Abstract
Pour définir l’infaillibilité, Il faut savoir qu’il ne s’agit pas de ne pas commettre des péchés, car ceci peut être le trait de nombreuses personnes dont le statut et la piété sont élevés, mais il s’agit d’une aptitude naturelle qui empêche de façon absolue de commettre le péché pour lequel son auteur mérite le châtiment divin.
L’infaillibilité est une condition nécessaire pour la réalisation de l’authenticité et la certitude dans le message divin.
Sans cette infaillibilité, il n’y aura pas de différence entre les messagers et les philosophes ou les réformateurs. Et par conséquent la révélation infaillible et miraculeuse ne différera pas des philosophies et des pensées innovatrices qui peuvent subir l’erreur.
L’infaillibilité du messager est la condition nécessaire pour l’infaillibilité du message. Car sans cette infaillibilité, le message et la révélation deviennent une parole humaine.
L’infaillibilité concerne deux questions:
– Etre inspiré par le message et le transmettre d’une part,
– Et ne pas commettre le péché d’autre part.
Allah le Tout Puissant dit dans son Livre:
» …afin que celui qui devait périr périsse sur preuve, et celui qui devait être revivifié soit revivifié sur preuve. Dieu entend tout [Il est] Omniscient. » (Le butin 42).
Comment se réalise cet ordre divin?
Par la transmission aux humains des messages de leur Seigneur qui comblent leurs défaillances. Cette transmission n’est ni directe ni à la portée de tous, car n’en est pas capable tout individu:
« …Dieu ne vous dévoile pas les réalités suprasensibles, mais dieu choisit parmi Ses prophètes qui Il veut. Croyez en Dieu et en Ses prophètes …. » (La famille d’Imran 179).
Quels sont alors l’assurance et l’indication que le message fut transmis tel qu’il fut révélé par le Seigneur Tout Puissant ?
Le Savoir absolu d’Allah le Très Haut implique Sa connaissance du moyen qu’Il a choisi pour la transmission du message:
« Mais Dieu sait mieux que quiconque à qui confier Son message » (Les bestiaux 124).
Le mérite vient d’Allah. C’est Lui Qui l’attribue. C’est Lui Qui donne la valeur et choisit parmi les gens comme parmi les anges des messagers qu’Il ne désigne pas sans raison. Quant au secret de cette Sagesse par laquelle Il préfère ceux-ci à ceux-là, le Coran dit :
« Il ne lui est pas demandé compte de ce qu’Il fait alors qu’il leur est demandé compte de ce qu’ils font » (Les prophètes, 23).
Il n’est pas nécessaire que la valeur d’un mérite vienne toujours de la personne humaine. Disons que selon la Sagesse divine, ce mérite est une lumière créée en l’homme par Allah à l’instar du soleil qui est de loin, plus lumineux que la lune et d’autres corps célestes. Pourquoi ? Parce qu’Allah l’a voulu ainsi. La valeur en général provient donc du Créateur gloire à Lui. Les exemples ne manquent pas : prenons la valeur du Beau : la beauté est donnée. L’homme beau n’a pas créé sa beauté. De même, en créant l’homme « dans la forme la plus parfaite » (La figue, 4), Allah le préfère à l’animal. Cette préférence ne fut certainement pas choisie ou voulue par l’homme. Par conséquent, nous croyons que le mérite qui distingue une personne d’une manière ou d’une autre ne peut être au départ que du ressort divin.
Sa Toute Puissance interdit à Satan de modifier le message ou d’intervenir auprès du messager pour lui en faire oublier une part:
« qui connaît les réalités suprasensibles. Il ne dévoile Ses réalités suprasensibles à personne, sauf à celui qu’Il agrée comme prophète et qu’il fait précéder et suivre d’une garde vigilante pour savoir s’ils ont communiqué les messages dont leur Seigneur [les avait chargés]. Il embrasse de [Sa science] ce qu’ils ont par-devers eux, Il a compté tout » (Les djinns 26-28).
