Abstract
Le Très-Haut, dans plusieurs passages de Son Livre révélé, déclare: « Dieu est le Créateur de toute chose » (Coran, sourate Les Groupes, verset 62). Cette idée est répétée à quatre endroits différents dans le Coran. D’après elle, tout ce que l’on peut imaginer, dans l’univers crée, est une créature de Dieu, qui lui donne l’existence.
On ne doit bien entendu pas oublier que dans des centaines de versets, le Coran admet la causalité, le rapport de cause à effet, et attribue l’action de tout sujet au sujet lui-même, comme le fait de brûler pour le feu, de faire croître les plantes pour la terre, de pleuvoir pour le ciel. Le Coran considère l’homme comme l’auteur de ses actes volontaires. Dès lors l’agent de tout acte est évidemment ce ou celui dont l’acte émane, mais c’est Dieu seul qui donne l’existence à la fois à l’agent et à son acte.
Après ces considérations générales, le Tout-puissant, embrassant la création toute entière, déclare: « …Celui (Dieu) qui a bien fait tout ce qu’il a créé… » (Coran, sourate La Prosternation, verset 7). On conclura de ce verset, en le joignant au verset précédent, que la beauté et la création progressent conjointement; tout ce qui existe, dans le monde de l’existence, est beau et n’a d’autre attribut que la beauté.
Mais il faut encore tenir compte de ce que le Coran, dans de nombreux versets, considère le bien comme opposé au mal, l’avantage comme opposé au désavantage, le beau comme opposé au laid; il tient pour abominables une multitude d’actions, de conduites et de phénomènes, mais tous ces maux, ces laideurs, ces inconvénients, n’apparaissent tels que par comparaison: leur être n’est que relatif et analogue.
Par exemple, le serpent ou le scorpion sont nuisibles, mais seulement par rapport à l’homme et aux animaux qui souffrent de leurs morsures, et non pas pour la terre ou la pierre. Le goût amer et l’odeur des cadavres sont exécrables, mais seulement pour le goût ou l’adorât humain, non pas pour tous. Certaines attitudes sont répréhensibles, mais seulement en égard à l’ordre social humain et non pas par rapport aux autres ordres.
Si l’on fait abstraction de la relativité et de l’analogie, ne fût-ce qu’un court instant, alors tout paraîtra beau, harmonieux, admirable dans son existence. Alors la beauté merveilleuse de l’univers dépassera toute expression et toute description, car la description et l’expression aussi font parties des beautés du monde de l’existence.
Le verset cité plus haut, tend à vrai dire à détourner les humains du beau et du laid relatifs et analogues, pour les orienter vers la beauté pure et absolue; il entend doter les intelligences d’une vision générale et universelle.
Une fois ceci admis, nous rencontrerons des centaines de versets coraniques qui définissent les êtres du monde soit un à un, soit par ensemble, ainsi que les ordres particuliers ou généraux qui règnent sur eux, comme des symboles ou des signes du Très-Haut, et les considèrent, par où qu’on les pense, comme la manifestation de Dieu.
A partir des deux versets cités plus haut, nous comprenons que cette beauté merveilleuse, qui embrasse l’univers tout entier, n’est autre que la divine beauté que l’on contemple dans les signes célestes et terrestres et que chaque partie du monde est une ouverture sur l’espace bienfaisant et infini, qui la transcende, alors qu’elle-même ne possède rien en propre.
C’est pourquoi, dans d’autres versets, le Coran attribue toute beauté et toute perfection à la divinité, déclarant: « II est le Dieu vivant et unique… » (Coran, sourate Le Croyant, verset 65); « La puissance, en totalité, appartient à Dieu… » (Coran, Les Femmes, 139); « II est savant et puissant », « II est auditant et voyant », « Dieu! Il n’y a de dieu que Lui! Les noms les plus beaux Lui appartiennent! » (Coran, Tâhâ, 7). D’après ces versets toute beauté qui se manifeste dans le monde de l’existence, a son archétype réel auprès du
Seigneur, tandis que dans les créatures, elle n’est que figurée et empruntée.
Insistant sur cette idée, le Coran explicite ailleurs ce fait que la beauté et la perfection sont limitées et finies en toute créature, et qu’elles ne sont illimitées et infinies que chez le seul Créateur: « Oui, Nous avons créé toute chose d’après un décret » (Coran, La Lune, 49); et: « II n’y a rien dont les trésors ne soient pas auprès de Nous; Nous ne les faisons descendre que d’après une mesure déterminée » (Coran, Al Hijr, 21).
