaonique et l’hypocrisie de certains juifs, que dans la consolidation des piliers du pouvoir divin sur terre
c – Sa situation distinguรฉe au sein des deux religions juive et chrรฉtienne. Le christianisme qui reconnaรฎi l’ancien Testament (!a Thora) se rรฉfรชre ร Mรปsรข, e–adopte toutes ses lois et prรฉceptes rapportรฉs, U christianisme se considรชre une rรฉforme au judaรฏsrโข et une rectification de ses digressions.
d – Certaines circonstances objectives qui rรฉgnaien dans l’environnement social de la rรฉvรฉlation coraniqu* ont concernรฉ de prรชs ces deux prophรชtes : Le Corai qui s’adressait directement aux gens du Livre, ร leur: thรฉologiens et ร leurs communautรฉs, avait besoin d< dรฉtails liรฉs ร la vie personnelle de Mรปsรข afin d’influe sur leurs ย milieux.
eย ย ย –ย ย ย Lesย ย ย polythรฉistesย ย ย arabesย ย ย estimaientย ย ย le
thรฉologiens juifsย auxquelsย ย ilsย seย ย liaientย ย parfois.ย ย /
leurs yeux, ils รฉtaient des invocateurs de Dieu, de
dรฉteneurs du Livre de la rรฉvรฉlation divine et des savant
en messages divins. Certains versets mentionnentย :
ยซNous n’avons envoyรฉ, avant toi, que des homme
auxquels Nous avons fait des rรฉvรฉlations. Demande
donc aux gens du rappel si vous ne savez pasยป (an-Nahl, 43).
Or, en รฉvoquant le prophรชte Mรปsรข et en rรฉvรฉlant ses particularitรฉs plus amplement que dans les deux anciens Testaments, le Livre sacrรฉ marque une incidence certaine dans ces milieux aussi.
f- Cette conception coranique souligne que les messages reprรฉsentent un prolongement unique de l’inspirations divine. Elle insiste sur l’indรฉpendance du message islamique tant au niveau apostolique que politique. II n’est nullement une rรฉforme interne ร ces messages. II les confirme, d’un cรดtรฉ, tout en proclamant ร leur รฉgard sa suprรฉmatie et son indรฉpendance. Dieu rappelleย :
ยซEt sur toi (Muhammad) Nous avons fait descendre le Livre avec la vรฉritรฉ pour confirmer le Livre qui รฉtait lร avant lui et pour prรฉvaloir sur lui. Ne suis pas leurs passions, loin de la vรฉritรฉ qui t’est venue. A chacun de vous Nous avons assignรฉ une lรฉgislation et un plan รค suivre. Si Allah avait voulu certes, II aurait fait de vous tous une seule communautรฉ. Mais II veut vous รฉprouver en ce qu’ll vous donne. Concurrencez donc dans les bonnes oeuvres. C’est vers Allah qu’est votre retour ร tous ; alors II vous informez de ce en quoi vous divergiezยป (al-Mร ’ida, 48)
Les versets qui prรฉcรชdent celui-ci offrent une mise au point plus explicative : ils mentionnent ia rรฉvรฉlation de la Thora et celle de l’Evangรผe en mettant l’accent surย leย ย lienย ย รฉtroitย quiย ย les ย unitย etย ย quiย ย sembleย ย bien
diffรฉrent de celui du Coran ร leur รฉgard.
Quant ร l’รฉvocation du prophรชte Jรฉsus, dans le Coran, elle aspire surtout ร รฉliminer chez ceux qui regoivent la Parole divine, toutes les idรฉes et les conceptions erronรฉes qui contredisent l’infaillibilitรฉ des envoyรฉs de Dieu qui doutent de leur relation ร Dieu ou de la nature de leur personnalitรฉ. C’est pourquoi le Livre divin aborda plus longuement sa personnaรผtรฉ et l’environnement dans lequel il naquit que ses actions et ses activitรฉs.
Dieu nous rapporte sur ce thรชme : ยซPour Allah, Jรฉsus est comme Adam qu’ll crรฉa de poussiรชre, puis !l lui dit : ยซย Soisย ยป ; et ce fut. La vรฉritรฉ vient de ton Seigneur. Ne sois donc pas du nomhre des sceptiques. A ceux qui te contredisent ร son propos, maintenant que tu es bien informรฉ, tu n’as qu’ร dire : ยซย Venez, appelez nos fils et les vรดtres, nos femmes et les vรดtres, nos propres personnes et les vรดtres, puis profรฉrons exรฉcration rรฉciproque en appelant la malรฉdiction d’Allah sur les menteurs. Voilร certes le rรฉcit vรฉridique. Et /7 n’y a pas de divinitรฉ รค part Allah. En vรฉritรฉ, c’est Allah qui est le Puissant, le Sageยป (รl-‘lmrร n,ย 59-62)
Cette vision s’applique aux รฉpisodes de !a vie de Myriam et la naissance de Jรฉsus mentionnรฉs dans les sourates รl-‘imrร n et Maryam ainsi qu’ร l’idรฉe de la divination de cet apรดtre, dรฉbattue dans la sourate Al-Mร ’ida.