Le texte coranique confirme l’infaillibilité des nombreux messagers: Hoûd dit:
» O peuple, il n’y a pas de sottise en moi ; mais je suis prophète du Seigneur des mondes. Je vous transmets les messages de mon Seigneur et je suis pour vous un conseiller digne de confiance » (Al-A’raf, 67-68).
Le terme « digne de confiance » concerne également Noûh, Sâlih, Loûth, Shou`ayb (voir les versets 107 125 et suivants (Les poètes) Mûsa (La fumée 18) et également notre prophète Mohammad (saw):
« obéi [par les autres anges], digne de confiance » (L’obscurcissement, 21).
En effet, notre prophète Mohammad (saw) représente la perfection humaine par excellence ; Dieu Le Tout Haut ne dit Il pas dans le Saint Coran rappelant aux gens cette réalité en disant :
« Certes, tu es d’une morale magnanime. »
Si nous prenons ce terme « amine » (sûr, digne de confiance) pour indiquer l’infaillibilité, nous pouvons également nous baser sur les versets :
« Si [Mohammad] Nous avait attribué quelques propos [inexacts] Nous l’aurions, certes, saisi par la main droite et lui aurions sectionné l’aorte et aucun d’entre vous ne l’aurait protégé » (Le [jour] vrai, 44-47) pour montrer que les prophètes (saw) ne peuvent être coupables de trahison et qu’ils sont purs et sincères. Le verset qui fait inclure cette qualité à Mohammad (saw) dit:
« Mohammad n’est qu’un prophète.
Si on examine le verset dans lequel Satan a demandé à ALLAH (saw) de lui accorder un délai pour égarer ses serviteurs :
« je les égarerai tous en enjolivant le mal pour eux sur terre, à l’exception des sincères parmi tes serviteurs » (Al-Hijr, 39-40),
où le terme « sincères » inclut nécessairement les prophètes.
Pourquoi Iblîs ne peut-il pas toucher ces gens sincères et fidèles ? N’est-ce pas par désespoir de les faire tomber, tellement leur force morale est grande?
« Et souviens-toi de Nos serviteurs, Abraham; ‘Isaac; Jacob, hommes forts et clairvoyants ! Nous avons fait d’eux l’objet d’une distinction particulière: le souvenir de la demeure [future]. Ils sont, certes, auprès de Nous, parmi les meilleurs élus » (Sad, 45 47).
Allah le Tout-Puissant décrit Yousouf « joseph » ainsi:
« Il était, en effet, du nombre de Nos serviteurs fidèles » (Joseph, 24).
Et Il (sw) décrit les prophètes dans le verset suivant :
« Nous fîmes d’eux des Imams (dirigeants élus par Dieu) qui guidaient sur Notre ordre. Nous leur inspirâmes de faire de bonnes actions, observer la Prière et donner l’Aumône. Et ils Nous furent adorateurs [dévoués] »
(Les prophètes, 73)
Allah le Très-Haut a ordonné l’obéissance au messager et aux légataires qui ont des statuts divins sans être prophètes. Comment peuvent-ils alors commettre des péchés, même par négligence? Cela ne peut être possible car parmi les arguments des Anciens leur assertion que la personne faillible perd (généralement) la confiance des gens, ne vont pas vers elle et ne l’écoutent point, ce qui aboutit à l’annulation du rôle du Prophète ou de l’Imam s’ils n’étaient pas infaillibles. Ainsi donc, l’infaillibilité a pour fonction de contenir la réalité des gens qui suivent exclusivement l’homme de confiance. Si Allah, par exemple, avait envoyé des prophètes faillibles ou que le Prophète avait désigné sur ordre divin, des Imams faillibles, les gens n’auraient pas placé leur confiance en eux et l’effet de la prophétie ou de l’Imamat s’en trouverait par conséquent entamé ou perdu.