L’homme, en reconnaissant cette vérité coranique, se trouve tout à coup en présence d’une perfection et d’une beauté infinies qui l’entoure de toute part, sans le moindre manque. Alors, oubliant toute perfection et toute beauté, jusqu’à son propre « moi », qui est lui aussi un signe parmi d’autres, il s’éprend du seul Dieu: « … Les croyants sont les plus zélés dans l’amour de Dieu… » (Coran, La Vache, 160).
Ici il abandonne sa volonté propre et indépendante et se livre au Dieu Très-Haut, comme l’exige tout véritable amour. Il se confie à l’Autorité absolue du Seigneur; c’est ainsi que Dieu déclare: « Dieu est le Maître des croyants » (Coran, La Famille d’Imran, 68). Comme II Ta promis, Dieu Lui-même guide le croyant: « Dieu est le Maître des croyants: II les fait sortir des ténèbres vers la Lumière » (Coran, La Vache, 258).
De plus, suivant le verset 122 de la sourate Les Troupeaux: « Celui qui était mort, que Nous avons ressuscité et à qui Nous avons remis une lumière, pour se diriger au milieu des hommes… » et le verset 22 de la sourate La Discussion: « Dieu a inscrit la foi dans leurs cœurs, et II les a fortifiés par un Esprit émanant de Lui… ».
Le Seigneur leur accorde un autre esprit, une autre vie, une lumière – la faculté de voir les vraies réalités – pour qu’ils discernent la voie d’une vie heureuse dans la société.
Dans un autre verset. II précise la manière d’acquérir cette lumière, en disant: « … Craignez Dieu! Croyez en Son Prophète pour que Dieu vous donne une double part de Sa miséricorde, et la Lumière pour vous conduire… » (Coran, Le Fer, 28).
Dans d’autres versets, Dieu commande de croire au Prophète en Lui obéissant: « Dis: Suivez-moi, si vous aimez Dieu; Dieu vous aimera et vous pardonnera vos péchés… » (Coran, La Famille d’Imran, 31).
Il parle encore de cette soumission au Prophète, dans un autre verset: « Ceux qui suivent l’Envoyé, le Prophète gentil, que ces gens-là trouvent mentionné chez eux dans la Tora et l’Evangile. Ceux qui auront cru en lui; ceux qui l’auront soutenu; ceux qui auront suivi la lumière descendue avec lui: voilà ceux qui seront heureux! Il leur ordonne ce qui est convenable; il leur interdit ce qui est blâmable; il déclare licites, pour eux, les excellentes nourritures; il déclare illicite, pour eux, ce qui est détestable; il ôte les liens et les carcans qui pesaient sur eux » (Coran, Al ‘Araf, 157).
Nous trouvons un autre verset encore plus explicite au sujet de l’obéissance, lequel interprète le verset que nous venons de citer: « Acquitte-toi des obligations de la Religion en vrai croyant et selon la nature que Dieu a donnée aux hommes en les créant. Il n’y a pas de changement dans la création de Dieu. Voici la Religion immuable » (Coran, Les Romains, 30).
D’après ce verset, le projet intégral de l’Islam ne consiste en rien d’autre que l’accomplissement des vœux de la création. En d’autres termes, il est l’ensemble des règles et des lois vers lesquelles la création et la nature humaine orientent l’homme. C’est la vie purifiée de toute souillure de l’homme naturel, tel que Dieu le déclare autre part: « Par l’âme et celui qui l’a perfectionnée. Et qui lui a donné le penchant au bien et au mal; celui qui l’a purifiée jouit déjà de la féliciter; celui qui l’a obscurcie est déjà la victime du malheur »
Le Coran est l’unique Livre révélé qui: 1 – considère la vie heureuse de l’homme comme identique à la vie pure et simple de l’homme selon la nature; 2 – à l’inverse de la plupart, voire de toutes les autres voies, qui dissocient la vie religieuse de l’homme de sa vie ordinaire, identifie la vie religieuse à la vie ordinaire, intervient à tous les plans de la vie individuelle et sociale de l’homme, enseigne des préceptes conformes à une conception réaliste (vision du monde, connaissance de Dieu), confie les individus au monde et le monde aux individus et tous deux à Dieu.
Le Coran mentionne de nombreux effets, tant extérieurs que spirituels, pour les saints et les hommes de Dieu, du fait de leur conviction religieuse. Mais ce n’est pas le lieu d’aborder cela ici.