4-ย Leย styleย duย rรฉcitย coranique
Le style du rรฉcit dans le Livre Saint se distingue trรชsย ย nettementย desย ย rรฉcitsย duย ย patrimoineย ย littรฉraire
humain : parfois, le Coran se contente de relater les รฉvรฉnements de fagon globale, sans ordre chronologique, ou de passer d’un fait ร l’autre, n’en traitant qu’une partie.
Dans d’autres cas, il traite longuement les concepts, les vรฉritรฉs, les thรชmes dogmatiques, รฉthiques, cosmiques ou lรฉgaux.
Le rรฉcit englobe des spรฉcifitรฉs et des caractรฉristiques qui suscitent de nombreuses interrogations ร propos de son style. II n’est pas, en tout cas, une oeuvre littรฉraire indรฉpendante en soi ou dans ses objectifs, et il ne peut prรฉtendre ร avoir une identitรฉ propre.
Cette question sera abordรฉe sous deux aspects : l’un concernant le cรดtรฉ esthรฉtique oรผ l’on s’apergoit que le rรฉcit coranique comprend les รฉlรฉments essentiels de l’oeuvre Sittรฉraire, et l’autre expliquant la particularitรฉ de ce phรฉnomรชne dans le style coranique du rรฉcit.
Le premier aspect fut suffisamment traitรฉ dans des รฉtudes coraniques littรฉraires spรฉcialisรฉes, ainsi que dans d’autres, plus gรฉnรฉrales, anciennes et rรฉcentes.
Le deuxiรชme aspect nous permet de relever principalement que le style du rรฉcit dans le Coran est en harmonie avec le style gรฉnรฉral de ce Livre, que nous pouvons discerner grร ce ร l’รฉtude de ses caractรฉristiques littรฉraires et esthรฉtiques, qui montrent le caractรชre inimitable du Coran. En tรชte de ces caractรฉristiques figurentย :
a- Le mรฉlange des thรชmes et des concepts dans un mรชme paragraphe, dans le but d’en extraire une idรฉe complรชte, tant en sachant que le Coran n’est point une oeuvre scientifique, mais un iivre de foi et de misรฉricorde. Ainsi, les vรฉritรฉs cosmiques, !es connaissances dogmatiques et les prescriptions lรฉgales concernant les comportements sont incorporรฉes aux sermons, aux directives, aux mises en garde ainsi qu’ร la propagation de la foi. Les sentiments, les sensations et les perceptions rationnelles s’y ingรชrent aussi, afin de purifier l’homme et lui enseigner l’engagement sur la voie de la vรฉritรฉ.
b- La rรฉitรฉration des sujets et des concepts divers sous diffรฉrentes formes, pour mieux les certifer, et rรฉaliser de plus quelques objectifs supplรฉmentaires, comme nous l’avons fait remarquer ร propos de la rรฉpรฉtition et comme nous le dรฉmontrerons dans l’รฉtude dรฉtaillรฉe de l’histoire de Mรปsรข en fonction de ses emplacements dans le Coran.
c- La diffรฉrence de ce style dans l’exposรฉ des thรชmes, que ce soit par le rรฉsumรฉ ou la concision, le dรฉtail ou la prolixitรฉ, en fonction du rythme vocal et de ia syntaxe. Cette disparitรฉ prend en considรฉration les รฉtapes traversรฉes par le message islamique et la volontรฉ d’influer psychiquement et spiritueilement sur les destinataires. Ce qui accentue ia distinction entre le style coranique et la prose ou la poรฉsie arabe.
d- L’incidence exercรฉe par l’objectif gรฉnรฉral de la rรฉvรฉlation sur !e contenu comme sur !e styie qui fut investi pour sa rรฉalisation.
e- La relation รฉtroite entre chaque rรฉcit et le contexte des versets qui le prรฉcรชdent ou lui succรชdent.
Ce qui signifie qu’il se rattache directement et minutieusement au Coran aussi bien dans son style que dans son contenu. II s’agit en effet, d’une liaison allant du niveau de plus gรฉnรฉral de l’objectif jusqu’aux plus menus dรฉtails de son exรฉcution.