Nous croyons que cette argumentation ne résiste pas à la critique parce que la raison souscrit effectivement à la nécessité de l’infaillibilité du Prophète ou de l’Imam lors et en dehors de leur transmission du Message. Sinon les gens n’auraient pas confiance, sachant que cet élu est sujet à l’oubli, à l’inadvertance, à la tentation d’altérer le message…
Sachons que la prophétie ne doit pas être assimilée à la fonction du facteur dont le rôle est de faire parvenir les lettres aux destinataires. Après, sa mission prend fin. Non, la mission du prophète est autre chose. Nous lisons dans le Coran :
‘‘C’est Lui Qui a envoyé aux Gentils un Prophète pris parmi eux, qui leur communique Ses versets, qui les purifies, qui leur enseigne le Livre et la Sagesse. Ils se trouvaient auparavant dans un égarement manifeste…’’ (Coran : Le vendredi, 2)
Et cet autre verset :
‘‘Ô toi, le Prophète ! Nous t’avons envoyé comme témoin, comme annonciateur de bonnes nouvelles, comme avertisseur appelant à Allah, avec Sa permission et comme un brillant luminaire’’ (LES PARTIS, 45-46).
A la lumière de ces nobles versets, nous comprenons que le Prophète (SAW) n’était pas seulement annonciateur de bonnes nouvelles et avertisseur mais aussi un témoin et un brillant luminaire qui devait éclairer aux humains le chemin de la vérité et de la justice. Il est évident alors que l’homme destiné de par sa position à changer le monde sur cette base, doive être exempt du faux dans son esprit, son cœur et son mouvement. Il doit être aussi, en tant que brillant luminaire, exempt de toute obscurité dans son esprit, ses sens et sa conduite. La prophétie serait alors une lumière susceptible d’éclairer les esprits, les cœurs et la vie des gens. Ceci est d’autant plus vrai que le Livre révélé au Messager (saw) est considéré aussi comme une lumière personnifiée par le Prophète. Celui-ci fut donc un Coran parlant et le Livre sacré fut le Coran silencieux.
Certain savants pensent que l’élu infaillible choisit volontairement d’obéir à Allah et quand des conditions extérieures sont telles qu’il risque de commettre un péché, Allah l’en empêche en érigeant devant lui des barrières spécifiques qui l’en éloignent. L’infaillibilité ne signifie donc pas la négation du libre arbitre. Mais si la faiblesse humaine est en passe d’avoir le dessus, Allah -gloire à Lui- intervient. C’est ce qu’inspire le Coran qui dit à propos de Yousouf (joseph) (a.s) :
‘‘Elle pensait certainement à lui et il aurait pensé à elle s’il n’avait pas vu la claire manifestation (Burhan) de son Seigneur’’ (Joseph, 24)
et cet autre verset : Joseph dit :
‘‘Mon Seigneur ! La prison me semble préférable au péché qu’elles m’incitent à commettre. Mais si tu ne détournes pas de moi leurs ruses, j’y céderai et je serai au nombre des ignorants’’ (Joseph, 33).
La protection divine peut venir de l’extérieur ou de l’intérieur. En tout cas, cette infaillibilité n’est pas incompatible avec le libre choix de la personne qui en bénéficie. Elle ne concerne d’ailleurs que le côté négatif de l’acte : la tentation de pécher. Celle-ci, consécutive à la faiblesse humaine, se trouve contrecarrée par un moyen préventif intérieur ou par le surgissement de quelque chose qui entrave la réalisation de la faute. C’est cette opinion qui concorde avec la croyance shiite selon laquelle, le prophète naît infaillible et continue de l’être avant le début de son apostolat et après. L’Imam l’est aussi avant sa désignation à l’Imamat et après …
Le rôle grandiose assigné à la prophétie destinée à changer le monde sur la base de la vérité et de la justice, implique la nécessité que le Prophète soit entièrement vérité et loin de toute obscurité. Or, comme l’Imamat est un prolongement de la prophétie (Ô ‘Ali tu as auprès de moi le même statut qu’avait Haroun auprès de Mussa, sauf qu’il n’y aura pas de prophète après moi’’) et que le rôle de l’Imam consiste à veiller sur la Shari’a et à œuvrer pour que la ligne tracée par la prophétie se prolonge dans la vie des gens, il est nécessaire que l’Imam soit aussi infaillible au même titre que le Messager (SAW).
Pour ce qui est de l’étendue de l’infaillibilité, on peut dire que la personnalité (équilibrée) ne souffre pas de dédoublement. Ainsi l’homme qui n’oublie rien pendant la transmission du message, n’oublie pas non plus dans les autres affaires qui le concernent. De même, celui qui s’engage au côté de la vérité ou de la justice pendant qu’il transmet un message, ne s’en écarte pas quand il s’adonne à d’autres activités.
Dans le Coran, plus de trente versets ordonnent l’obéissance au prophète et l’un d’eux indique clairement l’infaillibilité du prophète et de ceux qui détiennent l’autorité (awliyâ’ al-‘amr) :
« Croyants ! Obéissez à Dieu ! Obéissez au prophète et à ceux d’entre vous, qui détiennent l’autorité » (Les femmes, 59).
Allah le Très-Haut a accordé à ceux qui ont un statut divin l’exemption d’être injustes, et il est reconnu que tout pécher équivaut à un acte injuste, et les prophètes ont un statut divin:
Dieu éprouva Son Prophète Abraham en plusieurs circonstances, puis Il lui dit:
« Je t’instaure comme Imam pour les gens. » Abraham dit: » Et mes enfants? » Il répondit: « Mon pacte ne concerne pas les injustes. »
Sourate La Génisse (La vache, 124)
Le fait de ne pas reconnaître l’infaillibilité des prophètes entraîne diverses problématiques. Comment faire confiance au messager de la révélation s’il est capable de commettre un péché puisque Allah le Très-Haut dit :
« Si un homme vicieux vous apporte une nouvelle, entourez-vous d’abord de preuves, de crainte de faire du tort à des gens » (Les chambres, 6).
Comment le messager d’Allah (SAW) peut-il être pris pour le bon exemple, comme le Tout-Puissant nous ordonne de le faire?
« Vous avez, dans l’envoyé de Dieu, un beau modèle pour vous » (Al- Ahzâb, 21).
Comment Allah le Très-Haut peut-Il dénoncer ceux qui commettent des actes injustes si Ses messagers le font ? :
« Ordonnerez-vous aux gens la charité en oubliant vous-mêmes? » (Al-Baqara, 44).
Tous ces versets indiquent l’infaillibilité des prophètes mais également celle des Imams et des Ahlul-Bayt (a.s.)
Ces hommes qui sont les Imams de la Famille du Prophète (Ahl al-Bayt), les Gens de la Maison du Prophète (p), sa famille qui est libre de l’erreur et du péché, car Dieu l’a purifiée de toute souillure:
«Dieu ne veut que vous éviter l’impureté, [ô] membres de la famille [du prophète], et vous purifier excellemment .» [Les partis, 33].
Dans le verset de la purification qui affirme l’élimination de la souillure vis-à-vis des Gens de la Maison du Prophète de l’islam, il ne s’agit manifestement pas de l’impureté matérielle, extérieure, puisque la religion prescrit à tout musulman, quel qu’il soit, d’éliminer la souillure par les ablutions, mineur ou majeur.
En outre, cette prescription ne concerne pas seulement le Prophète et sa Famille. Or le verset comporte une faveur spéciale qui leur est exclusivement accordée. Le fait de se débarrasser des impuretés matérielles ne leur est pas une vertu spécifique, pour que le Coran en fasse une obligation pour certaines personnes déterminées.
Par conséquent le verset prend obligatoirement une signification dans laquelle le mot « souillure » ou « impureté » désignera une impureté d’ordre subtile, intérieure, touchant à l’âme et à l’esprit Dans l’ordre universel, Dieu a voulu que les gens de cette Maison soient un espace de pureté spirituelle totale, sans aucune tâche ou souillure.
Interpréter autrement le verset, reviendrait à dire que les Gens de la Maison doivent respecter les règles de pureté rituelle, qui sont de toute façon, celles que doivent respecter tous les musulmans en tant que tels. Ce qui serait absurde.
Après la mort du Messager de Dieu (saw), ces hommes ont réussi à atteindre un très haut niveau d’honnêteté, de pureté, d’intelligence, de piété, ainsi que de spiritualité à tel point qu’ils ont su interpréter les révélations du Prophète (saw); préserver le Message de l’Islam, guider la société islamique vers le droit chemin, l’ultime but…
On comprend, à la lecture de certains versets coraniques, que l’Imam infaillible est dans la même position vis-à-vis de guidage intérieure, qu’il est l’intermédiaire entre l’influx divin et les hommes, et qu’il reçoit cette mission de direction, du monde suprasensible supérieur (al-malakout al-a’lâ).
Le Coran fixe les conditions dans lesquelles se réalise cette investiture:
« Nous en fîmes, parmi eux, des Imams qui guident par Notre commandement, car ils ont enduré, et ont la certitude éprouvée de Nos Signes. »
Sourate la Prosternation (As-Sajda), verset 24
Le guidage dont il est question ici est celui qui se rapporte au maintien même de l’être du monde (Takwînî), et non celle de la Loi. Car le guidage extérieure est une responsabilité qui incombe à tout musulman, comme la Loi l’ordonne, et l’exécution de cet ordre n’est pas conditionnée par la dignité de l’Imamat, ni par l’épreuve de l’endurance et de la certitude.
Mais le guidage intérieure des âmes sur ordre divin est une chose qui ne se réalise que si elle est instaurée par Dieu. Seuls peuvent y parvenir ceux qui ont subi les épreuves de la foi que Dieu leur impose.
Le Coran dit aussi :
« Nous en fîmes des Imams qui guident par Notre Commandement. »
Sourate Les Prophètes (Les prophètes), verset 73
« Le Jour où Nous appellerons tous les hommes par leur Imam. »
(Le Voyage Nocturne, verset 71)
Un hadith dit des thaqalayn (les deux choses lourdes) est l’une des traditions du Prophète les plus rapportées par les sources islamiques. Il figure dans les premières compilations effectuées par les auteurs sunnites, et ses chaînes de transmetteurs sont parmi les plus crédibles et les plus dignes de foi. En voici le texte: L’Envoyé de Dieu (saw) a dit:
« Je vous laisse (après ma mort) les deux choses les plus lourdes: le Livre de Dieu, et ma descendance, les Gens de ma Maison. Ils ne se sépareront jamais jusqu’à ce qu’ils me rejoignent au Paradis. Tant que vous les suivrez, vous ne vous égarerez jamais. »
Quiconque les suit ne tombera pas dans l’erreur et atteindra le vrai bonheur; le Prophète (P) a dit:
«Ma Famille est comme l’arche de Noé; quiconque y prend place sera sauvé, quiconque s’en détourne sera noyé». (Hadith de Safina)
Certains savants sunnites rapportent que le prophète saw a dit :
« Ali est avec le Coran, et le Coran est avec Ali, ils ne se sépareront jamais. »
Ibn Hadjar, le célèbre auteur sunnite a rapporté une parole du Prophète disant:
« Ne les précédez pas (les imams) car vous périrez à cause de cela; et ne soyez pas en retard sur eux, car vous périrez aussi; et ne leur enseignez pas, car ils sont plus savants que vous. »
L’imam Ali (p) a pour sa part dit:
« C’est par eux que vit la science, et meurt l’ignorance. Leur magnanimité (Hikmah) vous informe de leur savoir; leur extérieur de leur intérieur; leur silence des sagesses de leur parole. Ils ne s’opposent pas à la Vérité et ne divergent pas à son propos. Ils sont les piliers de l’Islam, et les refuges de ceux qui cherchent protection. C’est par eux que la Vérité est revenue à sa place et que le Mensonge (bâtil) a été chassé de son rang, et que la langue du mensonge a été arrachée. Ils ont attaché la religion de façon qu’ils la comprennent en toute conscience et de façon qu’ils la préservent de l’erreur, non comme la fixerait celui qui l’entendrait par ouï – dire ou la transmettrait par sa langue. Ceux qui rapportent (par la langue) la science sont nombreux, mais ceux qui la gardent sont très peu. »
Il faut préciser que par «Famille du Prophète» ou Ahl al-Bayt (p) ou Infaillibles, ne sont pas désignés tous les descendants du Prophète (saw), mais seulement les descendants directs, ceux qui sont accomplis dans les sciences religieuses et protégés contre le péché et l’erreur, en sorte qu’ils sont qualifiés pour guider et diriger les hommes.
L’Envoyé de Dieu a même précisé le nombre des califes qui lui succéderont dans sa charge d’Imam, disant:
« Mes califes « Khalifà » seront au nombre de douze comme les lieutenants des Enfants d’Israel. Ils seront tous de Qoraych -et selon une autre tradition -des Banou Hachem. »
Le mot « Khilàfat » signifie » succession » et « Khalifà » veut dire « successeur ».
Le chiites professent que l’imamat est le prolongement naturel de la prophétie, et véhicule le même contenu spirituel qu’elle. Par conséquent, la personnalité de celui qui aura la charge de succéder au Prophète, de servir d’autorité de référence dans toutes les questions non éclaircies par le Coran et la Tradition, ne doit comporter aucun défaut, et doit surpasser tous les autres hommes.
Ce n’est qu’à cette condition que la religion peut jouer sa véritable fonction: conduire l’humanité au bonheur, à la liberté. Ali ibn Moussa al-Ridha (as), le huitième Imam, a défini ainsi les qualités d’un Imam:
« Pur de tout péché, préservé de tout défaut, détenteur d’une science spécifique, d’une grande longanimité, ordonnateur de la religion, source de puissance pour les musulmans, de haine cachée pour les hypocrites, d’annihilation pour les incrédules. L’Imam est unique en son temps; personne ne l’égale; aucun savant ne peut rivaliser avec lui; il n’a ni adjoint, ni supérieur, ni semblable.
Il détient exclusivement toutes les vertus, sans l’avoir demandé, comme une grâce accordée par le détenteur des grâces. »
Ces personnes sont ‘Ali Ibn Abû Tâlib (p) et ses onze descendants (p) qui furent choisis l’un après l’autre en vue d’assumer l’Imamat. Or, par Infaillibles on désigne non seulement les douze Imams de la Famille du Prophète (P), mais Fátima Azzahra(p).
Notre maître Ali (paix sur lui), qui a été adopté dès sa première enfance par son grand cousin le prophète Mohammad (saw) a ainsi pu recevoir tout ce qu’il lui fallait pour être un deuxième modèle de la perfection humaine ; alors que sa prestigieuse femme, Fatima Azzahra (paix sur elle) fille unique du prophète était un modèle parfait de la femme, jeune fille, soit elle, ou mère. Et c’est elle qui a mis au monde Hassan et Hussein (paix sur eux).
Nous croyons en son infaillibilité pour trois raisons :
1- Si nous étudions sa biographie, de sa naissance jusqu’à sa mort, sa conduite avec son père, son époux, ses enfants et avec les gens, nous constaterons que sur tous les plans (la pensée, la parole et l’action) elle n’a pas commis de faute. Sa vie incarnait l’infaillibilité.
2- Az-Zahra’ (a.s) fait partie d’Ahlul-Bayt (a.s) dont parle le Coran dans ces termes :
« Ô vous, Ahlul-lbeit ! ALLAH a justement voulu éliminer d’entre vous toute souillure, et vous purifier parfaitement »
Les gens de la maison (Ahlul-Bayt) sont le Prophète (SAW), ‘Ali, Fatima, Al-Hassan et Al Husayn (a.s). C’est ce verset qui fonde et prouve leur infaillibilité.
3- Fatima (a.s) est d’après le hadîth très connu ‘‘la plus noble des femmes de l’univers’’ Or, une personne ne pouvait se hisser à ce rang si élevé que si elle vivait la vérité tout entière dans son esprit, dans son cœur et dans tous ses mouvements.
Ces cinq illustres et infaillibles personnages sont appelés par Dieu Le Tout Haut « ceux de la demeure » (Ahloulbeyt) et ce sont eux qui sont concernés par le célèbre verset coranique :
« Ô vous, Ahlul-lbeit ! ALLAH a justement voulu éliminer d’entre vous toute souillure, et vous purifier parfaitement »
Examinons d’autres hadiths Sunnites pour finalement montrer ces Douze Successeurs, Califes, Emirs et Imams :
Le fameux Savant al-Dhahabi dit dans Tadhkirat al-Huffaz, vol. 4, p. 298, et Ibn Hajar al-‘Asqalani dit dans al-Durar al-Kaminah, vol. 1, p. 67 que Sadruddin Ibrahim bin Muhammad bin al-Hamawayh al-Juwayni al-Shafi’i fut un rapporteur de Hadiths véridique. Le même Al-Juwayni cite Abdullah ibn Abbas (r) citant le Prophète (saw) qui disait :
« Je suis le chef des Prophètes et Ali ibn Abi Talib est le chef des successeurs, et après moi mes successeurs seront douze, le premier d’entre eux est Ali ibn Abi Talib et le dernier d’entre eux sera Al Mahdi. »
Al-Juwayni raconte aussi citant Ibn ‘Abbas (r) citant le Prophète (saw) :
« En vérité mes Califes et mes héritiers et les Preuves d’ Allah pour ses créatures après moi seront douze. Le premier d’entre eux est mon frère et le dernier d’entre eux est mon (petit) fils. » On lui demanda : « O Messager d’Allah, qui est ton frère ? » Il répondit, « Ali ibn Abi Talib » Alors ils demandèrent, « Et qui est ton fils ? » Le Saint Prophète (s) répondit, « Al Mahdi, celui qui remplira la terre de justice et d’équité quand elle débordera d’injustice et de tyrannie. Et par celui qui m’a envoyé comme avertisseur et annonciateur de bonnes nouvelles, même s’il ne devait rester qu’un seul jour de la vie de ce monde, Allah le Tout-Puissant l’allongerait jusqu’à l’avènement de mon fils Mahdi, puis il fera redescendre Issa ibn Mariam (a) -Jésus- qui priera derrière lui (Mahdi). Alors la Terre sera illuminée par son éclat. Et son pouvoir s’étendra de l’est à l’ouest… »
Al-Juwayni rapporte aussi que le Messager d’Allah (saw) a déclaré :
« Moi et Ali et Hasan et Husayn et neuf des descendants de Husayn sommes les purifiés et les bien guidés. »
Voir : [Al-Juwayni, Fara’id al-Simtayn, Mu’assassat al-Mahmudi li-Taba’ah, Beyrouth 1978, p. 160.]
Parmi toutes les écoles de pensées Islamiques, seulement les shi’a
Imamiyyah Ithna ‘Ashariyyah (Chi’ites Duodécimains) croient que ceux là sont les Douze vrais successeurs du Prophète (saw) et puisent auprès d’Eux leur compréhension de l’Islam.
Ces guides occupent une place privilégiée. En ce qui nous concerne, nous les musulmans Chi’ites, étant donné que Dieu Le Plus Haut nous ordonne d’être la meilleure communauté qui soit proposée aux gens, notre grand maître et prophète, le messager de Dieu Mohammad (saw) et ses parents disciples élus par Dieu pour donner l’exemple de la perfection à toute l’humanité, et ceci représentent notre sujet de fierté intangible et infaillible.
Cela dit, parler des Infaillibles, c’est non seulement prendre exemple de leur engagement à défendre l’Islam, à le vivre, mais surtout c’est parler d’une méthode d’enseignement, d’une ligne de pensée, d’un cheminement politique ou bien encore d’une école visant à faire comprendre l’Islam.
Nul doute, que les Infaillibles (p) ont constitué un mouvement historique et une force motrice dans l’histoire de l’Islam et ont été également à l’origine de bouleversements sociaux grandioses.
C’est pourquoi, il est des plus appropriés de prendre connaissance du cheminement des Infaillibles et d’essayer d’embrasser les caractéristiques de leur école.
- Références:
- La Question De L’Imamat de Seyyed Mojtaba Moussavi Lari
- Imamat : (Par sayed Saîd Akhtar Rizwi )
- Les Gens de la Famille : Sayyid Muhammad Hussein Fadlullah
- L’Infaillibilité des Prophètes : Nahid al Hindî
- Al-’ismah : Marwan khalaifat